NETTALI.COM- Prononçant le discours d’usage de la rentrée des Cours et Tribunaux, le conseiller référendaire à la Cour suprême, El Hadji Birame Faye dénonce l’accueil dans certaines structures sanitaires.

« Protection des usagers dans le système de santé publique » ! Tel est le thème de l’audience solennelle de la rentrée des Cours et Tribunaux pour l’année judiciaire 2022-2023. Il a été présidé par le Chef de l’Etat de la République, Macky Sall. Le discours d’usage a été prononcé par le conseiller référendaire à la Cour suprême, El Hadji Birame Faye. Ce dernier a passé au peigne fin les maux qui gangrènent le système sanitaire au Sénégal. « L’essence d’un bon système de santé, c’est l’humanisme. L’accueil austère et désorganisé des usagers des établissements publics de santé au Sénégal, où, il est rare de trouver une personne empathique. Pour sa part, le médecin, dans l’exercice de son métier, doit s’abstenir de toute différenciation et limiter au nécessaire ses prescriptions et ses actes, même envers celui qui bénéficie d’une prise en charge confortable. Il faut le dire, dans certaines proportions, c’est une forme de discrimination que de prescrire un traitement en tenant compte de la catégorie sociale. D’une manière générale, il faut gommer toute forme d’exclusion ou de stigmatisation dans la prise en charge médicale, notamment l’aversion tant décriée envers la parturiente célibataire ou de statut social modeste », a-t-il expliqué.

Poursuivant, il a fait part des difficultés auxquelles certaines populations sont confrontées pour se soigner. A l’en croire, pour les habitants de certaines localités, rallier une structure de santé est un calvaire, tandis que le recours à l’expertise étrangère demeure une alternative réservée à une poignée de privilégiés. Lesquels ont les moyens ou la chance de bénéficier de la générosité publique, encore que ce soit peine perdue dans certaines situations d’urgence. « L’évacuation sanitaire vers des destinations où une bonne partie de leurs spécialistes a été formée dans nos facultés est affligeante, mais pas autant que les décès avant d’atteindre le lieu des soins. Densifier et relever les plateaux techniques est donc une nécessité », indique-t-il.

D’après le magistrat, le Sénégal est encore loin d’atteindre le ratio personnel de santé par habitant et, le nombre de médecins, qui plus est pour certaines spécialités, est excessivement faible. Ce, regrette-t-il, sans compter la répartition inégalitaire des ressources humaines sur le territoire national et même entre le public et le privé. A cet effet, signale-t-il : « à cause du sous-effectif, la charge de travail supportée par le corps médical est humainement insoutenable, et cela est source de beaucoup d’erreurs. A cet égard, l’on ne peut manquer de relever ce paradoxe saisissant. Beaucoup de médecins ou autres professionnels de la santé sont au chômage. Et si nos universités offrent des spécialisations dans divers domaines de la médecine, elles accueillent rarement des médecins sénégalais, qui hormis le peu qui bénéficie d’une bourse publique, sont contraints d’y renoncer faute de moyens ».

A son avis, le gouvernement a entrepris de corriger l’iniquité dans la cartographie sanitaire à travers plusieurs plans stratégiques. Malgré cela, il pense que des efforts financiers supplémentaires sont souhaitables car bien qu’en constante augmentation, le budget du ministère de la santé et de l’action sociale demeure inférieur au seuil (15%) du budget de l’Etat qui est préconisé. « Des mesures incitatives pourraient encourager et motiver le déploiement de personnel dans les zones éloignées. Et pour valoriser toutes les ressources y compris celles du privé, il serait bienvenu de s’inspirer de la réglementation sur l’installation des officines de pharmacies », dit-il.