NETTALI.COM – Dans un entretien avec le journal EnQuête, Moubarack Lô se projette déjà sur l’après-Covid et révèle que le gouvernement envisage une refonte du Plan Sénégal émergent, aux fins de s’adapter à la crise.

L’économiste sénégalais, Moubarack Lô, révèle que l’Etat envisage une refonte du Plan Sénégal Émergent. « Le gouvernement travaille sur une refonte du Plan Sénégal émergent (PSE) pour pouvoir l’adapter à la crise sanitaire. Beaucoup d’enseignements ont été retenus. La crise a montré que le pays doit développer des capacités de production intérieure pour réduire la dépendance aux importations. Elle a permis de redécouvrir l’importance du marché régional qui va permettre au Sénégal de garder des points de croissance élevée en cas de crise internationale. Cela devrait permettre d’accélérer les chantiers régionaux, commerciaux et monétaires pour pouvoir bâtir une intégration plus poussée dans le court et moyen terme », dit-il, dans un entretien paru dans les colonnes du quotidien EnQuête, ce jeudi.

M. Lô, analysant la capacité de résilience du pays, déclare : « De l’ingéniosité a été notée dans beaucoup de domaines, avec la crise, et c’est le lieu de capitaliser sur ces innovations. Le secteur bancaire devrait jouer son rôle de financement de l’économie. Tout ceci devrait permettre au PSE de repenser ses lignes d’action, tout en gardant ses fondamentaux».

Toutefois, il bat en brèche les prévisions alarmistes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), prédisant des millions de morts en Afrique, face à la pandémie de coronavirus et celles du Fonds monétaire international (FMI) sur la crise économique qui succédera à la Covid-19.

« Je ne suis pas d’accord avec les estimations du FMI. La Grande dépression des années 30 n’a rien à voir avec ce qui se passe aujourd’hui. Nous ne sommes pas face à une crise du système économique international. Ce que nous traversons peut être appelé une crise exogène. C’est dû à une maladie qui a provoqué l’arrêt des activités. Il suffit que la maladie prenne fin ou que l’activité reprenne pour que la production redémarre. Même si les résultats économiques de cette année ne seront pas celles de l’année dernière et que la croissance mondiale sera négative, les effets seront bien moindres par rapport à la crise économique des années 30, lorsque la production mondiale chutait de 17 %. On ne va pas atteindre ces niveaux. Je ne sais pas pourquoi le FMI parle d’une comparaison entre ce qui va se passer et la Grande dépression. La crise sera temporaire, avec des pertes d’emploi. Mais une fois que la situation sanitaire sera maitrisée, tout devrait s’accélérer en 2021 et surtout en 2022 », souligne encore l’économiste.