NETTALI.COM - Alors que la vague des départs s’intensifie, l’agence européenne de surveillance et de sécurisation des frontières vient de publier un tableau qui démontre que les migrants sénégalais sont loin derrière le top 10 des nationalités qui empruntent la Méditerranée centrale.

Pour enrayer la vague de départs, le gouvernement sénégalais avait mis en place, en juillet dernier, un plan de lutte contre l’émigration irrégulière. Entre autres points, celui-ci doit permettre pour les dix années à venir un renforcement de l’accès à l’éducation et à la formation, et un soutien à l’entrepreneuriat pour la création d’emplois. L'objectif annoncé étant de "réduire drastiquement le phénomène à l'horizon 2033. Les chiffres parlent encore mieux de l’urgence de la situation. Entre le 23 août et le 7 septembre, les autorités sénégalaises auraient procédé, selon l’Oim (Organisation internationale pour les migrations), au sauvetage de 1 115 candidats à l'exil. Sans compter les drames survenus pour Fass Boye (63 personnes mortes en mer) et Rufisque (13 candidats). Pourtant, même si les départs ne connaissent aucun répit notamment dans les zones de Ziguinchor, Fatick, Thiès, Dakar et Saint-Louis, un graphique publié le mois de septembre dernier par Frontex démontre que le Sénégal est bien loin de figurer au peloton de tête des migrants irréguliers à destination de l’Union européenne.

La Guinée, la Côte d’Ivoire et l’Egypte, trio de tête des départs par la Méditerranée centrale

Ils sont 231 900 migrants irréguliers à avoir franchi de janvier à août 2023 les portes de l’Europe, selon les données de Frontex, l’agence européenne de surveillance et de sécurisation des frontières qui enregistre les entrées irrégulières. En constante hausse depuis 2019, la migration vers l’Italie touche principalement les nord et ouest africains. Entre janvier et juillet, plus de la moitié des migrants irréguliers recensés (56,7 %) proviennent d’Afrique subsaharienne. En tête des départs, la Guinée représente 14, 1 % des statistiques, soit 12 591 entrées. Suivie de près par la Côte d’Ivoire et l’Egypte avec respectivement 12 220 et 7949 personnes recensées. La Tunisie, le Bangladesh, le Pakistan, le Burkina Faso, la Syrie, le Cameroun complètent un tableau fermé par le Mali à la 10e place avec près de 3500 irréguliers. Toutes ces personnes à la recherche d’une vie meilleure ont choisi la route de la Méditerranée centrale qui part de la Tunisie et de la Libye Centrale pour rejoindre l’Italie. Selon Frontex qui a observé un net regain d’activité, cette voie maritime est redevenue la première porte d’entrée dans l’Europe, alors même qu’elle est la plus dangereuse avec plus de 1800 morts ou disparus depuis le début de l’année 2023. Sur les trois routes migratoires les plus fréquentées, seuls 1 147 Sénégalais ont choisi la Méditerranée centrale. La majorité ayant préféré tenter sa chance par la route qui relie les pays de l’Ouest aux Îles Canaries en Espagne.

Les Sénégalais et la route de l’Afrique de l’ouest

En 2017, les ressortissants sénégalais figuraient à la dixième place au classement des nationalités le plus souvent signalées lors des arrivées en Italie et représentaient 5% des arrivées dans le pays, contre 1% seulement des arrivées en Espagne. Une tendance qui a commencé à s’inverser dès l’année suivante. Les migrants sénégalais arrivés en Espagne en 2018 étaient quatre fois plus élevés et dans le même temps, leur nombre a décru en Italie. Les tendances se sont confirmées l’année d’après, indiquant qu’ils avaient clairement décidé de délaisser la dangereuse route de la Méditerranée centrale. Entre janvier et juillet 2023, le suivi Frontex a détecté 3 645 migrants sénégalais arrivés en Europe par trois routes. En majorité, les ressortissants sénégalais ont voyagé par la route de l’Afrique de l’Ouest. Ils sont 2400 à avoir pris cette voie, contre 1147 par la Méditerranée centrale, le reste ayant préféré la Méditerranée occidentale. Un itinéraire confirmé par l’Oim qui situe le pic des départs entre mai et juin, une période qui a enregistré la sortie de 21 embarcations des côtés sénégalaises. Soit 20 départs de plus que la période de mars à avril.