NETTALI.COM - Pour rester sur la condamnation de Nicolas Sarkozy qui dénonce le "combat politique" de "certains magistrats", notons quand même que le 14 janvier 2009, Sophie Clément était juge d’instruction au pôle financier. Elle s’était alors exprimée dans "Le Monde" pour critiquer, non pas Nicolas Sarkozy, mais le contenu de la réforme de la justice que le chef de l’Etat venait d’annoncer. Celle-ci prévoyait la suppression du juge d’instruction, inamovible et indépendant, pour confier au seul parquet, qui répond du ministère de la justice, la responsabilité de mener les enquêtes judiciaires.

Tout en reconnaissant que “le juge peut être excessif, se tromper”, Sophie Clément critiquait alors, comme d’autres magistrats, un projet de loi susceptible de remettre en cause l’indépendance de la justice. "Avec le système préconisé par Nicolas Sarkozy, l’affaire du sang contaminé n’aurait pas existé, l’affaire Elf non plus. Il n’y aurait plus de constitution de partie civile, cette procédure qui a donné naissance à la plupart des affaires politico-financières. Il faudrait que le parquet soit masochiste et schizophrène pour lancer des poursuites qui pourraient nuire à la raison d’Etat”, affirmait-elle à l’époque, défendant un point de vue partagé par d’autres juges d’instruction témoignant dans le même article.

Face au tollé, la réforme avait finalement été abandonnée avant la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Outre sa condamnation à trois ans de prison, dont un an ferme, l’ancien président de la République a été privé, mercredi, de ses droits civiques pour trois ans. Le pourvoi en cassation annoncé par Nicolas Sarkozy est suspensif de toutes les décisions prises par la cour d’appel.