NETTALI.COM-A cause de la pandémie de Covid-19, il y a moins de dépistages du cancer, moins de diagnostics, moins d’argent pour poursuivre son traitement, plus de consommation d’alcool et de tabac dans certains pays… Autant de signaux qui poussent spécialistes et cancéreux à tirer la sonnette d’alarme.

Une des premières causes de mortalité dans le monde, le cancer fait partie des nombreuses victimes collatérales du coronavirus. A cause de la pandémie, il y a moins de dépistages, moins de diagnostics, moins de traitement… Si l’on en croit le cancérologue Dr Abdoul Aziz Kassé, à cause de la Covid-19, il y a moins de dépistages du cancer, de diagnostics et d’argent pour suivre son traitement.

En ce qui concerne le diagnostic, le mal a surtout été ressenti lors de la première vague, d’après les explications du médecin. Beaucoup de patients qui étaient dans les régions, rapporte-t-il dans EnQuête, avaient du mal à venir à Dakar pour se faire consulter. « Et ce sont des gens que l’on soupçonnait d’avoir le cancer, mais qui ne pouvaient venir pendant des mois. Pour ceux d’entre eux qui parvenaient à rallier Dakar, ils avaient du mal à se faire diagnostiquer, parce que les hôpitaux travaillaient au ralenti. Seules les activités Covid marchaient, à l’époque. Donc, les activités de diagnostic et de traitement avaient baissé. Ce qui n’a pas facilité les choses pour les cancéreux », informe Dr Kassé.

Selon ses explications, avec la situation de pandémie, les cancéreux eux-mêmes ont parfois peur d’aller à l’hôpital, de peur d’y être infectés par le virus. Pour d’autres, c’est surtout parce qu’ils ont perdu l’essentiel de leurs ressources ; ou bien ceux qui les assistaient dans la prise en charge ont perdu leurs revenus. A en croire le Dr Kassé, certains ont dû arrêter leur traitement à cause de cette situation. C’est une situation très complexe qui mérite d’être prise en charge de façon spécifique. Avec la deuxième vague et ses mesures restrictives, la situation reste encore sous contrôle. Mais une peur bleue habite toujours le Dr Kassé et Cie. « Jusque-là, c’est un moindre mal. Il y a juste ces malades qui préféraient venir la nuit, mais qui ne le peuvent plus. Parce que le personnel doit rentrer avant le couvre-feu. Notre plus grande inquiétude, c’est une nouvelle fermeture des frontières. Ce serait la catastrophe. Il en est de même de la fermeture du transport entre régions ».

Le cancérologue en veut pour preuve les effets néfastes de la première vague sur leur activité. « Nous avons perdu 82 % des patients qui nous venaient de l’étranger et qui constituaient 80 % de notre clientèle. Ce qui correspond à des pertes immenses. Aujourd’hui, on a la trouille, parce qu’on craint d’autres fermetures. Nos recettes avaient donc drastiquement baissé, alors que les charges sont restées presque les mêmes », regrette la blouse blanche.