CONTRIBUTION - L’’honorable’’ député Aymérou Gningue, Président du Groupe Bennoo Bokk Yaakaar du président-politicien, a publié une contribution dans différents quotidiens de la place, notamment à WalfQuotidien du samedi 20 mars 2021. Cette contribution n’a convaincu personne, du moins personne tant soit peu doté de bon sens et de culture politique. Elle s’inscrit plutôt dans une même volonté, une même dynamique affichée par le président-politicien et sa coalition de discréditer au Ousmane Sonko, faute de le faire condamner et de lui faire perdre ses droits civils. On se rappelle qu’une certaine avocate a envoyé ‘’par mégarde’’ un curieux message à l’un des avocats de Ousmane Sonko.

 

Dans ce message qui serait plutôt destiné au Ministre de l’Intérieur, l’autrice conseille de ne pas envoyer M. Sonko en prison, mais plutôt de le placer sous un long contrôle judiciaire qui lui ôterait la parole. Pendant ce temps, une communication durable serait organisée pour charger M. Sonko et le discréditer au maximum devant ses militants et ses sympathisants. Nous sommes justement dans cette communication, dans cette campagne. Madiambal Diagne a donné le ton, annoncé la couleur et sonné la charge dans son ‘’lundi’’ du 15 mars 2021. ‘’L’ami’’ du couple présidentiel n’y a pas ménagé la cible privilégiée de Bennoo Bokk Yaakaar et l’a chargé sans ménagement. On peut lire ainsi dans ce fameux ‘’lundi’’ : « (…) Des personnes sont arrêtées et détenues pour avoir participé aux actions subversives. Il semble moralement inacceptable que les exécutants paient seuls, alors que le commanditaire, l’instigateur, le donneur d’ordres, Ousmane Sonko, clairement identifié, soit épargné par le glaive de la justice. La seule chose qui pouvait arriver à Ousmane Sonko était d’être traduit en justice pour ces faits et de lui faire application de la rigueur de la loi pénale. Mais il semble acquis que rien ne lui arrivera de ce point de vue et qu’il pourra continuer à se calfeutrer dans sa maison, avec sa famille, et donner des mots d’ordre que vont exécuter à la lettre des hordes de militants. »

 

Ainsi pour lui, Ousmane Sonko est manifestement coupable et le glaive de la justice devrait lui tomber lourdement dessus. Mais il craint que peut-être rien ne lui arrivera et il « pourra continuer à se calfeutrer dans sa maison, avec sa famille, et donner des mots d’ordre que vont exécuter à la lettre des hordes de militants ». Il faudrait alors envisager un autre moyen qui est tout trouvé dans le ‘’Lundi’’ de l’ancien ‘’ami’’ du vieux président-politicien. Voici comment il développe le moyen : « (…) Au terme de son instruction, le juge Samba Sall pourrait décider d’un non-lieu, s’il trouvait les charges insuffisantes et une telle décision laisserait la latitude aux parties d’user de leurs droits de recours judiciaires. A l’inverse, il pourrait décider du renvoi devant le Tribunal correctionnel. La perspective d’un procès public semble être fortement redoutée par Ousmane Sonko qui manifestement ne souhaiterait pas voir étaler sur la place publique le récit de ses contacts intimes avec la dame Adji Sarr dans cette sorte de lupanar qu’est le salon’’Sweet Beauté’’. Aussi, certaines fuites dans la presse de l’audition par le juge d’instruction de la dame Adji Sarr révèlent des faits et actes sexuels qui ne manqueraient pas d’avoir un impact on ne peut plus négatif sur la moralité de Ousmane Sonko, qui a quelque part travaillé à asseoir une image immaculée de ‘’musulman modèle’’. On peut se demander si certaines révélations circonstanciées devant le public ne terniraient pas l’image de ce leader politique, plus que ne le ferait une condamnation pénale. Même s’il sortait d’un procès avec une relaxe, Ousmane Sonko n’y laisserait pas moins de grosses éclaboussures sur sa réputation ».

