NETTALI.COM- Grosse colère de prévenus et de leurs proches présents à l'audience de la deuxième chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Dakar. Ces derniers sont frustrés par la prolongation de la détention préventive à cause des longs renvois. L'avocat Me Amadou Aly Kane plaide pour des réformes et interpelle les nouveaux députés. 

D'après Me Amadou Aly Kane,  des prévenus qui comparaissaient ce matin du Jeudi 22 Septembre 2022 devant le tribunal de grande instance en formation correctionnelle, ont pété les plombs.  De même que leurs proches venus assister à leur jugement. La raison, explique l'avocat sur sa page Facebook, " le 28 Juillet dernier, le tribunal leur avait octroyé la liberté provisoire. Le Ministère public étant en désaccord avec la décision a relevé appel."

Or, poursuit le conseil, " depuis que l’appel a été interjeté, aucune diligence n’a été accomplie par le parquet pour permettre à la Cour d’appel de statuer sur la décision querellée."  " Le dossier de l’affaire est repassé ce matin devant le tribunal, lequel ne pouvant pas statuer, a renvoyé la cause au 22 Décembre 2022", regrette Me Kane.

A l'en croire, " ce second et long renvoi a déclenché la colère des prévenus et de leurs proches." Le conseil de rapporter qu' "ils ont élevé la voix bruyamment et versé des larmes, forçant le tribunal à suspendre momentanément son audience."

" Beaucoup parmi eux, ne comprennent déjà pas leur mise en détention et, en plus, trouvent injuste l’absence de diligence du parquet dont la conséquence est la prolongation de leur détention", relève la robe noire.

Selon lui, " cet incident illustre la toute-puissance du parquet par rapport aux autres parties au procès pénal dans la mesure où ses appels suspendent l’exécution des décisions des juges et maintiennent en détention les personnes détenues."

En d'autres termes, explique-t-il pour le fustiger, " s’il est vrai que le Ministère public est le défenseur de la société, il n’en demeure pas moins que, pour une meilleure garantie des droits des justiciables, il s’impose de fixer une date buttoir pour l’examen des recours du parquet."

Mieux, il considère qu'il " s’impose d’instituer un juge des libertés pour éviter les mandats de dépôt systématiques" .

La dernière modification souhaitable, plaide-t-il aussi, " serait l’instauration d’un contrôle de la qualification des faits dans la mesure où certaines qualifications donnent l’impression de viser à faire mal au justiciable plutôt que de poursuivre l’intérêt de la justice."
"Sans doute un chantier juridique que les nouveaux députés pourraient ouvrir", conclut Me Amadou Aly Kane.