NETTALI.COM - Aide-infirmière de son état, Fatimata Demba Ka a comparu à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour faux et usage de faux. Elle a produit un faux certificat médical pour justifier ses absences causées par sa maladie avant de se retrouver à l’hôtel zéro étoile.

Berthe Dibor Guèye, médecin de son état, a été citée dans une affaire de faux et usage de faux. Ainsi, selon EnQuête, elle a décidé de saisir la justice, pour découvrir le faussaire qui a établi un certificat médical de repos pour le compte de Fatimata Demba Ka, en son nom. Désignée par les éléments de l’enquête comme celle qui a commis le faux, l’aide-infirmière de profession est souffrante, depuis un bon bout de temps. Pour justifier son absence, la dame s’est procuré un certificat médical, au district sanitaire de Ngor, signé au nom de la plaignante.

Toutefois, en remettant le document à son supérieur hiérarchique à Bambey, elle ignorait que celui-ci connaît le médecin Berthe Dibor Guèye qui a arrêté de travailler dans cette structure, depuis 2015. Il n’a pas hésité à contacter la concernée dont le document porte le cachet nominatif.

À la barre du tribunal d’instance des flagrants délits de Dakar, le médecin révèle avoir reçu, au courant du mois d'avril dernier, un appel de son camarade de promotion, le médecin-chef de l'hôpital de Bambey, Amoul Yakaar Dione, qui l'informait avoir reçu un certificat médical de repos de 10 jours qui portait son cachet nominatif et qui a été établi au district de Ngor. Alors que, d'après elle, elle a arrêté de travailler, depuis 2015, dans cette structure hospitalière. "Après avoir discuté avec Fatimata, elle m'a dit qu'elle n'était pas l'auteure dudit document qui ne comportait pas ma signature. C'est là que j'ai dit que j'allais saisir la justice, pour savoir où le document a été conçu et qui en était l'auteur. Alors que j'avais emporté mes cachets avec moi, quand je quittais là-bas", a déclaré ce médecin qui travaille actuellement dans le Programme de lutte contre la tuberculose et qui s'est désisté de sa plainte.

Mariée et sans enfant, la prévenue, qui est âgée de 34 ans, est poursuivie pour des faits de faux, d'usage de faux dans un document administratif et d'usurpation d'identité. Après avoir confirmé les déclarations de la partie civile, le médecin Berthe Dibor Guèye, elle a soutenu, à la barre, qu'elle ne connaissait pas le médecin qui lui a confectionné le faux certificat médical de repos à l'hôpital de Ngor. Avant d'ajouter qu'elle pensait que la personne qui l'a consultée était médecin. Et ignorait que le document était un faux.

Mais la représentante du procureur l'a chargée en ces termes : "Ça, on ne peut pas vous le pardonner, parce que vous travaillez dans le système sanitaire. Je ne vous crois pas. Il faut nous dire ce qui s'est passé. Peut-être que vous êtes malade et vous avez besoin de certificat médical pour rester à Dakar et vous soigner."

A cette remarque, la prévenue a répondu qu’elle est effectivement malade et ajouté qu'elle n'a pas payé pour se faire délivrer le document. Le juge lui a lancé à la figure : "Ce n'est pas vrai ! Soit tu veux protéger quelqu'un d'autre. Ma conviction est que vous avez payé pour vous faire délivrer ça. Soit c'est vous qui l'avez confectionné. Le dossier est très simple, mais les faits sont très graves."
Après la remarque du magistrat du siège, la représentante du ministère public a, dans ses observations, fait savoir qu'il est constant que la prévenue n'a été répertoriée dans aucun carnet de l’hôpital où elle a reçu le faux document. Mais elle reste convaincue que la comparante est à l'origine de ce document. Elle a, à cet effet, requis sa condamnation est s'est rapportée à la sagesse du tribunal, en ce qui concerne la peine de prison. L’avocate de Fatimata Demba Ka, Me Khady Sène, a demandé au tribunal d'écarter le délit d’usurpation d'identité retenu contre sa cliente, là où son autre confrère a sollicité une application bienveillante de la loi pénale, puisque, d'après lui, la plaignante s'est désistée. "Lorsqu'on le déferrait, Dibor a couru jusqu'au parquet et a dit qu'elle se désistait de sa plainte, parce qu'elle avait pitié d'elle.
Mais le parquet lui a dit que c'était trop tard, puisqu'elle a été déjà placée sous mandat de dépôt et son audience a été programmée. Cette dame est malade et on ne peut pas en dire plus, parce que c'est un secret médical. Elle perd la tête, des fois. Elle a parfois une dépression qui l'emmène dans des zones inconnues", a expliqué son conseil. Le verdict sera prononcé demain vendredi 10 juin.