NETTALI.COM – Boubacar Camara, qui remonte la genèse du problème depuis le magistère de Léopold Sédar Senghor, ne souscrit pas à la politique menée par le gouvernement sénégalais pour approvisionner le marché en sucre. Il préconise la mise en place d’un cahier des charges avec la Css.

Ancien directeur général des Douanes, Boubacar Camara, dans la nuit de jeudi à vendredi, se prononce sur la vive polémique entre : d’autre part, l’Etat et la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) et ; d’autre part, ladite entreprise et les commerçants de l’UNACOIS, au sujet de l’approvisionnement du marché.

Pour rappel, le patron de la Css Jean Claude Mimran a accordé un entretien aux journaux sénégalais L’OBS, LeQuotidien et Walfadjri, pour soutenir que la « politique économique » menée par le président Macky Sall n’est pas « bonne ». Dans une interview accordée à Dakaractu, Aminata Assome Diatta balaie en touche les accusations portées par Jean Claude Mimran. Pour le ministre du commerce, le patron de la CSS doit justifier les difficultés que traverse son entreprise ailleurs et non dans la délivrance des Dipa.

Revenant sur les causes lointaines de ce problème, Boubacar Camara a rappelé que la Compagnie sucrière sénégalaise a joui de plusieurs exonérations sous le magistère de Léopold Sédar Senghor, déjà. « La seule menace qui la guettait venait de la Gambie, avec le sucre frauduleusement importé car la Gambie avait un stock qui dépassait sa consommation et le surplus était acheminé vers le Sénégal », dit-il.

« En 2000, remonte-t-il encore, avec la création de l’UEOMA et la mise en place d’un Tarif extérieur commun (TEC), il intervint une baisse des recettes et commencèrent les difficultés. A l’époque, il y avait un gap de 30 000 tonnes, puisque la compagnie ne produisait que 90 000 tonnes alors que les besoins étaient estimés à 120 000 tonnes ». Notons, sous ce rapport, qu’il existe une Taxe Conjoncturelle à l’Importation (TCI) sur les produits des pays tiers calculée sur la base d’un prix de référence. A partir de là, pour combler le gap de 30 000 tonnes, explique le leader de « Jengu », « la Css devait importer comme les commerçants et payer la péréquation aussi ». « C’est par la suite que les commerçants sont venus protester pour refuser la péréquation, prétextant qu’eux aussi, ils pouvaient produire le sucre comme la Compagnie sucrière sénégalaise. Mais l’Etat a arbitré en faveur de la Css  qui emploie de nombreux Sénégalais », ajoute l’ancien secrétaire général du super-ministère dirigé à l’époque par Karim Wade.

La question que se pose Boubacar Camara est dès lors de savoir pourquoi, après avoir bénéficié de toutes ces exonérations, la Css n’arrive-t-elle pas à couvrir toute la demande.

L’ex-patron des Douanes pense que l’Etat, « essoufflé », n’a plus les capacités « pour prendre en charge ces gros dossiers ». Ainsi, préconise-t-il : « Il faut sécuriser la production de sucre sur un périmètre donné suivant une quantité qui répond aux besoins de production, sécuriser la quantité que l’industriel peut produire sans difficulté ».

« Faut-il renégocier le contrat avec la Css ?  »  relance Pape Djiby Fall de la TFM. En réponse, Boubacar Camara déclare qu’il faut au moins un « cahier des charges » et un « plan d’augmentation » fixée d’accord parties avec l’entreprise productrice. « Si l’entreprise respecte le plan d’augmentation, je renforce sa production, s’il y a des défaillances, je réduis la protection », préconise l’invité de « Quartier général ».

« Dès qu’il y a fraude sur l’octroi des DIPA, le marché est perturbé », avertit-il, reprochant au gouvernement de ne pas faire correctement dans la régulation.

Au rayon de la situation de quasi-monopole dont jouit la Css, Boubacar Camara la dénonce et cite l’exemple du ciment, domaine  dans lequel les producteurs ne sont pas distributeurs. « La vocation de l’industriel n’est pas de vendre le sucre qu’il produit. C’est de là d’où viennent les problèmes entre la Compagnie sucrière sénégalaise et les commerçants », termine-t-il son propos.