NETTALI.COM - Un vent de rébellion est-il en train de souffler dans le fief du tout-puissant député-maire des Agnam? C'est la question pendante sur toutes les lèvres des observateurs politiques de la région de Matam. Le jeune Mathiar Sall, farouche opposant à la politique de Farba Ngom, avait été mis aux arrêts, suite à une publication sur Facebook dans laquelle il taxe les gendarmes de la brigade des Agnam d’être à la solde du richissime leader “apériste’’. Il bénéficie d’une liberté provisoire. C’est ce nous explique nous explique la parution de ce vendredi de Enquête.

 Mathiar Sall, le jeune activiste de la commune de Agnam, est libre, après 24 heures de garde à vue. Il a retrouvé sa famille et ses proches, ce jeudi, dans une grande émotion. Des larmes de soulagement ont coulé sur beaucoup de visages, au moment où d'autres serraient le poing en signe de victoire. Pour l'activiste, il ne fait aucun doute : Farba Ngom est bien le commanditaire de son arrestation. Mais, plus exactement, Mathiar Sall a été convoqué à la brigade de gendarmerie de Agnam, après avoir fait une publication sur Facebook où il attaquait vertement les hommes de tenue. Il les taxait d’être des bénioui-oui du maire des Agnam.

Cette publication, qui avait été retirée quelques minutes après par son auteur, avait déjà été partagée et capturée par plusieurs personnes. Suffisant pour être convoqué à la brigade de gendarmerie de la localité, avant d’être déféré à Ourossogui, ce mercredi. Son arrestation a suscité l’indignation au sein des populations acquises à sa cause. “Cette arrestation de Mathiar est une mascarade. C’est Farba Ngom qui est derrière tout ça. C'est lui qui tire les ficelles. Il ne supporte pas qu’il y ait quelqu’un qui s'oppose à lui. Il veut agir comme s’il était un roi. La réalité est qu’il prend la commune de Agnam comme son royaume. Il est le seul à décider de tout, sans même consulter les populations, parce qu’il se dit qu’il a beaucoup fait pour Agnam. Et c'est cela qui frustre les gens qui n'osent pas l'exprimer. La rébellion de Mathiar, la vérité est que Farba l'a vécue comme une humiliation’’, fulmine un jeune qui n'a pas souhaité que son identité soit révélée.

Talibé retrouvé mort, fille de 12 ans violée à Agnam

Selon les écrits de l’activiste qui est un émigré installé en France, il a été convoqué à quatre reprises, depuis qu’il est rentré chez lui, le 24 septembre. Il avait, d'ailleurs, prévu de tenir un point de presse pour s'exprimer sur la situation politique de la commune de Agnam. Sa virulence contre le député-maire est un secret de polichinelle. Il fait des révélations explosives sur la gestion de l’équipe municipale, teintée de “sacrifices humains’’

Sa dernière révélation faisait état d'un jeune talibé retrouvé mort dans le village de Agnam. Mieux, il révèle qu'une jeune fille de 12 ans aurait été violée à plusieurs reprises par des adultes et serait présentement enceinte. Des signes évidents de l’insécurité grandissante dans la commune.

Ce courage de s'attaquer frontalement au tout-puissant maire intrigue et fascine beaucoup de politiciens. Des responsables politiques de Thilogne, notamment, farouches opposants à Farba Ngom, ont manifesté leur soutien au jeune activiste. En politique, l’adage “l'ennemi de mon ennemi est un ami’’, est un viatique. Ce qui pourrait clairement justifier les positions de ces responsables politiques.

Chez les jeunes, tout le monde ou presque demandait, exigeait la libération de Mathiar. Ils avaient inondé les réseaux avec des slogans “Je suis Mathiar’’ ou “Libérez Mathiar’’.Une union sacrée qui a porté ses fruits, puisque le “rebelle’’ a été finalement relâché. Mais certains jeunes leaders d’opinion n'approuvent pas, pour autant, la méthode de Mathiar. C'est le cas de Djibril Diaw “Galsene’’ du mouvement Fouta dit Non. Il exprime une position qui ne laisse place à aucun doute. Il reconnait l'erreur de son camarade et il préfère implorer le pardon : “Notre camarade et frère Mathiar Sall ‘Force Armée’ s’est attaqué, à travers un post sur Facebook, à l’institution la gendarmerie. Le post en question fut supprimé, mais trop tard, puisqu’il a été vu et capturé. Ce qui lui a valu une convocation, hier, dans la matinée, à la brigade des Agnam, puis d’être déféré à la brigade de Thiambé, non loin de Ourossogui. Pour qu’il n’y ait pas d’amalgames, il s’agit ici d’un citoyen qui s’en est pris à une institution et, de ce fait, nul ne rentre dans les affaires d’intimidation ou de victimisation. Ce qu’on demande, c’est un pardon sincère de notre part et de sa part. Ç’aurait été nos amis de l’autre camp, nous le ferions également, car il est des nôtres’’, a-t-il écrit sur sa page