NETTALI.COM – Avec cette pandémie, les fake news qui sont légion, ont fini de produire leurs effets à tel point qu’une certaine partie de la population Sénégalaise rechigne à se faire vacciner. Entre ceux qui sont dans le déni de l’efficacité du vaccin et qu’il faut convaincre du contraire, la difficulté de faire respecter les mesures barrières, le port du masque, l’équation des rassemblements à éviter, la dotation en vaccins pas évidente pour l’Etat, la gestion de la pandémie semble évoluer en dents de scie, à tel point qu’il est aujourd’hui nécessaire que les autorités la reprennent en main.

Trop de mauvaises informations relatives au vaccin distillées çà et là. C’est le constat qu’il a été donné de faire. Selon les recommandations de l’OMS, le vaccin combiné avec le respect des mesures barrières, le port du masque et l’arrêt des rassemblements, reste aujourd’hui le seul salut offert aux populations.
Mais que n’a-t-on pas entendu comme inepties, notamment ces fameuses thèses complotistes qui viseraient à faire disparaître l’Afrique de la surface de la terre ; ces supposés effets secondaires du vaccin, sans oublier ces expériences diffusées sur les réseaux sociaux et qui ne visent qu’à discréditer le vaccin, alors qu’elles ne prouvent rien du tout au fond. Ce qui est surtout sidérant, c’est d’entendre les commentaires hasardeux et approximatifs de certains chroniqueurs au background si peu épais, rivalisant de qualificatifs et d’indignation sur les plateaux télé. Ceux-là donnent des leçons, alors qu’ils ignorent tout de la maladie. Ils oublient certainement que les études de médecine requièrent 7 ans après le bac, sans oublier 4 années supplémentaires pour la spécialisation. Il faut en plus compter l’expérience et la pratique.

Ils doivent surtout se rendre à l’évidence qu’ils ne peuvent point prendre la parole, si ce n’est pour inciter les Sénégalais à davantage de protection. Ils se permettent même de donner des explications scientifiques, version Google, ou de livrer des informations recueillies au hasard de leurs zappings télévisuels, lorsqu’ils ne s’aventurent tout simplement pas sur des terrains glissants, comme à donner d’improbables conseils de stratégie vaccinale. Ils peuvent à la limite se plaindre de ne pas trouver de vaccins ou de constater, pour le déplorer, des rassemblements qui n’ont pas lieu d’être, etc. Mais aller jusqu’à faire croire que les vaccins ont été fabriqués de manière un peu trop précipitée pour pouvoir être efficace, relève tout simplement de la spéculation et de l’ignorance de leur part.

Des recherches entreprises depuis longtemps

Dans leur argumentation, ils font même valoir l’idée que la création d’un vaccin doit prendre du temps. Cela est vrai certes puisque le temps de la recherche peut-être long, mais ils ignorent, suivant ce que l’on a appris de sources médicales dignes de foi, que les coronavirus étaient connus des microbiologistes depuis 1930 (chez la volaille). En 1965, le premier cas d’infection humaine à coronavirus fut décrit, mais ces infections respiratoires étaient bénignes. En 2002, les coronavirus ont franchi un cap en pathologie infectieuse humaine. En effet, le 1er cas de SRAS (syndrome respiratoire aigue sévère) a été noté en novembre 2002, le virus responsable étant le SARS-cov 1 ; le 12 mars 2003 a été sonnée l’alerte mondiale par l’OMS et la fin de l’épidémie de sras, déclarée en juin 2003 (oms) avec 8464 cas dont 799 morts. Ce qu’ils ne savent pas aussi, c’est qu’en 2002, il existait déjà un vaccin anti-coronavirus pour les animaux domestiques (chiens, chameaux, etc) et qu’avec l’avènement du SRAS, des essais vaccinaux avaient démarré avec les vaccins à virus atténués.

En 2012, une autre forme de sras a été notée au Moyen orient appelé mers-cov (middle-east respiratory syndrome à coronavirus) plus particulièrement en Arabie saoudite et moins sévère que le sras. Au total, d’avril 2012 jusqu’en septembre 2019, ce sont 2468 cas confirmés au laboratoire et 851 décès qui ont été enregistrés. Tout cela pour dire qu’une recherche active était en cours sur les coronavirus (sans oublier les essais vaccinaux depuis 2002)

En novembre 2019 à Wuhan en Chine, les 1ers cas COVID-19 ont été déclarés avec comme virus responsable, le SARS-COV 2. Au début de la pandémie, les moyens thérapeutiques utilisés dans les épidémies de SRAS et MERS-COV ont été mis en œuvre avec des succès mitigés. Devant l'urgence sanitaire et à la demande de l'Organisation Mondiale de la Santé, des moyens financiers énormes et les nouvelles technologies vaccinales qui étaient dans les pipelines des grands laboratoires de recherche et pharmaceutiques, ont été mobilisés avec l’implication notamment de présidents de républiques, de mécènes et d’investisseurs pour arriver à cette réponse d’urgence. Et il convient de noter que si la plupart des vaccins qui ont été fabriqués, sont à ARN, c’est bien, si l’on en croit nos sources, qu'ils sont bien plus simples et plus rapides à produire à grande échelle que les vaccins « classiques » tels que les vaccins à virus atténués.

