NETTALI.COM - D'ex forces de l’ordre, notamment un ancien militaire et un policier à la retraite ont comparu à la barre du tribunal de correctionnel de Dakar pour association de malfaiteurs, faux et usages de faux. Ils seront fixés sur leur sort le 17 avril prochain.

Respectivement policier à la retraite et ancien militaire, Saliou Mbaye et Adama Bâ Diop ont comparu à la barre du tribunal correctionnel de Dakar. Ils y sont attraits pour association de malfaiteurs, vol de deniers publics, falsification de sceaux et usage, faux et usage de faux dans un document administratif. Il ressort de la genèse des faits que Saliou Mbaye, qui officiait comme secrétaire au commissariat de Rebeuss, avait pris sa retraite en 2012. Mais lorsqu'il quittait les rangs de la police, il avait emporté avec lui le cachet du commissaire. Ce faisant, ce septuagénaire, marié à deux épouses et père de famille, avait, en 2020, établi un acte afférant à une transaction portant sur une moto. Il y avait apposé le cachet incriminé et qui était destiné à un certain Lamine Sarr. Toutefois, lorsque celui-ci l'a brandi devant les enquêteurs du commissariat central pour les besoins de la légalisation, les limiers ont constaté que le document est un faux.

Interrogé sur sa provenance, Lamine a balancé le nom de l’ancien policier comme étant l'auteur de ce faux. Ainsi, pour arriver à le ferrer, les éléments du commissariat de Rebeuss lui ont demandé de leur en confectionner. Et bien sûr, Saliou Mbaye est tombé dans le piège en établissant un autre acte tout en estampillant celui-ci du sceau qu'il détenait. Avant qu'il ne soit cueilli à son tour. Cependant, il ne sera pas la seule personne à tomber dans cette affaire. Car il a aussi cité le nom d'Adama Bâ Diop. Ancien militaire de la classe 96, ce dernier est poursuivi pour association de malfaiteurs, vol de deniers publics, de faux et d'usage de faux dans un document administratif. Des faits qu’ils ont tous les deux contestés.

Entendu en premier, Saliou Mbaye avoue avoir commis l’erreur d’apposer le cachet du commissaire sur l’acte de vente. Interrogé sur l’origine de ce cachet qui lui a valu son arrestation, il raconte : “Lorsque je suis allé à la retraite en 2012, on m'avait maintenu dans ce service avant de quitter. Et un an après mon départ, on m'a apporté une caisse qui contenait mes bagages. C'est dans ce carton où se trouvait ce cachet nominatif qui n'était plus utilisable. C'est suite à ça que l'un de mes amis a apporté une pièce pour que je lui fasse la légalisation avec le cachet, mais il n'a jamais été question de rémunération entre nous. Et lorsqu'il est allé à ce commissariat, il leur a dit que c'est moi qui ai mis le cachet. C'est suite à ça que les éléments dudit commissariat m'ont appelé au téléphone et m'ont demandé la même chose, c'est-à-dire apposer un cachet dans un autre acte de vente. Ce, avant qu'ils ne procèdent à mon interpellation, parce que je détenais un tampon du commissariat de Rebeuss où je servais auparavant. Et j'ai reconnu cela à la police.” Le prévenu a regretté en avouant qu’il ne devait pas agir de la sorte.

Pour sa part, l’ancien militaire Adama Bâ Diop soutient : “C'est le nommé Assane Fall qui m'a donné un acte de vente à propos d'une vente de moto. Et il voulait une légalisation. C'est là que je lui ai dit que j'ai une connaissance pour ça et j'ai récupéré le dossier pour le donner à Lamine Sarr.” S’il espérait minimiser son implication dans cette affaire, les éléments du dossier l’accablent. En effet, selon le procès-verbal d’enquête, quatre autres cachets dont celui de la Section administrative de la Sûreté urbaine, du commandant du port urbain, du commissariat de Rebeuss et du commissariat central ont été trouvés chez lui. Interrogé sur cette découverte, il avait confié à l‘enquête qu’il avait ramassé ces sceaux de l’Etat dans des poubelles du commissariat central. En effet, précise-t-il, sa boutique fait face aux locaux de ce commissariat. Ce qu’il a nié avec véhémence en déclarant formellement qu’aucun cachet n’a été découvert par-devers lui.

Le parquet a requis l’application de la loi. Les conseils de Adama Bâ Diop ont plaidé la relaxe au bénéfice du doute tandis que celui de Saliou Mbaye a sollicité la clémence.

Les prévenus seront édifiés sur leur sort le 17 mars prochain.