NETTALI.COM - Lors du Forum sur le financement de l'action climat qui s'est tenu mardi 14 npvembre, le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba a exposé la stratégie du Sénégal en réponse aux enjeux et défis du changement climatique. Cette stratégie repose sur quatre axes stratégiques majeurs qui ont été présentés lors de cette importante réunion.

Mardi, le Forum sur le financement de l'action climat a été présidé par le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba. Au cours de cet événement, il a souligné l'importance de l'identification et de l'évaluation des causes et des impacts du changement climatique ainsi que la nécessité de leur financement. Des préoccupations occupent une place centrale dans les initiatives nationales visant à atténuer les effets du changement climatique, notamment en réduisant l'empreinte carbone de l'économie sénégalaise, si on en croit le ministre.

Pour la réalisation de cette vision, quatre axes stratégiques ont été définis. Le premier consiste à mettre en place des mécanismes favorisant et optimisant le financement public de l'adaptation au changement climatique et de son atténuation.

Le second consiste à développer la finance climatique et des financements durables dans le secteur financier afin de renforcer la résilience et promouvoir l'innovation en faveur de l'atténuation dans le secteur privé. Le troisième point porte sur l’intégration des considérations environnementales dans la politique économique. En quatrième lieu, il y a la collaboration avec les partenaires techniques et financiers pour la mise en œuvre et le financement de la stratégie.

Financement public de l’adaptation et de l’atténuation du changement climatique

Les objectifs poursuivis visent à gérer l'économie et les finances publiques en s'adaptant aux effets du changement climatique par une planification rigoureuse des investissements publics et privés ; mobiliser toutes les ressources propres, les financements innovants et les ressources multilatérales et bilatérales pour une stratégie climatique responsable et durable et à tirer les dividendes économiques découlant de la production de biens et services nécessaires pour l'atteinte de l'objectif net zéro.

Mamadou Moustapha Ba note que la réalisation de cette approche stratégique se traduit à travers plusieurs initiatives, notamment l’élaboration de la contribution déterminée au niveau national (CDN) et plus récemment le budget vert.

Annexe de la loi de finances de 2024, il consiste en une double approche de politique fiscale et d’allocation budgétaire sensibles aux changements climatiques. Dans ce cadre, la politique fiscale se traduit dans le budget vert par des crédits, des déductions et réductions d’impôt pour les entreprises contribuant à la préservation de l’environnement, mais aussi par la mise en place des taxes spécifiques sur les biens ou matières néfastes à l’environnement.

Concernant la politique d'allocation budgétaire sensible au change- ment climatique, Mamadou Moustapha Ba a souligné qu'un besoin de près de 100 milliards F CFA est nécessaire pour les projets d'atténuation et d'adaptation dans les secteurs de l'élevage, de l'environnement, de la pêche, de l'agriculture et du trans- port (transport en commun, projets de Bus Rapid Transit et Train express régional).

L'intégration du climat dans le processus budgétaire est également une priorité pour l'État du Sénégal, selon le ministre.

En effet, Mamadou Moustapha Ba informe que les plans stratégiques de développement (PSD) sont en cours de révision afin de prendre en compte l'aspect climatique dans tous les projets d'investissement. Il pré- cise que cette condition fait partie des critères pris en compte lors des évaluations ex-ante et ex-post des projets.

En octobre 2023, le gouvernement sénégalais a adopté un décret régissant le cadre général de gestion des investissements publics, renforçant ainsi le dispositif de gestion des investissements publics (GIP) d'un point de vue normatif. Désormais, tout projet d'investissement dépassant 500 millions F CFA est soumis à une analyse environnementale avant d'être intégré dans le Programme d'investissements prioritaires (PIP).

De plus, lors de la phase de mise en œuvre du projet, un suivi physico- financier est effectué de manière infra-annuelle et annuelle afin de mesurer les résultats obtenus par rapport au plan d'atténuation et d'adaptation au changement climatique.

Enfin, d'après M. Ba, des évaluations ex-post sont effectuées pour déterminer la pertinence des objectifs et le degré de réalisation et l’impact en termes de viabilité et de durabilité relativement à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique.

