NETTALI.COM- L’Etat du Sénégal veut en finir avec les violences notées depuis la condamnation d’Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse dans l’affaire Sweet Beauté. Selon le ministre de la Justice, même si l’Etat a décidé d’ouvrir une information contre X dès la semaine prochaine, il reste ouvert au dialogue. 

Va-t-on vers la décrispation avec plusieurs jours de violences marqués par des pillages de biens publics et privés et des morts? Dans tous les cas, à en croire le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, « maintenant, l’Etat reste ouvert au dialogue ».

Néanmoins, il a fait savoir que les actes de violences ne seront pas impunies. Comme les évènements de mars 2021, une information judiciaire sera ouverte. « On va ouvrir dès la semaine prochaine une information contre X. On dit information judiciaire, c’est pour déclencher une enquête non pas administrative mais une enquête judiciaire pour la manifestation de la vérité. Pour le moment, on est au stade de l’information judiciaire », a informé  le professeur Ismaïla Madior Fall à l’émission Jury du dimanche de Iradio.

Par ailleurs, le ministre de la Justice a déploré les violences et affirme que le Sénégal est un pays de démocratie et non de dictature. « Quand c’est la dictature, vous prenez les gens vous les mettez en prison et il n’y a pas de problème. Mais quand vous êtes une démocratie, il y'a forcément une tension. C’est dans une démocratie comme le Sénégal qu’un opposant peut se lever, appeler à l’insurrection, appeler les jeunes à déloger le président de la République et rentrer tranquillement le soir chez lui. Ce n’est pas possible dans une dictature », argue-t-il.

Aussi explique-t-il que plusieurs personnes ont été arrêtées pour appel à l’insurrection parce que l’Etat essaye de faire la part des choses. « Quand vous êtes dans une démocratie, vous essayez aussi de gérer la situation. Ce qui se passe aujourd’hui, ce sont des tensions inhérentes à la démocratie », tempère le Garde des Sceaux.

Poursuivant dans sa volonté de justifier les arrestations, le ministre soutient que la riposte, est que l’Etat doit être debout et  faire face. Parce que, se désole-t-il, « la plupart des manifestants comme on l’a vu sur le terrain ce sont des pilleurs. Le discours n’est pas un discours politique. Les mobiles ne sont pas toujours des mobiles politiques. On a assisté à des scènes de pillage des biens appartenant à l’Etat, pillage des biens appartenant à des privés. La  majeure partie des manifestants que nous avons vue, ce sont des enfants qui n’ont même pas le droit de vote ».

Ainsi pour le professeur Fall, « quand on est dans une démocratie comme le Sénégal il y’a quelque chose qui n’est pas discutable : c’est l’autorité de l’Etat ». d'où, d’après son argumentaire, la décision de l’Etat de restreindre les réseaux sociaux. « Il y a une multiplication excessive des appels à l’insurrection à la fois dans les médias traditionnels, dans la rue, dans les espaces publics mais aussi et surtout sur les réseaux sociaux. C’est pour cela qu’il y’a une décision administrative qui a été prise de ralentir les réseaux sociaux. Les renseignements de l’Etat ont travaillé et il y’a des centaines de personnes qui ont été arrêtées. Mais il peut, dans ces situations, arriver des débordements qui obligent l’Etat à se réorganiser pour maîtriser la situation », a renseigné le ministre.

Par ailleurs, sur l’image des forces de l’ordre qui tiennent des enfants comme boucliers, Ismaila Madior Fall indique que si ça existe, il faut le condamner. « C’est déplorable et si ça arrive, les services administratifs des forces de défense et de sécurité feront le travail qu’il faut. Si c’est avéré il y’aura des enquêtes administratives », énonce-t-il.

Sur les cas d’arrestations, il tient à éclaircir « généralement quand on arrête on fait un tri. Souvent les mineurs, on appelle leur civilement responsable et ils sont libérés. Les autres, on les traduit à la plus prochaine audience, c’est-à-dire en flagrants délits. Ceux qui sont impliqués dans la fabrication de cocktails Molotov, qui sont dans des entreprises ou des associations de malfaiteurs menaçant la stabilité de l'Etat, ce sont des gens qui sont amenés à l’information judiciaire. On confie leurs dossiers à un juge d’instruction et on vise les articles qui les incriminent et avec un mandat de dépôt on les met en prison pour les besoins d’une information judiciaire. Malgré les appels à l'insurrection, le climat n’est pas insurrectionnel. Le peuple sénégalais n’est pas un peuple insurrectionnel », explique M. Fall.