La reine Elizabeth II est décédée hier jeudi 8 septembre à 96 ans dans sa résidence de Balmoral. L’annonce a été faite par la famille royale à 19 h 30. De nombreux Britanniques se sont pressés devant le palais de Buckingham, à Londres, pour lui rendre hommage. À la mi-journée, le palais avait indiqué que ses médecins étaient «préoccupés» par l'état de santé de Sa Majesté. Ses proches s'étaient immédiatement rendus à Balmoral, en Écosse, à son chevet. Son fils, le prince Charles, devient le roi Charles III. 

La monarque de 96 ans, à la longévité record et à l'immense popularité, dont le Royaume-Uni a fêté en juin les 70 ans de règne, a vu sa santé se dégrader depuis une nuit à l'hôpital il y a près d'un an, pour des raisons jamais précisées. Le président de la République Macky Sall a, dans un tweet salué, la mémoire de la Reine d’Angleterre, évoquant notamment le «parcours exceptionnel d’une illustre défunte». «J'ai appris la triste nouvelle du décès de Sa Majesté la Reine Elisabeth II. Je présente mes condoléances émues au gouvernement britannique. Je salue la mémoire de l’illustre défunte, au parcours exceptionnel», a-t-il écrit.

Un hymne qui change, de nouveaux timbres et bientôt une grande cérémonie de couronnement : de l’annonce du décès à l’intronisation du successeur, tout a été préparé dans les moindres détails avec le protocole «London Bridge». Tout est prêt, réglé dans les moindres détails. Au décès d’un souverain répond un protocole extrêmement précis, ancestral, révisé régulièrement au fil des années. Le protocole est prévu dès l’instant où la reine rend son dernier souffle. A cet instant précis, à l’heure exacte où le décès sera prononcé, son fils aîné Charles deviendra roi. Mais le faste du couronnement du nouveau souverain attendra une longue période de deuil.

Les dernières funérailles d’un monarque britannique remontent à soixante-dix ans. C’était en février 1952, celles du roi George VI, le père d’Elizabeth II. «C’est avec la plus grande tristesse que nous annonçons cette nouvelle…», avait déclaré solennellement John Snagge, le présentateur de la BBC. L’information avait été répétée à sept reprises, toutes les quinze minutes, sur toutes les ondes de la BBC, avant un silence complet de cinq heures.

«London Bridge is down»

Pour la reine Elizabeth II, le nom de code du plan autour de son décès, élaboré par Buckingham Palace, a été baptisé «London Bridge». C’est donc avec les mots «London Bridge is down» que le secrétaire particulier de la reine préviendra la Première ministre, Liz Truss, qui vient juste d’entrer en fonction. Mardi, la quinzième cheffe de gouvernement de la reine était venue se présenter à elle au château écossais de Balmoral. Une photo de la reine, très frêle, appuyée sur une canne, mais souriante, avait été publiée. Peut-être était-ce la dernière photo officielle d’Elizabeth II, âgée de 96 ans.

Le code «London Bridge is down» est ensuite répété sur les lignes sécurisées de l’administration pour mettre en branle l’énorme organisation que demande cet événement monumental pour le royaume. Une fois la nouvelle transmise aux membres du gouvernement et aux ambassades à l’étranger, un valet de pied sort de Buckingham Palace pour épingler sur la grille du palais la notice officielle du décès de la reine. Les mêmes phrases sont diffusées sur fond noir sur tous les fils des sites et réseaux sociaux de la royauté.

Union Jack en berne, douze jours de deuil national

Dans les médias, et notamment sur les chaînes de la BBC, le groupe audiovisuel public britannique, les programmes sont suspendus et remplacés par des émissions autour de la souveraine disparue. Tous les présentateurs sont vêtus de noir. Un deuil national de douze jours sera décrété, les deux chambres du Parlement seront suspendues, et les Britanniques seront invités à quitter leur travail plus tôt pour aller se recueillir chez eux. Le cercueil de la dépouille de la reine Elizabeth II sera ensuite exposé dans le hall du palais de Westminster pour permettre aux dignitaires et au public de lui rendre hommage avant ses funérailles. Celles-ci se tiendront dans l’abbaye de Westminster toute proche, à moins que ce ne soit à la cathédrale Saint-Paul. L’archevêque de Canterbury, chef de l’église anglicane, officiera.

L’Union Jack sera mis en berne sur tous les bâtiments officiels, au Royaume-Uni et dans le reste du monde. Les officiels porteront des brassards noirs sur le bras gauche et des cahiers de condoléances seront ouverts dans toutes les ambassades. Au cours des neuf jours qui suivront le décès, le nouveau roi devrait se rendre dans les quatre régions du royaume, en Angleterre, au Pays de Galles, en Ecosse et en Irlande du Nord. Les funérailles d’Etat seront l’occasion d’une cérémonie grandiose, en présence de centaines de chefs d’Etat et de gouvernement. La reine sera probablement inhumée dans la chapelle Saint-George du château de Windsor, sa résidence préférée, où reposent déjà ses parents, le roi George VI et son épouse Elizabeth, ainsi que sa sœur cadette Margaret, décédée en 2002. Elle reposera au côté de son époux le prince Philip, mort le 9 avril 2021 à 99 ans.

Un couronnement dans plusieurs mois

A la seconde même du décès d’Elizabeth II, son fils aîné, le prince Charles, deviendra donc roi. Mais, s’il détiendra le titre, il ne portera pas encore la couronne. Une cérémonie officielle, et grandiose, de couronnement aura lieu plus tard, probablement après quelques mois de deuil. La reine Elizabeth II n’avait été couronnée que le 2 juin 1953, seize mois après le décès, le 6 février 1952, de son père le roi George VI.

Très vite, de nouveaux timbres du Royal Mail seront imprimés pour remplacer le profil d’Elizabeth II par celui de Charles III. Et un mot des paroles de l’hymne national changera bien entendu, passant de God Save the Queen à God Save the King. Charles deviendra aussi automatiquement chef des pays du Commonwealth. Contrairement à sa mère, devenue reine au tendre âge de 25 ans, Charles accédera au trône à l’âge vénérable de 73 ans. Son fils aîné, William, 40 ans, deviendra automatiquement l’héritier du trône et prendra le titre de «prince de Galles», jusqu’ici porté par son père.

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