NETTALI.COM – Les chiffres de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) ‘’sont crédibles’’ et personne ‘’ne peut nier’’ que le nombre de pauvres ‘’a augmenté entre 2011 et 2018’’. C’est ce qu’a reconnu, hier, le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, en marge de la Revue annuelle conjointe (RAC 2021),après la polémique créée par un communiqué de son département ‘’rectifiant’’ le rapport de l’ANSD sur la pauvreté.

Après un communiqué de son département pour justifier le taux de la pauvreté au Sénégal, selon les chiffres publiés mardi par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) qui est un démembrement de son ministère, le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a été très critiqué. Présidant hier la Revue annuelle conjointe (RAC 2021), Amadou Hott a tenu à corriger sa communication. ‘’Les chiffres de l’ANSD sont crédibles. Personne ne peut nier que le nombre de pauvres a augmenté, entre 2011 et 2018, de 200 mille personnes qui ont un revenu inférieur au seuil fixé de 333 000 F CFA par tête et par année. Mais, au même temps relativement, à la croissance de la population, le taux de pauvreté a baissé. C’est vrai que le nombre de pauvres a augmenté de 200 mille personnes, mais, en même temps, le taux de pauvreté a baissé de 5 points. C’est exactement ce que j’ai voulu dire, en faisant un communiqué sur le rapport de l’ANSD’’, précise le ministre de l’Economie en des termes reproduits par Enquête.

D’après Amadou Hott, ils sont également ‘’conscients’’, gouvernement, société civile et secteur privé, qu’il faut ‘’faire beaucoup plus’’. ‘’D’ailleurs, c’est ce que le gouvernement est en train de faire : plus, mais aussi mieux. Il ne s’agit pas seulement de dépenser plus, mais il s’agit de dépenser mieux. Donc, l’efficacité des politiques publiques, c’est un sujet extrêmement important. C’est majeur et c’est la raison pour laquelle nous faisons ces orientations pour recueillir les préoccupations pour qu’on puisse faire remonter tout cela au niveau du gouvernement, des institutions, pour que tout le monde fasse le suivi. La pauvreté est là. On ne peut pas nier qu’il y a le nombre de pauvres qui augmente. Dans tous les pays du monde d’ailleurs, le nombre de pauvres augmente. Mais le taux de pauvreté peut diminuer et augmenter, selon le taux de croissance’’, poursuit-il.

Le ministre en charge de la coopération a reconnu aussi qu’avoir le meilleur taux de croissance ‘’n’est pas assez’’. ‘’Il faut faire plus. C’est pourquoi d’ailleurs dans le Pap2A, nous avons le renforcement de la protection sociale qui est un chantier majeur au niveau du ministère en charge de la solidarité. Il y a un travail qui est en train d’être fait pour finaliser la stratégie nationale de renforcement du Pacte de solidarité. Et au niveau du ministère de l’Economie, un travail est également en train d’être fait et toutes ces études vont être harmonisées pour qu’on arrive à proposer un pacte social plus ambitieux. C’est cela la volonté du président de la République’’, admet M. Hott.

Travailler sur la compétitivité de l’économie et créer des emplois

Toutefois, le ministre a relevé que les bourses de sécurité familiale, c’est plus de 320 mille familles, à peu près 3 millions de personnes qui en bénéficient depuis 2013. Ce qu’il trouve ‘’énorme’’. C’est plus de 30 milliards de francs CFA par année. ‘’Mais ce n’est pas assez. On ne souhaite pas, dans le très long terme, continuer à voir le nombre de personnes qui en bénéficient augmenter. Ce que nous souhaitons, c’est sur cela que nous sommes en train de travailler et c’est la raison pour laquelle nous avons un nouveau programme d’urgence. Tous ces programmes que nous avons au niveau du logement, de l’agriculture, de l’industrialisation, dans la manière d’augmenter la connectivité, c’est pour que notre économie soit compétitive pour que nous puissions créer des emplois’’, dit-il.

Le gouvernement, insiste Amadou Hott, est ‘’conscient’’ que pour le bonheur des Sénégalais, pour réduire drastiquement le taux de pauvreté, il faut plus d’emplois. Et chaque Sénégalais aspire à cette dignité de se lever le matin, d’aller au travail et de gagner sa vie, de ne pas tendre la main. ‘’Malheureusement, aujourd’hui, ce n’est pas le cas. C’est pourquoi toutes ces réformes sont en train d’être faites dans le Doing Business. Ce n’est simplement pas parce qu’il y a une notation de la Banque mondiale qui d’ailleurs va être arrêtée à partir de cette année. C’est fondamentalement transformer notre économie, la rendre plus compétitive, nos entreprises compétitives, pour qu’elles puissent vendre plus dans notre pays, mais également pour qu’elles puissent exporter davantage. Donc, l’idée, c’est que cela soit produit ici. Qu’on consomme ce que nous produisons et que nous exportons plus chez nos voisins et même le reste du monde, le marché mondial’’, souligne-t-il.

Si d’autres pays exportent au Sénégal, le ministre de l’Economie a estimé que c’est parce que leurs entreprises sont ‘’plus compétitives’’ qu’elles font peut-être des produits de ‘’qualité’’. ‘’Tout cela fait partie du package. Ce sont des choses qui vont ensemble, pour prendre en charge véritablement les préoccupations des Sénégalais et des Sénégalaises. Quand je vais dans les villages, les banlieues, que ce soit à Yeumbeul ou Keur Massar, Pikine ou ailleurs, on voit que la pauvreté est là. Mais, il faut retenir qu’il y a de l’amélioration avec les politiques du gouvernement, avec le Plan Sénégal émergent (PSE). Mais, ce n’est pas assez et nous ferons beaucoup plus. On le verra dans le budget 2022 qu’il y aura une augmentation importante. Mais aussi dans la manière d’exécuter les projets’’, dit-il.