CONTRIBUTION - Les incidents graves, inadmissibles et inqualifiables qui se sont déroulés récemment à l’Assemblée Nationale du Sénégal, sont le signe de la faillite d'un mode de choix des candidats à la représentation nationale, d'une part. Et de l'autre, ils mettent à jour l’absence du champ politique de ceux qui seraient les plus aptes à construire et à mener un débat républicain, respectueux des règles et des formes, tout en restant intransigeant sur les valeurs et les principes.

Car, à y regarder de près, les parlementaires qui exercent leur fonction avec assiduité, rigueur, science et conscience, sont minoritaires au parlement sénégalais. Je ne vais pas pousser le bouchon au point de lister ceux qui, au fil de nos écrans, assurent leur rôle avec mesure et rigueur. Ils et elles sont connus. Tant du côté du pouvoir que de celui de l’opposition. Et ce serait une entreprise vaine et périlleuse, sans valeur ajoutée notable de les lister ici.

Non ! Sur le cas présent il n’y a pas de frontière partisane ou idéologique qui tienne. Il y’a l’urgence à restaurer un mur étanche entre la bêtise malfaisante et la courtoisie constructive. Et d’abord se demander, si le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale est incapable de rappeler à l’ordre et à sanctionner le cas échéant des comportements irresponsables ? Il va falloir alors l’adapter aux temps actuels qui semblent propices à l’outrance verbale et à la démesure. Et c’est sous ce rapport que j’interpelle, à titre amical et personnel, Monsieur Oumar Youm, Président du Groupe parlementaire de BBY et son collègue Biram Souley Diop Président du Groupe parlementaire Yewwi Askan Wi. Je crois pouvoir leur demander de s’entourer de quelques hommes et femmes d’expérience, hors des clivages politiciens, pour ramener de la sérénité et de la dignité au Parlement sénégalais. Car nous sommes bien mal partis ! Et je ne crois pas que les citoyens sénégalais puissent supporter, pendant 5 longues années encore, une atmosphère si délétère, et par-dessus tout violente, avec ses effets contagieux sur notre tissu social.

L’heure est grave ! Lorsque l’on voit les lignes de fracture qui se dessinent, les muscles qui se bandent de part et d’autre, les femmes qui s’apprêtent à se crêper le chignon au prétexte d’un incident tout simplement bête et méchant, on doit se donner les moyens de prévenir l’irréparable !

Entendons-nous bien : autant la provocation de la dame était irresponsable, autant la réaction du parlementaire qui a marché vers elle et lui a asséné une gifle est excessive, disproportionnée et inadmissible. Quant à parler du coup de pied au ventre d’une femme au sol par un député … Cela est au dessus de mes forces !

Ce constat fait, et dans de pareilles circonstances, il faut retenir ceux qui seraient tentés d’exploiter, à des fins de politique politicienne, cet événement malheureux et incongru qui nous remplit tous de honte. De rage et de tristesse !

Aux Présidents de Groupe de jouer leurs partitions ! Aux honorables qui nous restent de nous prouver qu’ils méritent ce qualificatif afin de sauver l’honneur et de refuser la tyrannie de la bêtise, le triomphe de la méchanceté !

Lorsque l’on revisite l’Histoire du parlement sénégalais du Président Lamine GUEYE à nos jours on ne peut que constater, désolés, que les temps changent. De mal en pis !

Quel sursaut salvateur pour l’avenir de nos enfants ?

Il se fait tard !

Amadou Tidiane WONE