NETTALI.COM - Il y a un élément important dans une enquête : la scène de crime. Elle est souvent primordiale pour l’élucidation d’un meurtre. Très organisée, la Police et la gendarmerie sénégalaise se donnent les moyens de retrouver les assassins et les mettre hors d’état de nuire, en un temps record. Toutefois, elles sont confrontées à un problème majeur, celui de la présence d'éléments contaminants qui altèrent la scène de crime.

Ils sont nombreux à se demander comment la police a pu regrouper les pièces du puzzle du meurtre du bijoutier Ndongo Guèye, en un temps record, allant jusqu’à confondre le présumé meurtrier par des éléments matériels, alors que ce dernier a nié les faits depuis le début. Finalement, face aux preuves scientifiques irréfutables, il a finalement passé aux aveux.

Si les enquêteurs ont pu agir promptement et ont pu très vite démêler cette histoire de meurtre crapuleux, c’est parce que la scène de crime était intacte au moment de leur première constatation matériels. Le travail de la police scientifique a pu être ainsi considérable, donnant des éléments probants et mettant les enquêteurs chevronnés sur une piste qui a été payante.

En effet, en cas de meurtre et toute autre infraction d’ailleurs, le premier réflexe des enquêteurs, c’est d’aller sur la scène du crime pour y recueillir des empreintes, des traces de pas, d’Adn…

C’est connu ! Une scène de crime regorge d'indices qui peuvent être utilisés par la police et la gendarmerie pour les mener vers l'identification du présumé criminel.

«La scène de crime est extrêmement importante. Car elle aide à résoudre les cas de meurtre. Si elle est maintenue intacte, elle peut, à 50%, aider les policiers à avoir des pistes. Les malfaiteurs y laissent beaucoup de traces en commettant une infraction. La police a les moyens de relever tout ça. On ne peut pas commettre un meurtre sans y laisser un Adn, mais il suffit qu’il y ait une contamination de la scène pour qu’on ne puisse plus être sûr de quoi que ce soit», explique l’ancien commissaire central de Dakar, Arona Sy.

«Si la scène est contaminée, sur100% de chances, la police en perd 50% de retrouver l’assassin et c’est dommage», ajoute Arouna Sy qui note que le problème fondamental est que les Sénégalais ruent toujours sur les scènes de crime par ignorance. «Ils ne le font pas par incivisme. Mais, plutôt parce qu’ils ne connaissent pas l’importance d’une scène de crime. Ils sont complètement ignorants en la matière. Et c’est dommage car, dans ce pays, beaucoup de meurtres ont été réglés par les scènes de crime.» 

Selon des enquêteurs de la police et de la gendarmerie, dans le cadre d’une investigation, les forces de défense et de sécurité ont besoin de trouver chaque chose à sa place précise au moment où le délinquant quittait les lieux. «Si des individus viennent visiter les lieux et s’ajoutent à la circonstance en tant qu’êtres physiques vivants, il plane une incertitude sur l’emplacement exact de chaque chose. Une scène de crime doit parler aux enquêteurs et aux techniciens et si la scène est polluée, elle sera muette. Quand une scène de crime a été polluée par le comportement d’une tierce personne avant l’arrivée des spécialistes d’identité judiciaires et de la Police scientifique, cela pose beaucoup de problèmes. Ils sont liés à la nature des choses que les policiers viennent constater sur place. S’il y a modification, elle égare les policiers qui font le prélèvement, car ils risquent d’y trouver des traces qui n’ont rien à voir avec celles qu’ils cherchent. Mais elle égare également les enquêteurs qui lisent l’environnement pour mener leur enquête, parce que la situation telle qu’elle se présente a été déformée au point qu’ils ne peuvent pas retracer des situations en interprétant les positions des choses et sa nature», note le Commissaire à la retraite Cheikhna Keïta.

Il recommande ainsi aux Sénégalais qui tombent sur une situation de crime de se tenir normalement à distance, de s’assurer de ne toucher à aucun élément, de ne déplacer aucun objet, de ne s’appuyer sur rien et surtout ne rien tenter. «Le citoyen doit seulement informer immédiatement les éléments de la police. Et ne rien essayer de faire». Arouna Sy d’ajouter : «Les Sénégalais doivent comprendre les avantages d’une scène de crime pour les enquêtes. Le fait qu’un criminel échappe, met toute la population en danger. Les Sénégalais doivent comprendre que s’il y a un crime, le fait d’aider la police à le résoudre nous met tous en sécurité».

D’ailleurs, à chaque fois qu’un crime est signalé, les premiers policiers ou gendarmes qui se déplacent sur les lieux sont en général des éléments des postes de police secours. Pas les véritables enquêteurs. Leur mission consiste à la conservation de la scène de crime et sa protection. Ces agents viennent empêcher que la scène de crime soit polluée ou ne le soit davantage. Ils délimitent le périmètre et y montent un dispositif de surveillance pour que les gens n’y accèdent pas. Dès que les agents de police sont informés, ils appellent à leur tour, l’Officier de police judiciaire qui est sur place et c’est ce dernier qui met au courant les personnes qui doivent l’accompagner sur le lieu. Il s’agit des sapeurs-pompiers, les éléments de la Police scientifique et les photographes scientifiques. « Dès que la Police scientifique arrive sur les lieux, elle fait une délimitation matérielle en général avec un cordon de sécurité pour circonscrire son champ d’action. A l’intérieur, les agents effectuent des prélèvements d’empreintes, d’Adn… Ils fixent la scène de crime, l’analysent et en étudient chaque compartiment pour pouvoir y déceler les moindres indices pouvant ouvrir sur des pistes», confie le Commissaire Keïta. Sur une scène de crime, la Police scientifique se charge donc de récolter des indices, dont les analyses croisées permettront d'élucider le meurtre. A la suite de la Police scientifique, s’il y a un corps laissé sur les lieux, en cas de crime ouvert, c’est le rôle des sapeurs-pompiers de l’acheminer à l’hôpital pour une autopsie.

Ce sont ces sapeurs-pompiers qui se chargent de nettoyer la scène du crime. Mais, quand il s’agit d’un crime fermé, c’est-à-dire commis dans une maison, très souvent, ce sont les proches qui héritent de cette lourde tâche, après le départ des éléments de la Police scientifique et des sapeurs-pompiers.