NETTALI.COM - Arrivé en tête des suffrages dimanche soir avec un meilleur score qu'il y a cinq ans, Emmanuel Macron a réussi son pari du premier tour en devançant nettement Marine Le Pen, mais devra savoir rassembler un électorat fracturé pour espérer être réélu.

Le scrutin était annoncé incertain et volatil jusqu'au dernier jour. Mais à l'arrivée Emmanuel Macron est dans l'étiage haut que les instituts de sondage lui promettaient en fin de campagne, supérieur à son score de 2017 (24,01%). Selon les estimations Elabe, le président sortant est arrivé en tête avec 28,2%, devant Marine Le Pen (22,9%). Jean-Luc Mélenchon est troisième (21,7%). Eric Zemmour (7,3%) appelle lui à voter pour Marine Le Pen.

Valérie Pécresse et Anne Hidalgo affichent des scores historiquement bas pour LR et le PS. Elles appellent à voter pour Emmanuel Macron au second tour, tout comme Fabien Roussel et Yannick Jadot.

Jean-Luc Mélenchon a pour sa part appelé à votre Marine Le Pen. "Pas une seule voix à Marine Le Pen", a t-il dit. De même, l'aile droite de LR semble résignée à un "ni-Le Pen, ni-Macron", à l'instar des positions de Laurent Wauquiez ou Eric Ciotti en 2017.

La candidate du Rassemblement national peut par ailleurs compter pour la première fois sur une réserve de voix substantielle, puisque les électeurs d'Eric Zemmour sont ultra-majoritairement disposés à voter pour elle le 24 avril, selon les instituts de sondage.

Plus généralement, le camp Macron s'est inquiété ces dernières semaines, à mesure que Mme Le Pen montait dans les sondages, de voir la fille de Jean-Marie Le Pen parvenir à corriger une image jusqu'alors clivante, au profit de celle d'une femme d'Etat.

Pour les macronistes, il s'agit d'abord de capitaliser sur un bon score promis à lancer une nouvelle dynamique.

Sur le fond, les partisans du chef de l'Etat entendent surtout rappeler les fondamentaux d'extrême-droite de Mme Le Pen, dans une tentative de rediabolisation.

Que ce soit sur les institutions, l'Europe ou sa vision du monde, le camp Macron veut plus que jamais renvoyer Marine Le Pen à sa conception supposée "illibérale" de la démocratie, à l'instar du chef du gouvernement hongrois Viktor Orbán -qu'elle a félicité pour sa reconduction la semaine dernière, et de sa proximité jadis proclamée avec Vladimir Poutine.

De même, la vision économique de Marine Le Pen, jugée non sérieuse, autant que ses revirements lors de la crise sanitaire, doivent alimenter un procès en incompétence.

"Penser qu'activer ce levier du +front républicain+ contre l'extrême droite suffira à lui seul, c'est une illusion. Car le changement d'image de Marine Le Pen est une réalité", prévient toutefois le directeur de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein.

Point d'orgue: le débat d'entre-deux tours, prévu le mercredi 20 avril. "Mais ça ne pourra pas être pire que la dernière fois, donc on dira qu'elle a été meilleure", craint un proche du chef de l'Etat sortant.
Avec AFP et BFM TV