NETTALI.COM- Alassane Sarr, époux et présumé meurtrier de la Belge Josée Christian Tielmans, a déclaré avoir administré un coup de tête qui a été fatal à la victime. Mais l’autopsie révèle plutôt que la mort de la femme âgée de 72 ans est liée à un traumatisme cranio-encéphalique et thoracique avec fractures multiples. Le mobile de ce crime serait financier.

Entendu par les éléments du commandant Mbaye de la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane, Alassane Sarr a, dans un premier temps, juré n’être pas impliqué dans la mort de son épouse. Il a fini par craquer. Acculé et mis sous pression, il a avoué son crime. Par contre, selon EnQuête, il a servi aux enquêteurs une version aux antipodes des conclusions de l’autopsie pratiquée sur la victime. Il disait avoir juste donné un coup de tête à son épouse belge, lors d’une dispute conjugale. Un coup qui a conduit à sa mort.

Alors que les résultats qui ont été partagés, jeudi dernier, par le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Thiès, prouvent le contraire. “Monsieur Sarr, quand il a été interrogé à fond, a avoué avoir administré un coup de tête à sa victime, ce qui lui a causé la mort. Mais lorsque nous sommes retournés à l’endroit où il a enterré la dame et que le transport sur les lieux a été effectué, on a procédé à l’exhumation du corps pour une éventuelle autopsie. Le corps a été exhumé en présence du substitut du procureur, du commandant de la SR et de ses éléments. L’autopsie a été effectuée par un médecin légiste qui se trouve à hôpital Aristide Le Dantec de Dakar. Et ce médecin légiste nous a certifié sur les causes réelles de la mort. Il nous dit, de par ses constatations médicales, que la mort de la dame est consécutive à un traumatisme cranio-encéphalique et thoracique avec fractures multiples. Précédemment, les constatations médicales faisaient état d’hématome frontale de la cure chevelue, fracture des arcs antérieurs de la deuxième, troisième, quatrième et cinquième côte gauche avec présence de sang coagulé dans la cavité gauche”, a révélé El Hadj Abdoulaye Bâ qui animait un point de presse de “clarification des faits”.

L’argent et les biens immobiliers, à l’origine de la dispute conjugale

Il a ajouté que ce qu’a dit Alassane Sarr concernant ce meurtre n’est pas tout à fait exact. D’après le successeur du défunt magistrat Cheikh Tidiane Diallo, le coup de tête n’est pas le seul élément à retenir dans cette affaire. Mais quel est le mobile ? Qu’est-ce qui a pu pousser le présumé meurtrier à mettre fin à la vie de son épouse ? Dans aucune de ses déclarations face aux enquêteurs, le présumé meurtrier n’a mentionné le mobile du crime. Ni face aux éléments du commissaire Aissatou Ndiaye du commissariat central de Thiès, encore moins lors de son audition à fond à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane.

Cependant, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Thiès affirme que “tout semble corroborer la thèse du mobile financier”. Le parquetier précise que si cette thèse financière est retenue, c’est parce que “toutes les personnes qui ont témoigné ont déclaré que la dame n’a jamais cessé de se plaindre du comportement de son mari qui ne cessait de lui demander de l’argent et de façon agressive”. D’aucuns disent que le mari réclamait à la victime les clés de son coffre-fort et des documents immobiliers. Il est également indiqué, poursuit le maître des poursuites, que la victime avait des parcelles aux abords de l’aéroport international Blaise Diagne que son mari lui aurait réclamées. Mais la victime aurait refusé de céder à son époux.

D’ailleurs, le procureur rappelle que “tous ces documents ont été saisis, mis à sous scellé et réunis pour faire office de pièces à conviction pour mieux conforter la position du parquet dans sa qualification des faits”.

Disparue depuis le 4 octobre 2019, la Belge Josée Christian Tielmans a été tuée et enterrée dans la forêt de Dakhar Mbaye, à 1 km de l’autoroute à péage. Pointés du doigt, son mari Alassane Sarr et sa coépouse ont été mis aux arrêts. Ils sont poursuivis pour recel de cadavre, inhumation sans aucun respect des procédures humaines, acte de barbarie, etc. L’enquête est bouclée et conformément aux dispositions de l’article 11 du Code de procédure pénal, le dossier a été remis à un juge d’instruction. Ce dernier doit être saisi afin qu’une information judiciaire soit ouverte en vue d’éclairer, selon le procureur El Hadj Abdoulaye Bâ, la lanterne du peuple. Car, ajoute le parquetier, cette affaire a défrayé la chronique et que cette dame faisait office de “mère Theresa” au quartier Thiès Noone.

Pour que cette année, il n’y aura pas de cadeaux pour les enfants de Thiès Noone. L’Association des amis de Josée Christian Tielmans qui a porté l’affaire devant la police et la gendarmerie, ne verra plus jamais sa “mère Theresa”