 

Madiambal Diagne est ainsi manifestement dans la logique, la dynamique du message de l’avocate : il faut « ternir l’image de ce leader politique, plus que ne le ferait une condamnation pénale » et faire de sorte qu’il laisse dans l’affaire de « grosses éclaboussures sur sa réputation ». Le coup d’envoi de la campagne de dénigrements est ainsi donné et le mercredi 17 mars 2021, la présumée victime « sort enfin de son silence », de la manière que tout le monde se rappelle. Ce théâtre avec un scénario mal assimilé a été largement commenté et je ne m’y appesantirai pas.

 

Dès le lendemain, le 18 mars, les femmes de Bennoo Bokk Yaakar et celles de Macky 2012 sortent, elles aussi, de leur mutisme. Aminata Mbengue Ndiaye et ses camarades souhaitent que l’affaire « soit élucidée », « que la justice fasse son travail pour l’éclatement et la manifestation de la vérité ». Leurs camarades de Macky 2012 ne sont pas en reste : elles aussi entrent en scène et demandent à Ousmane Sonko de jurer, comme l’y invite la ‘’plaignante’’, qu’il n’a jamais eu de rapports sexuels avec elle. Le lendemain 19 mars, le président-politicien et ses alliés se retrouvent au palais de la République devenu le palais de la dynastie et de son clan. Ils condamnent les violences de toutes sortes et « la volonté avérée de subversion de la République, de renversement de notre système démocratique acquis de haute lutte, legs de générations d’hommes et de femmes qui ont consenti d’énormes sacrifices pour sa réalisation ». Ils ajoutent que « ces agissements indiquent très clairement que notre pays est devenu une cible du fait de la découverte des ressources naturelles comme le pétrole et le gaz et qu’il constitue un dernier verrou du terrorisme pour accéder à l’océan ». Ils ne comprennent vraiment rien ou ils font semblant de ne rien comprendre.

 

En tous les cas, la campagne continue de plus belle avec la sortie du Président du Groupe parlementaire de Bennoo Bokk Yaakaar, connu pour la haine sourde qu’il nourrit à l’encontre de Ousmane Sonko, avec son camarade Cheikh Seck, dont on ne sait plus s’il est du Parti socialiste (PS) ou de l’Alliance pour la République (APR). Sa contribution publiée largement par la presse et souvent dès la ‘’Une’’ en est une parfaite illustration. Avec comme titre ‘’La notion d’inviolabilité du député en question’’, cette contribution a pour seul objet de légitimer les coups qui seront portés contre Ousmane Sonko. Il enveloppe cet objectif dans des développements sur l’irresponsabilité parlementaire, l’inviolabilité, un rappel de quelques dispositions du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, l’état de droit, la démocratie, le respect de la loi, etc.

 

D’emblée, il évoque « la qualité d’élus parlementaires dépositaires au même titre que le Président de la République du pouvoir, au nom du peuple, de faire la loi ». Est-il vraiment convaincu que le député sénégalais est dépositaire, au même titre que le Président de la République, du pouvoir au nom du peuple ? Je laisse le soin aux Sénégalaises et aux Sénégalais d’apprécier, en comparant son affirmation avec le comportement des députés de la majorité à l’Assemblée nationale. Je signalerai simplement que, même si le député dispose du pouvoir par les textes, il ne l’exerce pas : il le laisse au Président de la République qui l’exerce à sa convenance. Combien de fois des députés sénégalais ont-t-ils publiquement déclaré qu’ils ne sont pas des députés du peuple, mais bien ceux du Président Macky Sall, exprimant ainsi tout haut ce que la majorité de ses collègues pense tout bas ? Je précise aussi que, contrairement à ce qu’affirme l’’honorable’’ Président du Groupe parlementaire de BBY, les députés ne font pas la loi. Ils votent, pour l’essentiel, les projets de lois qui leur viennent de l’Exécutif. Combien de lois ont-ils voté, qui viennent de leurs propres initiatives, de propositions de lois ? Elles ne doivent pas dépasser trois ou quatre, peut-être même moins, depuis qu’ils sont à l’Assemblée nationale. Contrôlent-ils l’action gouvernementale ? Évaluent-ils les politiques publiques ? Combien de commissions parlementaires ont-ils initiées et organisées, excepté celle contre Ousmane Sonko ? Nous attendons que l’’honorable’’ nous donne des réponses précises à ces questions.

