CONTRIBUTION - Quand retentit dans nos mémoires la devise de l’armée sénégalaise : « on nous tue mais on ne nous déshonore pas ! », le seul mot qui peut surgir de nos cœurs pour rencontrer un tel serment est « Respect ! ». Respect pour ceux qui ne dorment pas pour que nous dormions. Respect pour ceux qui veillent sur nos rêves au risque de leur vie. Traiter ceux-là de soldats stipendiés par la France, c’est faire injure à leur serment et porter atteinte à l’honneur de la République au nom de laquelle ils sont mobilisés.

Mais comment s’en étonner quand celui qui prend une telle liberté laisse son honneur bafoué par une jeune fille de l’âge de sa propre fille, quand pour se soustraire à la justice, sans essuyer cette balafre de la joue de son honneur, on appelle les enfants pour se protéger, au prix de leur vie, de quatorze vies, celui-là ne connaît pas le sens de l’honneur. Et quand bien même il aura préservé son corps de la contrainte, son honneur ne sera pas sauf de l’indignité, le sang des enfants maculant son honneur à jamais.

Quand le sens de l’honneur ne l’aura pas arrêté à la porte du foyer où sont laissés enfants et épouses dignes dans leur innocente solitude, ni sur le seuil de ce salon de plaisirs et non de thérapie des corps, et que le sens de l’honneur de sa fonction ne l’aura pas dissuadé sous ce couvre-feu Covid, on aura rendu indélébile la salissure sur son nom.

Quand a été jetée la meute sur les ´Auchan’, les ´Total’, pillés et saccagés, au cri rageur de « France dégage ! », sur les tribunaux, préfectures et gendarmeries lapidés, sur les organes de presse, maisons d’avocat et sièges de parti incendiés, les véhicules caillassés, le petit commerce et les emplois envolés, le sens de l’honneur du commanditaire aura été flétri.

Quand les bordées d’injures et de menaces de mort par vagues ont envahi les salles de rédaction faisant frémir la gent de communicateurs, les micros ont grincé, les plumes ont crissé sur le papier rassis, le sens de l’honneur pourri de l’intérieur a trébuché ; et quand les vagues de terreur ont déferlé sur les amphis, les professeurs ont tremblé et leur science vacillé dans l’obscurantisme.

Quand, ivre d’angoisse, on aura porté accusation contre le chef de l’État pour son prétendu désamour de la Casamance et qu’on aura déposé plainte contre son propre pays devant la Cour Pénale Internationale pour discrimination contre une partie de son peuple, on aura atteint les frontières de l’indignité et brûlé à jamais le sens de l’honneur qui s’attache à l’âme du patriote véritable.

Quand les nouveaux types de députés ont pris d’assaut le parlement, l’invective et l’injure à la bouche, les murs de l’hémicycle ont gémi de honte, les micros arrachés ont eu un rot d’indignation, le mobilier a cédé sous les coups de sabots des béliers fous, pendant que les bulletins jonchant le sol sont déchirés, piétinés, et que l’urne a failli être écrasée, l’honneur des honorables s’est effondré.

Quand, porté par la clameur, on proclame urbi et orbi son ambition de devenir le Président de ce pays diffamé, habillé d’honneur balafré, d’honneur souillé du sang innocent des enfants, laissez-moi dire simplement au nom de l’honneur qui s’attache à la fonction convoitée, qu’il lave d’abord son honneur de cette infamie qui lui colle à la peau et qui fait tache sur le front de son honneur ! Qu’il se lave d’abord de ce sang des enfants immolés sur l’autel de la lâcheté !

Quand ce sera fait, et seulement après que ce sera fait, il pourra mériter mon respect pour prétendre me diriger, pour prétendre présider à la destinée des miens.
Quand ce sera fait, et seulement après que ce sera fait, il pourra mériter le respect des filles qui vivent la hantise des violences quotidiennes exercées sur elles.
Quand ce sera fait, et seulement après que ce sera fait, il pourra mériter le respect des parents encore éplorés d’avoir perdu à jamais leurs enfants.
Quand ce sera fait, et seulement après que ce sera fait, il pourra mériter le respect des magistrats outragés, menacés par lui et ses talibans.
Quand ce sera fait, et seulement après que ce sera fait, il pourra mériter le respect des forces de défense et de sécurité offensées par ses injures.
Quand ce sera fait, et seulement après que ce sera fait, il pourra mériter le respect de tous les sénégalais qu’il a eu l’outrecuidance de traîner devant la CPI au ban des nations ségrégationnistes pour les ravaler au rang de petites gens à l’esprit étriqué.

Quand je clame ma soif du sens de l’honneur c’est pour que soit sauf l’honneur de mon peuple, que ne se perde, dans mon pays, le sens de l’honneur qui inspire le respect !…

El Hadji Momar SAMBE
SG Rta-S