CONTRIBUTION - Dans chaque pays, les valeurs sont adossées à son histoire, ses traditions et ses religions. Dans un pays comme la France où la laïcité est portée en bandoulière, beaucoup de femmes et d’hommes politiques défendent l’idée que la France est une terre chrétienne. Il faut constater que la révolution, malgré la répression violente, n’a pas pu éradiquer le sentiment et la culture religieuse. Même si les révolutionnaires d’alors avaient cru avoir réussi à sortir provisoirement les manifestations religieuses et les faits religieux de l’espace publique, force est de constater que chaque jour, la religion ressurgit dans la vie quotidienne.

Les mairies sont de plus en plus obligées de refléter le sentiment populaire au détriment de la laïcité constitutionnelle : arbres de Noël, crèches, etc. Dans un pays comme le Sénégal, un pays de croyants, un pays où chaque Sénégalaise et chaque Sénégalais vit sa religion. La religion est publique, dans tout l’espace publique, dans l’administration, dans les faits et gestes de toutes les autorités.

Musulmans ou chrétiens, puristes ou empreints de religions ancestrales, les Sénégalais sont enracinés dans leurs religions et s’en réclament. Adossés à leurs convictions religieuses, ils ont su forger une culture de tolérance admirable qui dépasse la coexistence harmonieuse des religions. Notre vivre-ensemble sénégalais est fortement façonné par nos croyances religieuses, nos traditions ancestrales, nos valeurs cardinales de culture. Les corsets étrangers comme la laïcité ont pu imposer une école extravertie formant des enfants dans une culture et des valeurs qui nous sont étrangères, apporter des comportements et des attitudes à l’opposé de ce que nous sommes. Malheureusement sur ce substrat fertile, les effluves maléfiques des réseaux sociaux et les antivaleurs transportées par certains médias, gagnent les maillons faibles de notre société.

Lorsque les autorités politiques ont perdu toute crédibilité, le danger mortel pour notre société est d’ôter toute crédibilité aux autorités religieuses qui demeurent les derniers remparts de notre société. Continuons solidement enracinés dans nos religions, leurs valeurs, les enseignements des fondateurs de nos confréries, de nos érudits religieux, de nos érudits, de pratiquer les bonnes manières, la consolidation de nos relations sociales, le refus de l’injustice, de l’iniquité et à pratiquer les vertus de la morale et de l’éthique fondées sur notre meilleur héritage culturel. La paix se construit solidairement. Elle est le produit de la conjonction de volontés communes fondées sur une égale conviction de l’intérêt national qui transcende les oppositions politiques. Nos chefs religieux ont beaucoup contribué à pacifier l’espace politique et social sénégalais.

Combien de syndicalistes ont rendu visite à nos Chefs religieux pour obtenir leur intercession auprès des autorités gouvernementales dans la résolution de conflits sociaux. Combien de Sénégalais attendent que s’élève la parole salutaire des autorités religieuses ou la manifestation de leur action salvatrice lorsque le pays traverse des situations à risque.

Prions Dieu qu’Il garde en très bonne santé toutes nos autorités religieuses, musulmanes et chrétiennes.

Mary Teuw NIANE