NETTALI.COM - Les insurgés taliban se rapprochaient samedi de Kaboul après avoir pris le contrôle de la ville de Pul-e-Alam, à 70 kilomètres de la capital afghane, alors que des troupes américaines ont commencé à atterrir pour procéder à l'évacuation du personnel diplomatique et de civils.

Au lendemain de la prise de Kandahar et Herat, les deuxième et troisième villes du pays, la perte de Pul-e-Alam, où les taliban n'ont rencontré qu'une faible résistance, est une étape clé avant une possible offensive sur Kaboul.

Le Pentagone a fait savoir que deux bataillons de Marines et un bataillon d'infanterie de l'US Army seraient envoyés à Kaboul d'ici dimanche soir, soit environ 3.000 soldats.

"Ils arrivent, leur arrivée va se poursuivre jusqu'à demain", un responsable américain a dit à Reuters sous couvert d'anonymat.

Une unité d'infanterie de combat va aussi quitter Fort Bragg, en Caroline du Nord, pour le Koweït, a aussi fait savoir le Pentagone, précisant que cette unité agirait comme une force de réaction rapide à Kaboul en cas de besoin.

Plusieurs pays occidentaux ont indiqué s'apprêter à dépêcher des troupes pour procéder à l'évacuation du personnel diplomatique à Kaboul alors que la situation sécuritaire se détériore au fur et à mesure que progressent les taliban.

Les insurgés islamistes ont vu leur emprise croître à un rythme effréné ces derniers jours. Et les pertes de Kandahar et Herat sont un sérieux revers pour le gouvernement afghan et font désormais craindre une offensive sur Kaboul dans les prochains jours.

Les Nations unies examinent la situation sécuritaire en Afghanistan "heure par heure" mais ne prévoient pas, pour l'heure, d'évacuer leurs personnel présent sur place, a déclaré vendredi Stéphane Dujarric, porte-parole de l'organisation.

Des diplomates ont indiqué que les ambassades avaient commencé à brûler du matériel sensible en amont des évacuations.

L'ambassade des États-Unis à Kaboul a informé son personnel que des poubelles et un incinérateur étaient disponibles pour détruire du matériel sensible, selon une note consultée par Reuters.

Les Nations Unies ont averti que "l'Afghanistan (était) en train d'échapper à tout contrôle" et ont exhorté toutes les parties à faire davantage pour protéger les civils.

"C'est le moment de mettre fin à l'offensive. C'est le moment d'entamer des négociations sérieuses. C'est le moment d'éviter une guerre civile prolongée ou l'isolement de l'Afghanistan", a déclaré António Guterres, le Secrétaire général de l'ONU, lors d'une conférence de presse à New York.

Selon les habitants de la capitale, de nombreuses personnes constituaient des réserves de riz et d'autres aliments, ainsi que de produits de première nécessité.

Les demandes de visa dans les ambassades se comptaient de leur côté en dizaines de milliers, selon des responsables.

La reprise des combats fait craindre une crise humanitaire et un recul des acquis en matière de droits de l'homme.

Quelque 400.000 civils ont été contraints de fuir leur foyer cette année, dont 250.000 depuis le mois de mai, selon un responsable de l'ONU.