NETTALI.COM - Emmanuel Macron reçoit ce mardi plusieurs dirigeants africains et représentants d'organisations internationales, notamment des bailleurs de fonds, pour un sommet destiné à réfléchir aux moyens de relancer les économies africaines, qui font face à plusieurs milliards de dollars de dette sur fond de pandémie de COVID-19.

Ce sommet fait partie de l'initiative mise en place par le président français pour renforcer les investissements en Afrique alors que le continent fera face à un déficit de près de 300 milliards de dollars (245 milliards d'euros) d'ici fin 2023, après avoir subi une récession économique l'an dernier.

"La crise a touché tous les pays, tous les continents, l'Asie, l'Europe, et l'Afrique. La singularité de l'Afrique, c'est qu'elle n'a pas les moyens financiers aujourd'hui de protéger et de relancer son économie comme l'ont fait tous les autres continents", a souligné mardi sur RFI le ministre français des Finances, Bruno Le Maire.

Citant le Fonds monétaire international (FMI), Bruno Le Maire a indiqué que les pays développés avaient consacré près de 25% de leur richesse nationale à relancer leur économie, alors que ce chiffre est d'à peine 2% en Afrique.

"Donc le risque majeur, celui que nous voulons prévenir (...) c'est la grande divergence économique entre le continent africain qui repartirait en arrière - cela peut s'aggraver avec le retour de la pauvreté, la croissance de l'inégalité- , alors que de l'autre côté les Etats-Unis repartiraient fort, l'Europe repartirait fort, l'Asie repartirait fort", a expliqué le ministre français.

"C'est un problème économique, c'est un problème politique, mais c'est aussi un problème de sécurité", a-t-il résumé, ajoutant que l'enjeu en Afrique était absolument stratégique pour la France et pour l'Union européenne.

Le sommet à Paris réunit une trentaine de chefs d'Etat africains et européens, ainsi que les dirigeants d'institutions financières internationales comme le FMI.

Selon la Banque africaine de développement, jusqu'à 39 millions de personnes pourraient tomber sous le seuil de pauvreté cette année, de nombreux pays africains étant sous la menace d'un surendettement en raison de la pandémie.

Emmanuel Macron estime qu'un "New Deal" est nécessaire pour l'Afrique afin d'apporter au continent une bouffée d'air frais.

En avril, les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales du G20 ont soutenu un renforcement à hauteur de 650 milliards de dollars des réserves du FMI et une prolongation d'un moratoire sur le remboursement de la dette des pays les plus pauvres face à la crise du coronavirus.

Une source au sein de l'Elysée a indiqué en amont du sommet que la France souhaitait que cette initiative aille beaucoup plus loin.

Le financement de l'Association internationale de développement de la Banque mondiale - qui fournit une aide d'urgence -, les investissements du secteur privé et le sujet plus large de la gestion de la crise de la dette seront également au menu du jour.

"Le président a parlé d'annulations massives de la dette et continue de penser qu'il est très important de fournir des liquidités aux pays africains et de leur permettre d'investir", a dit cette source à l'Elysée.

Emmanuel Macron s'est dit favorable, lundi, à l'annulation de la dette du Soudan envers la France, soit un montant de quelque cinq milliards de dollars, afin d'aider ce pays à poursuivre sa transition démocratique et à sortir de la crise économique.