 

Notre ‘’honorable’’ Président du Groupe parlementaire de BBY s’évertue à démontrer, en se fondant sur le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, qu’il n’est pas interdit à un juge ou à un officier de police judiciaire d’entendre un député pour les besoins d’une enquête dans le cadre de plainte introduite par un citoyen. Nous le savions déjà tout cela. Il continue quand même sa démonstration et ajoute : « Une société comme le nôtre, dépositaire d’une longue tradition républicaine, qui a toujours forcé l’admiration par son attachement à l’état de droit, ne saurait accepter une quelconque complaisance dans ce domaine. » Notre ‘’honorable représentant’’ du peuple ne vit vraiment pas son temps, aveuglé qu’il est par les privilèges exorbitants dont il bénéficie largement depuis de longues années : quatre millions de francs CFA de salaire, un million d’indemnités de logement, sans compter les avantages occultes, aussi exorbitants que les premiers. Il ose ainsi affirmer ceci : « Il serait inacceptable que les dossiers politico-judiciaires aujourd’hui en jeu donnent lieu à de nouvelles formes d’impunité qui ne seraient ni à l’honneur de notre pays, ni à l’honneur de notre démocratie. » C’est terrible tout cela. Il ose flétrir toutes nouvelles formes d’impunités ! Vit-il vraiment parmi nous, depuis le 2 avril 2012 ? Le pouvoir et ses ‘’délices’’ aveuglent vraiment. L’impunité n’a jamais été aussi criarde qu’avec la gouvernance du président-politicien. Le seul cas de Khalifa Sall suffit pour le ramener à la raison. Si le président-politicien avait levé le coude sur les nombreux dossiers qui gisent dessous et les avait confiés à une justice indépendante, beaucoup de responsables de sa coalition iraient en prison bien avant Khalifa Sall, et pour des délits infiniment plus graves.

 

De même si, à la place du Procureur de la République il y avait, par exemple, un Parc national financier (comme celui de la France) qui traite les plus de vingt dossiers de l’OFNAC qui dorment sur sa table, de nombreux autres ne seraient sûrement pas aujourd’hui là où ils sont, continuant impunément de piller nos maigres deniers publics. Dans une belle, vraiment belle contribution publiée par WalfQuotidien dans son édition du 17 mars 2021 et qui a pour titre ‘’Honneur au magistrat Amadou Baal’’, M. Makhtar Diouf, professeur à la retraite affirme fortement ceci : « Si la justice était indépendante dans le pays, bien des rombiers qui tournent autour du pouvoir seraient actuellement en prison. Sous le régime de Macky Sall, les lois de la République sont comme ces toiles d’araignées dont parlait Honoré de Balzac : elles n’arrêtent que les petites mouches pendant que les grosses mouches les traversent allègrement. Ici, les petites mouches sont les opposants à Macky Sall. Les grosses mouches sont certains de ses partisans, délinquants avérés en cravate qui se vautrent dans l’impunité. » Bravo M. Makhatar Diouf ! Que notre SEIGNEUR vous gratifie d’une longue vie et d’une bonne santé ! En ces quelques mots, vous avez campé toute la gouvernance meurtrie du président-politicien et démenti de façon cinglante cet ‘’honorable’’ député qui raconte des histoires.

Dans sa contribution, ce même ‘’honorable’’ député ose aussi évoquer leur attachement, eux ‘’honorables’’ députés, au « principe sacro-saint de la stricte égalité des citoyens devant la loi ». Je ne m’attarde pas ici ; M. Diouf m’en dispense.

 

L’’honorable’’ député ne s’arrête pas en si bon chemin. Il cite Saint-Just qui disait, à juste titre selon lui, qu’ « un patriote est celui qui soutient la  République en masse (et que) quiconque le combat en détail est un traitre ». Le Président du Groupe parlementaire de BBY et ses collègues sont des traitres, eux qui tournent le dos à la République pour travailler pour eux-mêmes et pour le président-politicien, qui est lui-même traitre à la République. Nous l’illustrerons plus bas.

 

Dans sa croisade contre Ousmane Sonko – il ne s’agit que de cela –, l’’’honorable’’ député veut nous faire croire à son indignation devant « les graves accusations dont font l’objet nos institutions judiciaires tant de l’intérieur que de l’extérieur ». Et il demande qu’il lui « soit permis de rappeler que dans un état de droit, la justice doit rester, quoi qu’il arrive, le dernier rempart qui garantit nos libertés individuelles et collectives, nos investissements et nos initiatives créatrices ». Nous sommes tout à fait d’accord avec lui. Malheureusement, nous ne sommes pas dans un État de droit, donc pas dans une démocratie.

