NETTALI.COM- Le syndicaliste de la santé, El Hadj Abdoulaye Ndione, risque une peine d’emprisonnement ferme de deux ans. Le coordonnateur du collectif pour la défense de l’hôpital Aristide le Dantec a porté de fausses nouvelles sur la police nationale en l’accusant d’avoir tué 28 personnes et outragé le Général Moussa Fall dans l’exercice de ses fonctions. Le syndicaliste en prison depuis près de quatre mois a fait son mea culpa devant le tribunal correctionnel de Dakar.
El Hadj Abdoulaye Dione a confondu ses prérogatives syndicales avec ses passions politiques. Cet agent administratif, par ailleurs secrétaire général du Syndicat démocratique de la santé et de l’action sociale (SDT3S), s’en est pris à la police nationale et au Général Moussa Fall. Il a publié dans un groupe WhatsApp une liste de 28 personnes en soutenant qu’ils ont été toutes tuées par la police. Dans un autre message, il y a mis la photo du Général Fall présenté comme un « délinquant de la République, capable de tuer pour ses propres intérêts. »
Des actes qu’il a amèrement regrettés face aux juges. Le syndicaliste, doux comme un agneau, a commencé par tresser des lauriers aux forces de défense et de sécurité. « Sincèrement, je regrette ce que j’ai fait. Devant vous, je réaffirme mon admiration aux forces de l’ordre. Je regrette même de n'avoir pas fait le service militaire », dit-il pour se tirer d’affaire.
Après ses excuses, il a soutenu qu’il n’est pas l’auteur des messages mais, il les a juste partagés dans le groupe, après les avoir trouvés sur la toile.
Le juge lui signifie que cela ne le disculpe pas et lui rappelle que le nombre officiel des victimes des événements de 2021 est de 14, au lieu de 28. « Saviez-vous que vous risquez de créer un sentiment de dédain ? On est dans une république, on ne peut pas tout se permettre », poursuit le président. Pour se justifier, le sieur Dione soutient qu’il voulait en tant que syndicaliste, manifester sa compassion à l’endroit des victimes de mars 2021.
Le représentant du parquet a trouvé trop facile qu'il se mette à vanter les mérites de la police plutôt que de s'expliquer sur ses motivations. Dans son réquisitoire, il a déploré l’attitude du syndicaliste. « Nous avons fait le constat amer de voir des individus véreux écorner l'image des autorités et jeter le discrédit sur les institutions. Il a diffusé des images. Il s'en prend au général Moussa Fall », a fulminé le parquetier avant d’inviter le tribunal « à ne pas se laisser attendrir par la mine triste du syndicaliste », qui, selon lui, « cherche à s'extraire de la loi. » Or, dit-il, « il a fini de démontrer que c'est un individu dangereux et qu’il faut le mettre hors d'état de nuire ». Pour cela, il a demandé que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur, notamment en lui infligeant la peine maximale de 2 ans d’emprisonnement ferme.
Le syndicaliste sermonné par ses avocats
Les avocats de la défense n’ont pas manqué de bien sermonner leur client. De l’avis de Me Babacar Ndiaye, le syndicaliste est victime de sa passion pour les débats idéologiques. « Nous vivons dans un monde virtuel. Certains émettent des idées que certains reprennent sans vérifier. Dione est victime de cette passion dans ce débat idéologique en cours. Il y a lieu de faire prudence. Il est une personne avertie. Malheureusement, il est tombé dans le piège de la passion. Il a fait amende honorable, parce qu'il regrette et il a subi les rigueurs carcérales », a plaidé l’avocat.
Me Abdourahmane So a reproché à El. H. Abdoulaye Dione de confondre politique et syndicalisme. « Il faudrait que les amalgames cessent. C’est trop facile de reproduire et de partager. Je ne partage pas son acte. Le syndicalisme, c'est en rapport avec les activités professionnelles et la défense des travailleurs. Ce n'est pas une excuse », assène-t-il.
Toutefois, il estime que son client ne devait même pas faire un jour en prison. « C'est une détention arbitraire. Car on n'est pas dans le cadre de moyen de diffusion publique mais c’était dans un groupe WhatsApp. Il faut retenir l’outrage non public dont la sanction ne dépasse pas trois mois ferme », argue Lénine avant de formuler une demande de mise en liberté provisoire pour mettre à son client de passer la korité avec sa famille.
Le tribunal a rejeté sa demande et renvoyé le délibéré au 4 mai 2023.