NETTALI.COM - Jugés, hier, à la barre de la chambre criminelle de Dakar pour meurtre, Babacar Diop, Amidou Dieng et Djiby Sao risquent la perpétuité. Ces derniers avaient, le 28 décembre 2018, à Liberté 6, tué Ibahima Kane. 

La peine de réclusion criminelle, c’est ce que le parquet a requis contre Babacar Diop, Amidou Dieng et Djiby Sao, attraits à la barre de la chambre criminelle de Dakar pour meurtre. Ils sont accusés d’avoir poignardé à mort Ibrahima Kane.

Le défunt qui avait prévu de louer un véhicule pour la fête de la Saint-Sylvestre, s’en était ouvert à son ami Modou Dieng. Ce dernier, devant l’appât du gain, informe ses acolytes Djiby Sao alias “Djiby Cagna’’ et Babacar Diop dit “Abba’’, en leur révélant que son ami détenait une grosse somme d’argent pour une location de véhicule.

Sur ces entrefaites, Babacar Diop a demandé à Modou Dieng de tendre un piège à Ibrahima Kane et à Mamadou Moustapha Ndao, pour s'emparer de la somme qu'ils détenaient. Et comme ils ne pouvaient pas faire face à ces derniers, Babacar Diop, à son tour, a fait appel à Djiby Sao alias “Djiby Cagna’’, tout en lui intimant l'ordre d'apporter un couteau avec lui. Celui-ci, une fois à Liberté 6, le lieu du rendez-vous, a poignardé la victime. Dépouillé de sa sacoche qui contenait de l’argent et son téléphone, il a été abandonné sur place par ses bourreaux. Hélas, le jeune Ibrahima Kane a rendu l’âme au cours de son évacuation au Samu municipal de Grand-Yoff. Quant à ses meurtriers, ils seront arrêtés un à un.

Pour mémoire, alors qu’il prenait la fuite avec ses acolytes, Babacar Diop a été arrêté en premier par les riverains qui l’ont bien molesté. Il conduira les policiers chez ses complices, après être passé aux aveux.

Après trois ans de détention préventive, Babacar Diop, Djiby Sao et Modou Dieng ont comparu à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar pour répondre des chefs d’association de malfaiteurs, vol aggravé commis la nuit en réunion et avec violence ayant entraîné la mort.

Mécanicien de son état, Djiby Sao disculpe Modou Dieng, en soutenant qu'il ne le connaissait pas. Il a, par contre, enfoncé Babacar Diop devant le prétoire. “C'est Babacar Diop qui m'a enrôlé dans cette affaire. Il m’a plusieurs fois supplié au téléphone de le rejoindre à Liberté 6. Au cours de notre communication, il m’a demandé de venir avec un couteau. Ce que j’ai fait sans hésiter. J’ai acheté le couteau sur les deux voix de Liberté 6, dans une boutique, à 200 F CFA’’, a-t-il soutenu.

Poursuivant ses déclarations, il renseigne qu’en cours de route, son ami ne cessait d’insister sur des appels.

“C'est moi qui lui ai donné un coup de couteau’’

Il finit par m’indiquer mon rôle qui était de viser la victime une fois sur place. Quand je suis arrivé, j’ai foncé droit sur Ibrahima Kane. Les autres membres du groupe se sont dispersés. Il m’avait dit auparavant qu’Ibrahima Kane était habillé d’une chemise carrelée et avait une sacoche autour du cou. C'est moi qui lui ai donné un coup de couteau. C'est Babacar qui le maîtrisait par-derrière. Je n’avais pas l'intention de le tuer. Je voulais juste lui faire peur’’, dit-il.

Selon les éléments de l’enquête, Babacar devait passer la fête du 31 décembre avec sa petite amie venue de la Casamance. Mais il n’avait pas d’argent. Alors que la jeune fille était déjà à Dakar. “C’est lui qui m'a finalement convaincu de commettre cet acte’’, a affirmé Djiby Sao.

Pour sa part, Babacar Diop a dit au juge que ses coaccusés et lui se connaissent bel et bien. Car, renseigne-t-il, ils sont des amis d’enfance, depuis Khar Yalla. Se disculpant lui aussi, il dit : “Quand ils se sont désisté pour la location du véhicule, ils ont demandé à récupérer leur argent. C'est ainsi que j’ai pensé à Djiby Sao. L’idée consistait à faire une simulation d’agression pour partir avec l’argent de nos amis. Nous avons présenté Djiby Sao comme le propriétaire du véhicule. Et qu’il serait en route. On s’est donné rendez-vous sur les deux voies de Liberté 6, en passant par l’immeuble Walf, derrière les bâtiments en finition. Le plan était de récupérer l'argent de la victime. En réalité, Modou Dieng n'avait pas l'intention de louer un véhicule’’, a relaté Babacar Diop. Modou Dieng, quant à lui, a nié toute implication dans cette affaire qui a consterné toute la population dakaroise à l’époque.

Dans sa plaidoirie, l’avocat de la défense, Me Ndiaga Dabo, n’a pas pu cacher son désarroi. “Je prends la parole avec beaucoup d'émotion et de tristesse. Depuis que j'ai reçu cette famille dans mon cabinet, je ne cesse de penser au jeune Ibrahima Kane. Ce jeune qui a envie aujourd'hui qu'on lui rende justice. Un garçon qui est parti à la fleur de l'âge. Ils ont commis volontairement un homicide. Celui-ci est défini comme un meurtre. Donc, c'est une façon de vous annoncer ma position. Je le soutiens et je l'assume. Vous avez en face de vous des assassins qui ont planifié la mort d'un garçon. Pourquoi ? Pour une modique somme de 100 mille. Le certificat de genre de mort dit qu’Ibrahima est mort d'une plaie thoracique pénétrante et profonde, avec perforation et hémorragie cardiaque, à la suite d'une mort par arme blanche. L'individu qui a porté ce coup a voulu porter un coup fatal et dont Ibrahima Kane ne se relèverait jamais. Il s'agit d'une intention criminelle. Il voulait donner la mort, parce qu'il a visé une partie sensible. C'était un plan savamment mûri, bien orchestré, parce qu'on l'avait identifié et signalé’’, a-t-il fait savoir au côté du père de la victime.

Ce dernier réclame qu’une peine exemplaire soit infligée aux jeunes qui ont ôté la vie de son fils. La partie civile réclame la somme de 100 millions de francs CFA pour dédommagement. À la suite du maître des poursuites qui a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre les accusés, les avocats de ces derniers ont sollicité une application bienveillante de la loi pénale. L’affaire mise en délibéré, la chambre rendra sa décision le 21 juin prochain.