NETTALI.COM - Ce qui était impensable après la présidentielle de 2012, est en train de se produire. Des responsables ou sympathisants de l'Alliance pour la république (Apr) qui ont toujours juré que Macky Sall ne pouvait pas briguer un troisième mandat, changent progressivement de discours. D'ailleurs de plus en plus de voix se font entendre pour pousser le chef de l'Etat à faire du "wax waxeet". 

Macky Sall, candidat à la présidentielle prévue en 2024 ? Ce qui était impensable, il y a quelques années, devient de plus en plus une probabilité. C'est en tout cas ce que veulent des proches du président de la République. Ces derniers ne mettent d'ailleurs même plus de gants pour pousser Macky Sall à faire du "wax waxeet"* (se dédire). Pour eux, la Constitution permet à l'actuel locataire du palais de l'avenue Léopold Sédar Senghor de briguer un troisième mandat.

Sur la 7Tv ce mercredi, le journaliste Madiambal Diagne, qui se présente comme un proche du chef de l'Etat, ne cherche pas midi à quatorze heures. Pour lui, la Constitution ne saurait être rétroactive. Autrement dit, rien n'interdit à Macky Sall de se représenter pour un troisième mandat. Toutefois, le patron du groupe de presse "Avenir communication" se garde d'anticiper sur une éventuelle décision du 7 sages du Conseil constitutionnel. D'après lui, seul le Conseil est habilité à dire si ou non Macky Sall peut être candidat à la prochaine présidentielle.

Mais du côté de l'Alliance pour la république (Apr) de Macky Sall, on n'attend pas. Invité à l'émission "Grand Jury" sur la RFM, le dimanche 28 Août, Mame Mbaye Niang a validé un éventuel 3e mandat du président Macky Sall. De l'avis de l'ancien ministre de la Jeunesse et ministre conseiller du chef de l’État, le président Macky Sall peut bel et bien se présenter en 2024. "Ce problème a été déjà réglé par le référendum 2016", renseigne l'ancien ministre de la jeunesse.

"La constitution s’est déjà prononcée depuis. Je pense qu'après le référendum quand le président a voulu diminuer son mandat, il fallait voir l’arrêt du Conseil constitutionnel. Ce n’est pas un problème de légalité. Ceux qui veulent en débattre ne sont pas motivés par une sincérité. Parce que c’est un problème qui est déjà réglé constitutionnellement et juridiquement. Il y a déjà l’arrêt qui règle ce problème. Le reste c’est un problème politique, il faut des réponses politiques et une organisation politique. C’est comme ça que je le perçois", a fait remarquer le ministre conseiller.

Ce dernier n’a d'ailleurs pas raté l’occasion pour déclarer la guerre à Sonko et Cie. "On n’est pas aussi obligé de répondre à une stratégie des gens qui ne savent pas ce qu’ils veulent ou qui ne comprennent pas. Ces gens, soit ils sont incultes soit ils sont de mauvaise foi. Ils refusent d’admettre la réalité en face. Ils veulent nous forcer le bras de fer. Maintenant, il faut l’assumer et le faire", a-t-il laissé entendre.

Même posture qu'Awa Guéye, ancienne vice-présidente de l'Assemblée nationale, qui donne le top de départ pour un "wax waxeet" du successeur de Me Abdoulaye Wade. Elle vient de lancer le concept "2 millions pour 2024". Objectif : donner un troisième mandat à Macky Sall. Pour ce faire, elle dit vouloir réunir 2 millions de Sénégalais pour montrer leur soutien à une candidature de Macky Sall. Cette initiative rappelle curieusement celle lancée en 2011 par Aïda Mbodj. Cette dernière avait lancé le concept "Ma carte, ma caution" pour soutenir la candidature contestée du chef du Parti démocratique sénégalais (Pds). Cette candidature de Wade avait été l'aboutissement du fameux "wax waxeet" du pape du Sopi. La suite, on la connait. Au moins une quinzaine de Sénégalais sont morts entre fin 2011 et début 2012. Et beaucoup craignent que les mêmes causes produisent les mêmes effets si Macky Sall se porte candidat pour un 3e mandat.

Pour rappel, élu président à la suite des violences qui ont marqué la présidentielle de 2012, Macky Sall avait juré avoir modifié la Constitution pour mettre un terme aux polémiques sur le nombre de mandats. "J'ai verrouillé la Constitution", aimait-il répéter à plusieurs occasions. "Si les Sénégalais me font confiance en 2019, je ferais mon second et dernier mandat. Et il faudra partir", avait-il promis juste avant la présidentielle de 2019. Ce qu'il a aussi écrit dans son livre "Le Sénégal au coeur" Mais depuis sa réélection en 2019, le chef de l'Apr refuse catégoriquement le débat sur son éventuelle troisième candidature. Mieux ou pire, de plus en plus de voix s'élèvent dans son camp pour le pousser à faire du "wax waxeet".