CONTRIBUTION - Depuis que le débat s’est instauré autour de l’Appel de fonds de Pastef pour se financer, la question du financement des Partis sur fonds publics, est relancée comme une alternative pour éviter toute tentation à un financement illégal.

Ainsi, cette recommandation de l’Union Européenne et du NDI du Parti Démocrate des Etats Unis, est revenue en grande pompe au centre de l’actualité politique, même si dans le Dialogue politique en cours, les Partis du Pouvoir, de l’Opposition et de la Société civile ont trouvé un consensus pour adopter le principe parmi les recommandations, soumises au Président de la République, pour décider de sa mise en œuvre.

Cette relance du débat n’est donc qu’une nouvelle tentative de le faire accepter par l’opinion publique pour permettre son adoption par l’Assemblée nationale.
Cependant, l’on devrait se demander avec inquiétude, pourquoi ces Institutions occidentales recommandent à nos Etats, à qui il est exigé une politique d‘austérité dans les dépenses publiques, y compris de masse salariale, occasionnant ainsi un grave déficit en personnel dans l’Education et la Santé publiques, se sont- elles accordées pour les autoriser à financer les Partis politiques et le Chef de l’opposition à déterminer par un Statut ?

Surtout, comment ceux qui, dans les Partis au Pouvoir, dans l’Opposition et dans la Société civile, passent tout leur temps à exiger de nos Etats à orienter les dépenses publiques vers les secteurs prioritaires , notamment dans l‘Education, la Santé, et autres services sociaux de base dont le désenclavement dont souffre le monde rural qui peine à écouler sa production, se retrouvent dans une unanimité déconcertante à adopter un tel consensus ?

Donc, si rien ne s’y oppose de façon déterminante, les Partis politiques vont devenir un démembrement de la fonction publique, en transformant leurs membres en « fonctionnaires de l’Etat » ! Cette financiarisation de la Politique change fondamentalement l’objet de celle-ci dans nos pays.

En effet, l’objet de la Politique aux Etats Unis et en Europe qui nous ont recommandé ces changements, et de nos pays jusqu’ici, est une lutte autour du système économique et social entre ceux qui veulent le conserver, ceux qui veulent le réformer, et ceux qui veulent le changer radicalement.
C’est ainsi que dans les années 90, la lutte des peuples pour exiger la « démocratisation et la décentralisation des institutions, de la vie publique , de la gestion de l’Etat et de la Chose publique, plus de transparence, pour instaurer une plus grande redevabilité des Elus et un meilleur contrôle sur les grands Commis de l’Etat, était menée à travers la lutte pour réformer ou changer le système capitaliste libéral néocolonialiste en vigueur depuis les années 60.

Dans nos pays, c’est cet objet de la Politique, qui a permis à nos peuples, d’engranger à des degrés divers, des acquis historiques en termes de souveraineté et de démocratie, qui sont devenus, de plus en plus un danger, pour la perpétuation du système capitaliste libéral néocolonial de leur domination par les grandes puissances occidentales, dès le début des années 2000.

Ainsi, avec cette financiarisation de la Politique dans nos pays, l’objet de celle-ci devient « le partage » des ressources publiques entre les Partis Politiques, auquel la Société civile va vouloir accéder, sous couvert d’une grande équité !

De cette manière, les Etats Unis et l‘Union Européenne s’attendent à ce que la lutte pour la réforme ou le changement radical du système capitaliste libéral néocolonial, devienne le cadet des soucis de nos forces vives, qui vont se crépir les cheveux, jusqu’à déstabiliser leurs propres pays, pour se partager les finances publiques, en laissant entre leurs mains, les secteurs stratégiques de leurs Economies, et leurs ressources naturelles.

C’est à cet effet que les grandes puissances Occidentales, sous l’égide du FMI et de la Banque mondiale, sont parvenu à ériger « la bonne gouvernance » comme instrument d’appréciation des hommes qui gouvernent , pour, tout en conservant leur système de domination, favoriser des alternances démocratiques au pouvoir entre forces vives, qui se présentent aux yeux du peuples comme étant les plus aptes à mener une « bonne gouvernance ».

C’est dans ce cadre, que le régime présidentiel où le Président de la République et Chef, de l’Exécutif en même temps élu au suffrage universel direct, qui focalise la lutte des forces vives de nos pays pour le contrôle de l’appareil d’Etat pour un meilleur accès aux finances publiques, est le modèle de régime qu’encouragent les grandes puissances occidentales dans nos pays.

C’est ainsi, qu’à chaque échéance d’un mandat de Président de la République, nos pays sont comme dans un « Etat de siège » et risquent à tout moment, de sombrer dans l’instabilité et la violence, en portant préjudice à tous les acquis progressistes de nos peuples.

C’est en cela que réside toute la perfidie de ceux qui, dans l’opposition, prétendent vouloir « changer le système » à l’aide d’une « meilleure gouvernance » !
Le débat occasionné par l’appel de fonds de Pastef, ne devrait donc pas consacrer le détournement de la Politique de son objectif véritable, pour la transformer en une lutte pour le partage des ressources budgétaires de nos Etats.

En effet, dans les pays comme le Benin, le Mali, ou la République de Guinée, par exemple, où ce tournant vers la financiarisation de la Politique est en vigueur, l’on a assisté à une déstabilisation du pays et à un tel recul des acquis démocratiques des peuples, qui les plongent dans la violence et dans la misère.

Refusons tous ensemble le consensus issu du Dialogue politique sur le financement des Partis sur fonds publics !
Il y va de l‘avenir républicain et démocratique de notre peuple, en quête de plus de stabilité, de paix civile et de souveraineté.