NETTALI.COM - La nouvelle patronne de l'opérateur historique s'est fait une place de choix dans un monde très masculin. Déterminée, "plutôt du genre à faire son plan de travail" … et attendue au tournant sur plusieurs dossiers chauds.

Dans la pièce baignée d'une pâle lumière, sa fine silhouette semble perdue dans le fauteuil. Quelques jours avant de prendre ses fonctions, la presque directrice générale d'Orange Christel Heydemann, 47 ans, nous donne rendez-vous au siège de l'opérateur, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Bras en écharpe pour soutenir une épaule abîmée par une chute de ski, vêtue très simplement d'un pull gris, elle paraît fragile. Fausse impression.

Quand elle tend une main énergique et prend la parole, une force calme émane d'elle. D'une voix nette, aux intonations décidées, elle répond sans esquiver sur la nomination du président ou de la présidente avec qui elle fera équipe. A-t-elle eu voix au chapitre? Oui. Il ne s'agissait pas d'avoir un directeur général bis: "Il faut un binôme fluide où chacun connaît son rôle." Et tant pis pour ceux qui s'imaginaient déjà la chaperonner. Son visage fin, qui ne porte pas une once de maquillage, s'éclaire souvent d'un sourire joyeux. Son management, très collégial, ne l'exposerait-elle pas à une perte de contrôle? C'est exact, elle "fait confiance", mais précise: "Je n'aime pas les surprises, bonnes ou mauvaises."

Dans les starting-blocks

Avec une calme détermination, l'ancienne directrice générale de Schneider Electric prend ce 4 avril la barre d'Orange, le premier opérateur téléphonique français. Ce paquebot de 142.000 salariés, présent dans 26 pays, affronte des défis considérables: concurrence des Gafa, extinction du réseau cuivre, nécessité de relancer la croissance et de redresser le cours de Bourse…

Sacrée responsabilité pour une manager qui n'a encore jamais joué le premier rôle. "Elle qui pilotait les activités européennes d'une entreprise à taille humaine orientée résultats va diriger un groupe énorme, où règnent les baronnies et qui conserve un fonctionnement très français", résume un ex-membre du comité exécutif d'Orange. La dimension du poste l'a-t-elle effrayée? "J'ai pris le temps de réfléchir avant de me lancer dans le processus", admet-elle.

Challenges.fr