NETTALI.COM - "C'est une opportunité historique qui va dans le sens de l'histoire. Nous créons le groupe pour le monde d'après." Lundi 31 août, en conférence téléphonique, Antoine Frérot avait des accents lyriques dans la voix. La veille, le PDG de Veolia tentait le plus gros coup de sa carrière en lançant une offre à 2,9 milliards d'euros pour acquérir 29,9% de son concurrent français Suez. Le prix proposé -15,5 euros l'action- présente une prime de 49% par rapport au cours moyen de Suez de ces trois derniers mois. Si la transaction obtient l'aval des autorités de la concurrence, le géant des services collectifs déposera ensuite une offre publique d'achat pour le reste des titres. L'acquisition de l'ensemble du groupe est estimée à 10 milliards d'euros. Le deal pourrait prendre entre 12 et 18 mois.
Racheter Suez pour créer un champion mondial de l'eau, des déchets et des services à l'énergie, les dirigeants de Veolia en rêvent depuis des années. Le prédécesseur d'Antoine Frérot, Henri Proglio, avait tenté de le faire en 2006 épaulé par l'Italien Enel. Il n'a pas réussi car le patron de Suez de l'époque, Gérard Mestrallet, avait résisté. Cette opération structurante, Antoine Frérot l'a toujours gardée dans un coin de sa tête. Mais comme l'actionnaire de référence de Suez, Engie, bloquait, il s'était progressivement fait une raison. "Dans notre plan, il n'y a pas de rapprochement avec Suez, disait-il fin février, à l'occasion de la présentation de sa nouvelle stratégie Impact 2023. Depuis huit ans, tout le chemin effectué, nous l'avons fait avec nos seules forces. Nous n'avons besoin de personne."
Antoine Frérot est revenu à sa marotte car la situation d'Engie a évolué. Lors de la présentation des résultats semestriels le 31 juillet, l'ex GDF Suez indiquait vouloir doubler le montant de ses cessions d'actifs à 8 milliards d'euros afin d'accélérer ses investissements dans les énergies renouvelables et les infrastructures gazières. Concernant la participation dans Suez, "tout est ouvert", déclarait le président d'Engie, Jean-Pierre Clamadieu. Cette petite phrase a tout changé. Conseillé par les banques d'affaires Messier Maris et Perella Weinberg, Antoine Frérot a travaillé tout l'été pour peaufiner son offre, "un projet amical, inclusif et qui a la force de l'évidence.