Après avoir écouté le docteur Amadou Ndiaye, directeur de l’hôpital Abasse Ndao, à l’émission « Jakarloo » de ce vendredi 13 Août, les choses deviennent un peu plus claires, notamment en ce qui concerne les nouvelles recommandations de vaccination des femmes enceintes, des personnes qui ont des problèmes pulmonaires et des malades du Sida. Certains ont, en effet, fini d’assimiler ces nouvelles recommandations du Ministère de la Santé surtout à du tâtonnement, ignorant le principe de précaution et l’évolution de la maladie avec les variants. « Pour les femmes enceintes, initialement nous n'avions pas toutes les données, donc par précaution, nous avions jugé utile de ne pas les vacciner. Avec le temps, nous avions constaté que la souche originelle ne menaçait que les personnes âgées et ceux souffrant de comorbidités ; et que le variant Delta s'attaquait désormais aux nouveaux nés et aux femmes enceintes jusqu'à ce qu’on note quatre décès de femmes en état de grossesse. », a fait savoir le docteur Ndiaye avant de poursuivre : « A cet instant, la santé publique autorise de vacciner les femmes enceintes et de les suivre de manière spécifique pour contrôler l'effet du vaccin. Nous avons juste préconisé d'attendre pour ce qui concerne les femmes en état de grossesse parce que nous n'avions pas encore fait d'études les concernant, car cette maladie nous a pris de court. C'est ça la science. ». Le Pharmacien biologiste Ndiaye ne manque d’ailleurs pas d’ajouter : « nous qui sommes des chercheurs, nous appliquons des tests sur les animaux, ensuite nous faisons des expertises sur une échelle de personnes avant d'autoriser la population à prendre le vaccin. Comme nous ne l'avions pas testé sur des femmes en état de grossesse, nous avons préconisé d'attendre. Mais comme la maladie s'attaque à elles, nous avons adopté cette stratégie vaccinale. Quant à ceux qui ont des problèmes pulmonaires, vu que le variant s'attaque aux poumons, c'est pour cette raison qu'on leur demande de se vacciner. Idem pour ceux qui souffrent du VIH car ils ont un système immunitaire faible. S'ils contractent le virus, ils deviennent automatiquement des cas graves, c'est pourquoi nous leur demandons de se vacciner pour les protéger. » Bref une manière de dire que la stratégie évolue en fonction des nouvelles observations.

Que penser des agitations de ces deux femmes sur les réseaux sociaux : l’une pointe du doigt le déclenchement de ses règles, suite à la prise du vaccin ; la seconde relève que son téléphone se colle sur la partie où elle a reçu l’injection. Dans le premier cas, des sources médicales indiquent, qu’en raison de la spécificité de chaque individu et sous l’effet du stress (peur du vaccin, craintes, etc), les règles peuvent être déclenchées chez certains. Un argument conforté par le Dr Ndiaye qui relève qu’à la base, l'homme a des particularités qui n'ont rien avoir avec la science. Ce sont à son avis, des aptitudes individuelles, estimant qu’un individu peut se faire vacciner et découvrir qu’il est plus performant sexuellement du fait du vaccin, alors que tout cela n’est que psychologique. Dans le second cas, l’équation que soulève la dame au téléphone qui colle à la partie de l’injection, ne prouve rien en réalité puisqu’on a affaire à une image dont on ignore tout des conditions de sa prise. L’affaire semble plutôt être de l’ordre du fantasme.

Ces derniers jours, le ministère de la santé a semblé vouloir changer de stratégie en faisant intervenir des spécialistes lors de ses points quotidiens. Ce qui est une bonne chose en soi puisque cet acte de communication permet de livrer des informations plus pointues et plus précises dans le cadre des recommandations, comme cela a été noté avec l’intervention de gynécologues, de pédiatres, de sages-femmes, etc.

Les nombreux décès de ces dernières semaines ont eu pour effet de pousser certaines populations dans le désarroi à aller se faire vacciner. Mais il reste toujours d’irréductibles réfractaires au vaccin que l’on pourrait considérer comme des suicidaires, dans un contexte où prolifère le variant Delta très virulent et dont les spécialistes déclarent qu’en trois, quatre jours, le contaminé peut se retrouver en réanimation, contrairement au début de la pandémie durant lequel, la personne infectée pouvait rester une semaine à contaminer son entourage, sans pour autant savoir qu'il a le virus.

