NETTALI.COM – Affecté à Tambacounda, Souleymane Téliko n'a pas le soutien de ses collègues du nouveau bureau de l'Union des magistrats sénégalais. Son successeur Ousmane Chimère Diouf réfute la thèse de l'affectation-sanction et focalise son discours sur l'obligation de réserve qui s'attache à leur profession.  

Successeur de Souleymane Téliko à tête de l’Union des magistrats sénégalais, Ousmane Chimère Diouf dit qu’il n’ pas été saisi de l’affection de son prédécesseur, à Tambacounda. « L’Ums ne siège pas et n’a aucun rôle actif. Nous n’avons pas été saisis par le président Téliko, comme d’autres collègues l’ont fait. Je ne peux pas parler d’affectation-sanction », déclare M. Diouf.

Poursuivant son propos, il abonde : « J’ignore l’origine de son affectation. J’ai entendu le garde des Sceaux donner des arguments et je m’en limite à ça. On ne peut pas raisonner autour du lieu. Nous sommes habilités à travailler partout ».

Ousmane Chimère Diouf a tenu ses propos lors de son discours inaugural ce jeudi. A l’occasion, comme pour enfoncer Téliko, il a mis l’accent sur l’obligation de réserve à laquelle le magistrat est soumis. « L’UMS, dans le strict respect de l'obligation de réserve, se lance dans une campagne de communication constructive basée sur les principes fondamentaux qui gouvernent le fonctionnement de la justice en précisant qu'elle n'est pas une juridiction habilitée à se prononcer sur des procédures judiciaires en cours, encore moins une instance chargée de critiquer les décisions rendues par ses membres ».

Ainsi, précise-t-il : «  Des voies de recours étant prévues par la loi, tout plaideur mécontent d'une décision peut à sa guise les exercer. L'UMS est une association dont le but essentiel est la défense des intérêts matériels et moraux de ses membres et doit tout faire également pour vulgariser le mode de fonctionnement de la justice pour une meilleure compréhension des justiciables et a, à ce titre, besoin d'un partenariat franc avec la presse. Il est également nécessaire d'intégrer des activités de sensibilisation et de partage en instituant une journée de la Justice sur l'étendue du territoire permettant à tout intéressé de s'imprégner des règles gouvernant le fonctionnement de la justice, et cette communication avec les magistrats eux-mêmes pourrait permettre de lever certaines équivoques ».

«  Le magistrat lui-même, rappelle-t-il, ne doit pas créer les conditions de sa vulnérabilité en faisant de son lieu de travail un critère d’indépendance, il doit être prêt à servir partout où le devoir l’appellera en ne se souciant que de bien faire son travail. Le sentiment du devoir accompli, en ne sortant jamais du cadre de son serment, doit primer sur ses ambitions personnelles. La réforme dont a besoin le conseil supérieur et qui ressort de l’avis de l’écrasante majorité des collègues consiste à définir des critères objectifs de nomination basés sur l’ancienneté, la compétence, la performance en juridiction et l’exclusion de toute affectation sanction à la suite d’une décision rendue par un magistrat en son âme et conscience. Le manque d’indépendance ne peut pas être lié uniquement à la présence du Chef de l’État et du garde des sceaux d’autant que le conseil est majoritairement composé de magistrats qui doivent pleinement jouer leur rôle. L’indépendance du magistrat ne peut résulter d’une simple déclaration d’intention ; elle se vit au quotidien et aucun magistrat n’a le droit de remettre en cause ce principe dans sa prise de décision pour quelque motif que ce soit. Il y va de la responsabilité personnelle de chacun d’entre nous. La justice est évaluée par l’opinion publique sur la base des décisions rendues et concernant des hommes politiques ».