NETTALI.COM - L’information a été donnée par le ministre de la Santé via son compte Twitter.  Selon Abdoulaye Diouf Sarr qui a, par la suite, retiré le tweet, un  don de 200 000 doses de vaccin Sinopharm a été fait au Sénégal par la République de Chine. Une révélation qui a suscité beaucoup d'interrogations.

Les choses se précisent de plus en plus pour le Sénégal. Après s’être inscrit dans le cadre du programme mondial Covax soutenu par l’Organisation mondiale de la santé (Oms), le Sénégal se tournerait vers la Chine pour acquérir un vaccin anti-Covid. L’annonce a été faite, hier mardi, par le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, sur son compte Twitter. «A travers un don de 200 000 doses de vaccin Sinopharm fait au Sénégal, le Président Xi Jinping réaffirme son amitié à son excellence Macky Sall et son attachement à la coopération sino-sénégalaise. Un engagement commun résolu à vaincre la Covid-19. Ensemble nous vaincrons», a écrit le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, sur son compte Twitter, avant de bouffer son annonce quelques minutes plus tard.

Pourquoi le retrait du tweet ?

Qu’est-ce qui a motivé le retrait du tweet du ministre de la Santé et de l’action sociale ? Dans la précipitation d’annoncer aux Sénégalais, troublés par la montée en puissance des cas sévères du Covid-19, l’acquisition de vaccins, le chef du département de la Santé s’est-il rendu compte qu’il révélait par la même occasion, le choix du Sénégal pour le vaccin chinois. Puisque, selon le Professeur Youssou Ndao, enseignant-chercheur en droit et déontologie pharmaceutique à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, on ne peut pas mélanger les vaccins. «Il faut choisir un vaccin. Si on commence avec le vaccin de la Chine, on va forcément terminer avec ce même vaccin. Mais on ne peut pas démarrer avec le vaccin chinois, puis prendre celui de Moderna ou de Pfizer et terminer avec un autre. Cela ne se fait pas. L’Etat doit donc avoir une politique bien définie sur le choix de son vaccin. Et devant deux vaccins, si l’un est efficace à 95% et produit beaucoup d’effets secondaires et l’autre est à 75% d’efficacité avec moins d’effets secondaires, il faut choisir celui qui a le moins d’effets secondaires.»

Selon des sources gouvernementales, dans sa démarche d’acquisition d’un vaccin anti-Covid, l’Etat ne voudrait prendre aucun risque. Le Sénégal serait surtout rattrapé par sa situation de pays à revenu intermédiaire. Le pays n’aurait même pas un dispositif frigorifique adéquat au stockage de certains vaccins anti-Covid. Une situation qui exclurait les vaccins qui sont distribués par Pfizer et BioNTech qui nécessitent un stockage à -70° Celsius. Ce qu’avoue d’ailleurs le directeur du Programme élargi de vaccination (Pev), Dr Ousseynou Badiane.

«Les Vaccins de Pfizer et Moderna ne sont pas notre premier choix. Notre premier choix est le vaccin qui intègre facilement dans le système existant, qui ne nécessite pas d’investissement majeur», explique-t-il. Non sans rappeler que la situation du Sénégal met en lumière les problèmes auxquels sont confrontés les pays pauvres aux climats chauds pour stocker et distribuer des vaccins qui sont conservés à des températures négatives.

Des interrogations sur la fiabilité et la sécurité du vaccin

Pour le Professeur Youssou Ndao, ancien agent de l’Organisation mondiale de la santé, un vaccin doit être évalué de manière exhaustive sous divers aspects tels que la sécurité, l’efficacité et l’accessibilité. «La sécurité est sans aucun doute la prémisse sur laquelle la performance en efficacité compte également dans une large mesure. La capacité de fabrication, les conditions de stockage et de logistique, la population ciblée doivent également être prises en compte», explique-t-il.

"Souvent sollicité dans la sous-région pour accompagner l’Organisation mondiale de la santé, le Sénégal n’est pas étranger aux campagnes de vaccination de masse. Mais si l’option d’accepter le don de la Chine est maintenue, l’Etat est obligé de poursuivre avec le vaccin Sinopharm. Encore une fois, on ne peut pas choisir plusieurs types de vaccin à la fois», insiste le Pr Youssou Ndao.