CONTRIBUTION - Le privilège de l’âge et le respect que tu me portes m’inclinent à t’envoyer cette lettre ouverte que le peuple sénégalais pourrait t’adresser afin que tu reviennes à l’usage des méthodes classiques dans ton combat politique. Je te demande de mettre fin à la grève de la faim que tu as initiée pour dénoncer, à ta manière, l’injustice et ce que tu considères comme le fait du prince.
 
En une décennie, mon cher Ousmane, tu as emprunté le chemin difficile, persuadé que difficile est le chemin, comme disait un fils illustre du Sénégal, Abdou Diouf, qui a présidé à nos destinées pendant deux décennies. Rien ne t’a été donné et tu as tout obtenu au prix fort. Tout a été combat dans l’arène politique que tu as choisie comme dans un appel qui dépasse ta propre personne. Tu es devenu une icône de la lutte pour un monde meilleur, pour nos compatriotes et tu es considéré comme un exemple pour cette génération ainsi qu’un modèle pour celles qui montent.
 
Mon cher Ousmane
 
Tu es un symbole accompli de nos vertus cardinales sénégalaises d’abnégation, d’honnêteté, d’intégrité et de dignité connues sous le vocable JOM en Ouolof. Elles refusent tout abaissement moral et toute compromission. Elles signifient courage et fidélité à soi. Elles ont inspiré la détermination d’illustres devanciers issus du monde politique, religieux ou coutumier dans leur combat pour l’indépendance du Sénégal. Ils ont eu à subir les humiliations, les injustices et autres exactions du pouvoir de leur époque, sans fléchir ni renoncer à leur raison de vivre et d’espérer. Pense à Nelson Mandela dont tu me rappelles le courage et la détermination.
 
Ces mêmes valeurs nourrissent ta détermination et devraient te conduire à préserver une vie que tu as désormais confiée et même offerte au peuple sénégalais. Donc elle ne t’appartient plus et tous ceux qui ont foi en l’avenir de ce pays te conjurent de mettre fin à la grève de la faim que tu as initiée pour protester contre ce que tu considères comme l’exemple achevé de l’arbitraire, de l’injustice et du fait du prince.
 
Mon cher Ousmane
 
Ton combat est partagé par une jeunesse vibrante qui a montré à chaque instant son adhésion totale à ta personne mais surtout aux idéaux que tu as su incarner avec une constance qui n’a jamais vacillé. Elle a besoin de toi et ne comprendrait pas que tu baisses les bras au moment où les fruits de plus de dix ans de combat sont visibles à l’horizon.
 
En quelques années seulement, ton nom et tes hauts faits commencent à entrer dans l’histoire de notre pays et tu ne saurais arrêter le cours de cette histoire car des milliers et des milliers de jeunes te regardent et rêvent de marcher sur tes sillons.
 

Hier j’ai écouté le message que sa sainteté le pape François, a adressé à la jeunesse du monde j’en ai apprécié la pertinence ou plutôt les pertinences.

Or donc, malgré le poids de l’âge et de la maladie voici ce que ce grand sage parmi les sages vous dit : vous pouvez avoir des défauts, être anxieux et même être en colère, mais n’oublier pas que votre vie est la plus grande entreprise du monde.

 
Encore une fois, tu n’es plus à toi et tu pourras mieux servir le peuple et ceux qui croient en toi en pleine possession de tous tes moyens physiques et psychologiques. Pour eux et pour le peuple sénégalais, je te conjure d’arrêter cette grève de la faim et d’utiliser les armes politiques et les moyens légaux appropriés pour matérialiser tes objectifs. Ces moyens existent et ils sont à ta portée. C’est une preuve de courage, de générosité et donc de leadership.
 
Au demeurant, la sourate 2 : verset 195 du Coran
 
« Et dépensez dans le sentier d’Allah. Et nous jetez pas par vos propres mains dans la destruction. Et faites le bien. Car Allah aime bienfaisants ».
 
J’ai été rendre visite à tes deux épouses, elles vont te préparer un Caldou de mouton. Te connaissant tu vas tout vouloir partager avec d’autres codétenus, mais Nii leen nagnou am touti xel – gnou baïla nga lek bu baax
 
Tonton Pierre Atépa Goudiaby