 

Du moins, nous y sommes de moins en moins, en tout cas depuis le 2 avril 2012. Je ne suis pas particulièrement compétent en sciences politiques et juridiques. Je n’en suis même pas compétent d’ailleurs, pour être honnête. Cependant, je lis, j’écoute et note. Un État de droit, donc une démocratie, c’est d’abord, de mon humble point de vue, l’équilibre des pouvoirs, avec les différentes institutions qui fonctionnent sans pression d’aucune sorte. Ce qui n’est point le cas chez nous, où le Président de la République règne pratiquement en maître sur le pouvoir législatif comme sur le pouvoir judiciaire. Je n’ai vraiment pas besoin de m’attarder ici. L’Assemblée nationale comme la justice sont aux ordres du président-politicien. Pour l’Assemblée nationale, c’est incontestable. La justice le devient de plus en plus. L’Union des Magistrats du Sénégal (UMS) en est consciente, elle qui organise le 25 mars prochain, un séminaire de deux jours avec pour thème : « État de droit et indépendance de la justice : enjeux et perspectives de réformes ».

 

Dans un État de droit, une démocratie, le Président de la République ne peut pas se fixer comme objectif déclaré publiquement, de « réduire l’opposition à sa plus simple expression ». Emmanuel Macron, Angela Markel, Boris Johnson, ni aucun autre Président de la République ou Premier Ministre Chef de gouvernement n’osent se fixer un tel objectif scélérat, encore moins le déclarer publiquement. Dans un État de droit, une démocratie, la ’’Première Dame’’, si elle existe, ne nomme pas à des emplois importants, ne nomme pas à quelque emploi que ce soit et ne traite pas des dossiers jugés trop lourds pour son époux de président. Dans un État de droit, une démocratie, le Président de la République ne peut pas se permettre de convoquer une conférence de presse, y inviter des journalistes triés sur le volet, et qui posent sagement une seule question et ne peuvent pas relancer, si la réponse n’est pas satisfaisante.

 

Dans un État de droit, le Président de la République ne peut pas pousser le mépris jusqu’à déclarer, en réponse à une question d’un journaliste, qu’il ne voit pas la couleur rouge, celle des brassards que brandissent des manifestants mécontents. Emmanuel Macron n’ose pas déclarer qu’il ne voit pas la couleur jaune. S’il s’y aventurait, il se se créerait tous les problèmes du monde. Dans un État de droit, le Président de la République ne peut pas se taper des fonds politiques annuels de cinquante à soixante milliards de francs CFA qu’il dépense da façon discrétionnaire, sans rendre compte à personne, qu’il peut même brûler, comme l’affirme un familier du palais présidentiel du Sénégal.

 

Dans un État de droit, les organes de contrôle sont autonomes, et ne sont donc pas à la merci du Président de la République qui les utilise à sa convenance. Dans un État de droit, le Président de la République n’est pas buur etbummi comme c’est le cas chez nous.

‘’Honorable’’ député, un État de droit, une démocratie, ce sont des faits, ce ne sont pas seulement des déclarations de principe. Dans votre croisade contre Ousmane Sonko, vous vous êtes lancé dans des développements qui ne doivent pas avoir convaincu beaucoup de monde, en tout cas qui ne m’ont pas convaincu. En matière de droits de l’homme, de démocratie tout court, notre pays perd de plus en plus de terrain. Nous le constatons tous les jours, avec la gouvernance du président-politicien.

 

D’autres, notamment des organisations indépendantes comme le Think tank américain Freedom House, le Democracy Index du Bureau d’Études londonien The Economist Intelligence Unit (EIUT) le constatent avec nous, dans leurs rapports sur la Liberté et la Démocratie, 2017-2020. Donc, trêve de balivernes ‘’honorable’’ ! Notre pays ne peut plus être donné en exemple – s’il l’a jamais été – en matière de libertés, de droits de l’homme, donc de démocratie.

 

Dakar, le 24 mars 2012