NETTALI.COM  - Les violences notées dans certains quartiers de Dakar ont peut-être amené les tenants du pouvoir à s'attacher les services de gros bras pour faire face aux jeunes contestataires. Et des voix s'élèvent pour dénoncer une démarche lourde de dangers. 

Les deux premiers jours de couvre-feu ont été particulièrement éprouvants pour les forces de l'ordre. Dans plusieurs quartiers de Dakar et de sa banlieue, les éléments de la police et de la gendarmerie ont dû faire face à des jeunes déterminés à dire non au couvre-feu. Des débordements ont même été notés dans des quartiers comme Niary Tally, Grand Dakar, Ngor, Pikine, Guédiawaye, Parcelles Assainies... Largement relayées par la presse, notamment les sites Internet, mais aussi les réseaux sociaux, ces violences ont poussé les autorités à renforcer le dispositif. Dans des zones comme Niary Tally, l'armée est venue en renfort. Mais il n'y avait pas que l'armée. Des nervis ont également été vus dans ces zones. C'était le cas aussi à Grand Dakar, vers le stade Demba Diop et aux Parcelles Assainies. Ces gros bras étaient discrètement postés dans ces zones sensibles prêts à agir. Et le plus étonnant, c'est qu'ils étaient à quelques pas des policiers. D'ailleurs, ils ne contrôlent aucun véhicule ou passant. Ce qui laisse penser qu'ils n'étaient préoccupés par les manifestants. Qui les a recrutés? A quel titre? A qui appartiennent les véhicules avec lesquels il se déplacent? Des questions qui restent sans réponse.

Directeur exécutif d'Amnesty international section Sénégal, Seydi Gassama confie avoir reçu des informations dans ce sens. Mais il attend de faire les vérifications avant de réagir. Ce que n'attend pas Moustapha Diakhaté. Convaincu qu'il s'agit bien de nervis recrutés pour casser les manifestants, l'ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar écrit : "Pour faire respecter le couvre-feu et casser les manifestants, il a été constaté, dans plusieurs communes de Dakar et de sa banlieue, l'implication active de nervis." "Ce procédé est irresponsable et dangereux. Dans une République digne de ce nom, un gouvernement ne peut recourir à des nervis dans des missions de rétablissement ou de maintien de l'ordre. L'intervention de gros bras pour le maintien de l'ordre est une extrême gravité et peut conduire le Sénégal dans une situation de guerre civile avec l'émergence de milices paramilitaires à la solde de politiciens sans foi ni loi", souligne Moustapha Diakhaté. Non sans interpeller la police et la gendarmerie. "Les responsables de l'armée, de la police et de la gendarmerie doivent refuser d'accepter d'être les complices de l'illégal déploiement de nervis à côté des forces de défense et de sécurité, dans des actions régaliennes de maintien de l'ordre républicain", insiste l'ancien parlementaire.

La présence de ces gros bras dans les rues de Dakar rappelle beaucoup l'attaque menée par de gros bras contre la mairie de Mermoz Sacré-coeur sous le régime de Wade et qui s'était soldé par la mort de Ndiaga Diouf tué par balle.