NETTALI.COM Tout porte croire que l’on va assister à une dérive dictatoriale du régime de Macky Sall, si l’on suit le raisonnement de Toussaint Manga. Invité hier à l’émission « Jakaarlo », sur TFM, le député libéral a listé les vices supposés dans le nouveau texte voté hier par le Parlement.

A en croire Toussaint Manga du Pds, on n’a pas donné aux Sénégalais le temps de mieux comprendre les motivations profondes du nouveau texte, à la lumière des innovations apportées. « Même si nous sommes députés, nous ne sommes pas tous des experts en matière de Droit. Il y a des lois que l’on peut lire en diagonale, mais pour certaines lois, cela exige l’avis d’un spécialiste pour fonder une religion », prévient-il.
« Il y a 5 innovations et elles ne sont pas toutes mauvaises », se réserve le député libéral. Il cite par exemple, au rayon des améliorations, le nouveau dispositif pour prévenir le blanchiment d’argent et la lutte contre le terrorisme. Pour mémoire, hier face au Parlement, le ministre de la Justice, expliquant le bien-fondé du nouveau texte, a jugé que « malgré la panoplie d’incriminations prises en compte dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et son financement , le droit positif sénégalais ne couvre pas encore entièrement certaines problématiques que posent les résolutions pertinentes n°1373 (2001) et n°2178 (2014) du Conseil de sécurité de l’ONU ». Cela, Manga l’admet.

Par contre, ce qui dérange le député libéral a surtout trait à la redéfinition des infractions liées à l’association de malfaiteurs. Il rappelle qu’en 2015, il avait été arrêté pour, selon l’accusation, association de malfaiteurs. « En réalité, on ne m’a pas pris la main dans le sac, ce sont des jeunes de l’UJTL que l’on a arrêtés et ensuite on m’a interpellé. Cela veut dire qu’aujourd’hui, on peut arrêter n’importe quelle personne qui organise un rassemblement pour association de malfaiteurs », déduit le député.

Toussaint est d’autant plus sceptique, que pense-t-il, « à chaque fois que sous Macky Sall des réformes sont apportées, il y a des soubassements politiques ». Il en veut pour preuve, le référendum organisé en 2016 pour supposément verrouiller la polémique ayant trait à la limitation des mandats, « alors que même ceux qui ont rédigé le nouveau texte ne peuvent plus se prononcer clairement sur cette question ». « Pourtant, il est clairement écrit nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs », relève-t-il ; non sans indexer « une instrumentalisation des lois pour écarter Karim Wade et Khalifa Sall, et faire passer le parrainage ».

Autre incongruité dans motivations apportées : Toussaint Manga décèle « la fixation d’un régime général de la responsabilité pénale des personnes morales ». « Cela signifie que si des militants d’un parti organisent une manifestation et qu’il a débordement, la responsabilité du leader de ce parti est engagée en tant que personne morale. C’est donc une loi taillée sur mesure pour gérer les deux ans qui risquent du mandat de Macky Sall », détaille le parlementaire.

En outre Toussaint Manga pointe la disposition portant « trouble au fonctionnement normal des instituions ». A cet égard, il a rappelé au président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse que le 23 juin 2011, il y a eu « trouble au fonctionnement normal des instituions » et pourtant cela ne l’avait pas empêché de manifester vigoureusement, alors qu’il était dans l’opposition à Abdoulaye Wade. « Lui, Moustapha Niasse, il était venu manifester et on l’a photographié tenant une grosse pierre. Si l’on avait appliquait cette nouvelle loi, il aurait été arrêté et condamné à la réclusion criminelle pour terrorisme », compare Manga.
Enfin, l’ancien patron de l’Ujtl dénonce l’infraction liée aux technologies de l’information et de la communication. Il croit savoir que même la liberté de la presse est menacée avec cette nouvelle loi.