Le docteur Alioune Badara Ly du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous) a informé à l’émission « Objection » de ce dimanche 15 Août que le nombre de décès quotidien (Covid-19) déclaré, est effectivement sous-estimé». Ce qui se passe, a-t-il avancé, «c’est qu’au niveau de la Direction des établissements de santé, il y a une plateforme électronique qui est mise en place. Cette direction travaille en étroite collaboration avec les coordonnateurs des Cte (chaque Cte en a un). Tous les soirs, à 23 h, la plateforme est remplie par les coordonnateurs de Cte pour dire combien de cas nouveaux ils ont admis, combien de cas graves et combien de décès ils ont enregistrés». C’est comme ça, estime-t-il, qu’ils ont l’information sur les décès, faisant noter qu’il y a probablement d’autres décès au niveau des services d’urgence qui ne sont pas comptabilisés. Il peut y avoir, ajoute-t-il, des décès au niveau communautaire qui leur échappent.
Précision de taille, le docteur a aussi renseigné qu’il y a également 54 décès dans les zones dites tampons qui n’ont pas encore été pris en compte, c’est-à-dire des mini-Cte dans les centres de santé qui permettent de prendre en charge certains cas graves, le temps qu’une place se libère dans un Cte. Là-bas aussi, a-t-il informé, il y a des décès pas encore pris en compte.

Toutefois, a assuré Ly, «on veut avoir des chiffres exhaustifs qui reflètent la réalité». Par conséquent, a juré le directeur du Cous, «on s’arrêtera à un moment donné pour faire le décompte et ajuster. Beaucoup de pays l’ont fait. En Chine, il y a eu 15 000 cas probables qui n’avaient pas été mis dans les statistiques et il a fallu le faire à un moment donné. En France, les décès au niveau des Epad n’avaient pas été comptabilisés et après, ils ont corrigé. Nous aussi, on corrigera».

La vaccination et la tendance baissière chez les personnes du 3ème âge

De quoi inciter plus fortement les populations à la vaccination d’autant plus que le Dr Mamadou Koumé, chef du service de gériatrie de l’hôpital Fann qui s’expliquait sur la situation des personnes âgées qui ont été les plus touchées lors de la première et de la deuxième vague de la pandémie à coronavirus, a évoqué une tendance qui s’est inversée. "Lors de ces deux vagues, leur taux de contamination était de 22% et celui de leur mortalité était à 79%. Une tendance qui s’est renversée. Aujourd’hui, a-t-il appris, le taux de contamination des personnes âgées est de 14% là où le taux de la mortalité, il est à 69% ". Ce qui montre une tendance baissière dans la transmission de l’infection au niveau des personnes âgées. Le Dr Koumé a aussi laissé entendre que si on en est arrivé à ces résultats, c’est parce que les personnes âgées sont celles qui ont le plus respecté les vaccins. La preuve, a-t-il indiqué : « sur plus d’un million de personnes vaccinées, les 33% sont des personnes âgées. Il y a donc une diminution de la contamination et de la mortalité et une augmentation de la vaccination ».

Un fait qui, de l’avis du médecin, mérite une certaine analyse car, il dit avoir remarqué que les personnes âgées qui développent des formes sévères sont celles qui n’étaient pas vaccinées. En revanche, a-t-il précisé, celles qui sont vaccinées développent des formes mineures qui nécessitent 3 à 4 jours d’hospitalisation. Il a également eu des mots s’adressant aux familles qui s’opposent à la vaccination des personnes âgées, indiquant que «celles-ci sont libres et on doit les laisser décider si elles doivent se faire vacciner ou pas ». Puisque, a-t-il prévenu : « ces personnes âgées peuvent avoir besoin d’oxygène sans le manifester. C’est la raison pour laquelle nos médecins doivent toujours s’armer de leur saturomètre ».

Il est dès lors utile de sensibiliser les populations pour lever les doutes et les craintes de certains, mais aussi de tenir un langage de vérité selon lequel, il est impérieux d’observer les mesures barrières afin de se prémunir contre le virus et surtout se faire vacciner pour éviter la forme grave de la COVID-19. Il revient aussi et surtout aux autorités sanitaires de répertorier sur les réseaux et dans les médias classiques plateaux de télé, les fausses informations distillées, de manière à les déconstruire rapidement afin de ne pas les laisser prospérer.

De plus, si on en croit le DR Ndiaye, la vaccination est une technique que le Sénégal maîtrise car, fait-il savoir : « nous avons eu à élaborer un programme élargi de vaccination, nous nous sommes vaccinés pour plusieurs maladies, nos enfants aussi. De surcroît, le Ministère de la Santé a mis sur pied un comité de vaccination qui réunit tous les spécialistes en matière de vaccination. Ce comité contrôle tous les vaccins qui entrent dans le territoire pour voir s' ils sont conformes ou pas. ». Soyons donc un peu plus optimistes et écoutons ceux qui savent et non ces vendeurs de vent des réseaux sociaux aux connaissances nulles et sans beaucoup d’intérêt.