NETTALI.COM - Entre le pouvoir incarné depuis 2012 par Macky Sall et l'opposition dite radicale menée par Ousmane Sonko, on ne se fait guère de cadeaux. Mais ces derniers temps, la violence verbale est devenue telle que de plus en plus de Sénégalais disent craindre pour la paix et la stabilité du pays. 

"Macky Sall a un problème avec la Casamance et les Casaçais. De Senghor à maintenant, aucun président n'a traité la Casamance comme le fait Macky Sall aujourd'hui. La stigmatisation qu'il y a ces derniers temps contre les Casaçais surtout les noms à consonance Diola est de trop. Cela n'a jamais eu lieu." Ces propos tenus mardi à Bignona par Ousmane Sonko a créé une vive polémique. Une sortie jugée dangereuse par beaucoup de Sénégalais et des membres de la société civile, qui selon eux, doit être condamnée par tous les Sénégalais.

Un argument toutefois réfuté par les partisans du maire de Ziguinchor. Selon ces dernier, les propos ont été sortis de leur contexte. D'autant que l'intégralité des propos n'a pas été relayé. Toutefois, force est de constater que les mots prononcés mardi par Ousmane Sonko ne font qu'entrer dans un cycle de violence verbale à laquelle se livrent les acteurs politiques depuis des années maintenant.

Moustapha Cissé Lô de l'Alliance pour la République (Apr) est sans doute le premier à avoir "dégainé". En octobre 2018, ce proche du chef de l'Etat n'avait pas hésité à traiter Ousmane Sonko de "bâtard". Et le même Cissé Lô remettre ça en janvier 2019. Alors que le candidat Ousmane Sonko venait de tenir un méga-meeting à Ziguinchor, le responsable apériste, alors président du Parlement de la Cedeao, traite de "rebelles" tous ceux qui ont répondu à l'appel du leader de Pastef. Les Sénégalais n'avaient fini de dénoncer les propos de Cissé Lô qu'un autre proche du Président Macky Sall prenait le relais.

Le député Alioune Demboury Sow commence d'abord par appeler ses parents Peulhs à prendre le sabre contre tous ceux qui oseraient s'opposer à une troisième candidature de Macky Sall en 2024. Des propos d'une extrême gravité dénoncés à l'époque jusque dans les rangs de l'Alliance pour la république (Apr). Malgré tout, comme Moustapha Cissé Lô, Alioune Demboury Sow n'a jamais été sanctionné par les instances de son parti. Pis, il ajoute une nouvelle couche à ses menaces teintées d'ethnicisme en déclarant à la tribune de l'Assemblée nationale : "Je n'ai peur de rien. Même quand je dors, j'ai mon sabre sous le lit. Quand on meurt, soit on va au paradis ou en enfer. Et je suis un bon musulman car je prie tout le temps."

Ciblant encore Ousmane Sonko au lendemain des violentes manifestations de mars 2021, le ministre de la Justice s'illustre dans un dérapage verbal incompréhensible. "Ousmane Sonko veut la mort de tous les Sénégalais car il vient de toucher politiquement le fond et cherche à entraîner tous les Sénégalais dans sa chute", avait déclaré Me Malick Sall.

Autrement dit, les dérapages verbaux commencent à devenir une habitude dans l'espace politique. D'ailleurs, tous les Sénégalais se souviennent encore des propos du Président Abdoulaye Wade qui avait menacé les populations du Fouta si elles ne votaient pas pour lui. "Je ne vais plus aider les gens qui ne votent pas pour moi. J'ai beaucoup fait pour Podor et Matam. S'ils veulent que je continue mes projets, il faut qu'ils votent pour moi", avait dit Wade en 2012. Des propos que ses adversaires avaient bien exploités en leur faveur. Ces propos de Wade rappellent ceux tenus par le Président Macky Sall à Bignona en février 2019. "Si vous voulez que la Casamance intègre le Sénégal dans le cadre du développement, il faut voter la coalition Benno Bokk Yakaar", avait déclaré le chef de l'Apr.

Toutefois, si les Sénégalais ont toujours su passer outre ces dérapages, l'escalade de la violence verbale commence à inquiéter. Surtout avec les décès notés lors des dernières manifestations, mais aussi les accusations contre les Forces de défense et de sécurité.