Financements sur les marchés domestiques, régionaux et internationaux

Relativement à la gestion des risques budgétaires liés au climat, le budget de l’État pour 2024 s’est doté spécifiquement de 30,76 milliards F CFA de “provisions pour risques budgétaires” et d’un fonds de calamité d’un montant de 1,02 milliard F CFA. Dans ce même sillage, Mamadou Moustapha Ba rappelle que le Sénégal est membre de l’African Risk and Capacity (Arc) depuis 2012 et a bénéficié d’un décaissement en 2014, dans le cadre de la souscription à la police sécheresse.

S’agissant de la stratégie sur les marchés de capitaux et marchés bancaires, Mamadou Moustapha Ba note que le Sénégal vient de se doter d’un document-cadre ESG pour ses financements sur les marchés domestiques, régionaux et internationaux. Ce cadre doit permettre de faciliter la lecture des financements et de leur performance, en particulier sur les critères sociaux et environne- mentaux.

Dans ce document de référence, dix priorités sont fixées pour les financements “Useof-Proceeds” dont trois environnementales et deux indicateurs clés pour les financements liés à la performance, dont l’un sur le taux d’électrification dans les zones rurales. "Ce cadre garantit également la cohérence sociale et environnementale des investissements publics. En outre, il permet aux investisseurs d’identifier plus facilement les projets àESG et contribue donc à leur attractivité", souligne Mamadou Moustapha Ba.

Le ministre signale que le docu- ment-cadre ESG n’intègre pas encore les mécanismes de financement des risques de catastrophe. Mais il ras- sure qu’une stratégie de financement de ses aspects est en cours d’élabo- ration, avec l’assistance de la Ban- que mondiale, pour élargir la palette des mécanismes de mobilisation de ressources en faveur du climat.

Développement de la finance climatique et des financements durables dans le secteur financier

L’implication du secteur financier dans la lutte contre le changement climatique et les efforts d’adaptation est devenue plus que nécessaire, compte tenu du niveau de vulnérabilité du Sénégal, d'après le ministre Mamadou Moustapha Ba. Ainsi, le Programme d’assurance et de gestion financière des risques de catastrophe de la Banque mondiale revient sur le contexte assurantiel de l’Afrique et sur les défis soulevés par le change- ment climatique pour le secteur assurantiel dans la couverture de l’agriculture.

L’inclusion de considérations climatiques est en train de devenir une réalité avec la mise en œuvre du Programme national d’éducation financière, selon le ministre. De plus, il estime que le projet de l’élaboration d’une taxonomie verte per- mettra de libérer les capitaux publics et privés en établissant des critères de sélection qui permettent d’évaluer la capacité d’activités économiques à soutenir la transition écologique et climatique. “Ce travail est en cours de réalisation avec le soutien technique et financier de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GiZ).

Un autre chantier de réflexion, et non des moindres, consiste en l’intégration des risques climatiques dans le cadre prudentiel du secteur financier, par l’exploration des mécanismes de facteurs de soutien vert et de facteurs pénalisants”, dit-il.

Intégration des considérations environnementales dans la politique économique

L’intégration des considérations environnementales dans la politique économique est un sacerdoce pour les plus hautes autorités de ce pays”, poursuit le ministre.

Monsieur Ba souligne que le Sénégal a élaboré quatre plans dans le domaine pour les secteurs de l’agriculture, de la santé, des infrastructures routières et des inondations. De plus, l”élabora- tion de trois plans d’adaptation pour les secteurs élevage, biodiversité et tourisme, et ressources en eau est planifiée pour 2024.

Mamadou Moustapha Ba annonce qu’en perspective, “le Sénégal adoptera une nouvelle CDN qui devra refléter l'ambition climatique renfor- cée de sa nouvelle stratégie énergé- tique visant 40 % du mix électrique d’ici 2030 à travers la promotion des énergies propres, clairement décli- née dans la lettre de politique du développement du secteur de l’énergie (LPDSE 2024-2028)”.

En outre, il renseigne qu’une vision et une feuille de route pour une stratégie de long terme de développement à faible émission de gaz à effet de serre (SLT) sont en cours d’élaboration.

Avec l’élaboration du Pap ajusté et accéléré (Pap 2A), le PSE vert a été développé pour apporter des réponses pratiques à la problématique de la gestion de l’environnement, des ressources naturelles et de l’économie verte dans six secteurs clés”, renseigne Mamadou Moustapha Ba qui annonce que le besoin de finance- ment de ce programme est estimé à 355,7 milliards F CFA, dont 340,5 milliards de coût des projets.