NETTALI.COM - Du nouveau dans l'affaire des accusations de viols contre Ousmane Sonko. Les avocats de la défense ont saisi le juge Assane Thioune en charge du deuxième cabinet. Ils réclament notamment la main-levée du contrôle judiciaire imposé à leur client depuis près de huit mois. 

La défense d'Ousmane Sonko se rappelle au souvenir du juge d'instruction. Elle a transmis, le vendredi 1er octobre, deux requêtes au juge Assane Thioune. Ce dernier, en charge du 2e cabinet, est aussi intérimaire de son collègue du 1er cabinet, le défunt doyen des juges Samba Sall. Dans leur première reuqête, les avocats d'Ousmane Sonko demandent la délivrance d'une copie du dossier de la procédure et d'audition au fond. "Depuis le dépôt en date du 3 février 2021 de la plainte qui a donné le top départ de ce vaudeville judiciaire, les conseils de Ousmane Sonko ne sont toujours pas en possession de ce dossier qu'il a été pourtant loisible à tout Sénégalais ou étranger de passage ou vivant parmi nous de se procurer, au tout premier kiosque rencontré ou auprès du premier vendeur de journaux ambulant qui passait dans les parages", écrit Me Khoureychi Ba, un des avocats du leader de Pastef. Il rappelle qu'"une demande officielle du 29 mars, soit deux semaines jour pour jour après le face à face du 8 mars, n'a rien donné". Pourtant, écrit l'avocat, "inculpé, donc installé dans la cause, M. Ousmane Sonko avait le plein droit d'accéder à son dossier. Il s'agit d'un minimum incompressible, d'un acquis élémentaire qui a droit de cité jusque dans les systèmes de droit les plus décrépits, les plus insidieux et les plus surannés du monde". "Au 29 mars, l'étape du dépôt de la plainte était devenue un vieux souvenir, beaucoup d'eau ayant coulé sous les ponts, depuis le dessaisissement qui ne dit pas son nom de la Section des Recherches de la Gendarmerie Nationale jusqu'à la démission de M. Mamadou Seck juge du 8ème Cabinet, en passant par la levée burlesque de l'immunité parlementaire, la saisine du feu Doyen des Juges, les tueries du début Mars, les tentatives avortées de lynchage médiatique et de meurtre d'image qui ont toutes fini en eau de boudin... Les demandes informelles répétitives qui ont suivi cette réclamation du 29 mars n'ont pas connu un meilleur sort. Qui plus est, toujours pas entendu au fond, M. Ousmane Sonko subit en outre un traitement à la limite dégradant, cruel et extrêmement offensant qui ne saurait se perpétuer parce que la patience a tout de même des limites. Il est hautement probable que si le plan de mise à mort du 3 mars 2021 avait fonctionné, à cette heure l'instruction du dossier serait close, la date du jugement en audience criminelle spéciale fixée, les derniers réglages organisés pour un procès express sanctionné par une peine prédéfinie avec en prime un aménagement méticuleux du calendrier des procédures de voies de recours devant la Cour d'appel et la Cour Suprême...", souligne le texte. Non sans regretter : "Au 1er octobre 2021, ironie du sort, l'inculpé Ousmane Sonko en est toujours réduit à quémander une audition au fond, lui qui n'a pas eu l'heur, à ce jour, huit mois après le dépôt contre lui d'une plainte pour des faits aussi graves que des viols répétés et des menaces de mort, d'être entendu une seule seconde par un agent enquêteur, qu'il soit policier ou gendarme."

Dans leur seconde requête, les avocats de Sonko s'attaquent à "la mesure de contrôle judiciaire prise le 8 mars". Pour eux, "si elle a indubitablement sauvé le Sénégal qui était au bord du précipice", cette mesure a fait aujourd'hui "la preuve de son inanité". "Notifiée ce fameux 8 mars 2021, cette mesure assez contraignante apparaît aujourd'hui dans toute sa vilénie en mixant le déni de justice le plus insupportable avec une prise d'otage froidement mûrie dans une sorte de cocktail composé d'une dizaine de gouttes de sadisme, de deux cuillerées à soupe de perversité, d'une pleine louchée de méchanceté et agrémenté par une dose de fierté suffisante (q.s.p. en jargon pharmaceutique) pour se targuer d'avoir posé une épée de Damoclès sur la tête de l'empêcheur de tourner en rond", indique le texte de Me Khoureychi Ba. Plus loin, l'avocat souligne : "Une telle stratégie ne saurait être pérenne devant la quête pressante de justice d'un citoyen jouissant de la présomption d'innocence, élu du peuple, figure politique de premier plan et qui ressent le besoin, partagé avec ses millions de partisans et les opinions publiques, la rue africaine, d'être jugé dans les délais les meilleurs ou d'être lavé des saletés et souillures infamantes des immondes accusations portées contre sa personne." Suffisant alors pour demander la levée de la mesure de contrôle judiciaire.