NETTALI.COM – La modification de la loi sur l’état d’urgence et l’état de siège n’emporte pas l’adhésion de Alioune Tine, qui pointe un recul démocratique. De l’avis de l’ex-coordonnateur du M23, on a « discrédité » l’Assemblée nationale.

L’ancien patron de la Radhho se prononce sur la modification de la loi sur l’état d’urgence et l’’état de siège et désapprouve la démarche de la majorité. « J’ai été le premier, dans les colonnes de Sud Quotidien, à alerter contre cette loi. Car, nous sommes dans un Etat de droit et quand on quitte l’Etat de Droit, c’est l’Etat de police. L’état d’urgence postule que l’on enlève aux citoyens beaucoup de droits et de libertés. Une seule institution ne doit pas en décider. C’est pourquoi, c’est une loi très encadrée  pour que l’Assemblée puisse émettre son avis », mentionne Alioune Tine.

Il rappelle que celle loi date de l’époque du « Parti unique », dans les années 60. Sous ce rapport, M. Tine démonte l’argumentaire du ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, soulignant que la nouvelle loi est élargie aux catastrophes sanitaires et sanitaires. « Cette loi (l’ancienne) comportait déjà des dispositions prévoyant les catastrophes naturelles et sanitaires. On a encore discrédité l’Assemblée nationale. On en oublie que le 23 juin, le point de cristallisation de la crise, c’était l’Assemblée nationale. Une telle assemblée ne devait plus exister », explique Alioune Tine, qui était invité, ce mardi, à l’émission « D’Clique », sur la Tfm.

L’ex-leader de la Raddho de révéler que le 23 juin 2011, si l’on n’avait pas brûlé le siège de l’Assemblée nationale du Sénégal, comme ce fut cas en octobre 2014 au Burkina Faso, c’est parce que Moustapha Niasse et Serigne Mbaye Thiam avaient joué la carte de l’apaisement pour calmer les ardeurs des jeunes manifestants.

« La vraie autorité de l’Etat ne s’exerce pas toujours manu militari, l’autorité de l’Etat, c’est aussi une autorité morale qui fait que l’on obéit au chef sans contrainte physique », théorise le célèbre défenseur des droits de l’Homme. « Cette loi me fait peur, car elle porte atteinte au Droit. Même les organisations de défense des droits de l’Homme n’ont pas été consultées. Aujourd’hui, il y a dans la sous-région, des tendances lourdes à l’autoritarisme, la dictature  et à la répression», avertit-il.

En résume, Alioune Tine parle de « recul démocratique » et en veut pour preuve : « Le Comité des droits de l’Homme a été créé par Léopold Sédar Senghor en 1974. Après les législatives de 1978, l’opposition était représentée au Parlement à hauteur de 20%, aujourd’hui, on n’atteint plus ce ratio ».