NETTALI.COM - Le 19 février dernier, l’Atalanta de Gian Piero Gasperini explosait Valence (4-1) en huitième de finale aller de la Ligue des champions devant plus de 40 000 tifosi venus de Bergame et des alentours. Un moment historique pour le club lombard qui a néanmoins une face sombre. En effet, aujourd'hui, plusieurs médecins pensent que cette rencontre pourrait bien être l'une des causes majeures du chaos qui règne actuellement dans la cité italienne. Explications.

Il y a un mois jour pour jour, Adriano Trevisan s’éteignait près de Padoue et devenait ainsi la première victime du Covid-19 en Italie. La première d'une longue série, qui ne cesse de s'étirer de l'autre côté des Alpes. Samedi, comme partout dans le pays, de nouveaux chiffres sont tombés à Bergame et ces derniers ne sont pas bons, évidemment. Rien que pour la journée, 715 nouveaux cas ont été recensés dans la " Cita dei Mille " , ville de 120 000 habitants, qui a déjà perdu 533 de ses citoyens depuis le début de la pandémie. Des citoyens qui ont peut-être reçus aujourd'hui un début de piste : et si la propagation express du virus était simplement due à la rencontre de Ligue des champions Atalanta-Valence, disputé le 19 février dernier au stade San Siro de Milan ?

" Atalanta-Valence a été une bombe biologique "

En effet, il y a un mois, plus de 43 000 spectateurs venus de Bergame et de ses environs  assistaient dans l’enceinte milanaise à un moment d’histoire.
Ce huitième de finale aller de la Ligue des champions s'est disputé à Milan, au stade San Siro, parce que l'Atleti Azzurri de Bergame est en cours de rénovation. Une enceinte de 80.000 places donc, où se sont rendus des dizaines de milliers de supporters bergamasques, à une soixantaine de kilomètres de chez eux.

Ce soir-là, la Dea renversait Valence (4-1). Les quotidiens italiens parlaient de "fête" , de " nuit magique ", de "soirée inoubliable" . Des irréductibles qui ont suivi l’équipe depuis la Serie C, aux enfants qui ont manqué l’école pour assister à cette campagne européenne inédite pour leur club, tous voulaient en être. Sans savoir que ce serait au péril de leur vie.
" J’ai entendu plein de théories (à propos de la propagation plus rapide qu’ailleurs du virus à Bergame, N.D.L.R.), voici la mienne, répond ce jour Fabiano Di Marco, responsable du département pneumologie de l’hôpital Papa Giovanni XXIII de Bergame au Corriere della Sera. Le 19 février, 40 000 Bergamasques sont à San Siro pour Atalanta-Valence. En bus, en train, en voiture. Atalanta-Valence a été une bombe biologique". En cause : la promiscuité entre supporters dans un métro milanais bondé, dans les tribunes, autour des foodtrucks pour déguster de délicieux panini.

" Face au coronavirus, on est dans une guerre invisible "

Puis, ces moments de joie. Fêtés sans respect de consignes qui n’existaient pas encore. Parfois, même, en compagnies de certains des 2500 supporters valenciens ayant fait le déplacement à Milan. Pour échanger des fanions, faire des photos souvenirs, partager des bières dans un même réceptacle. Sans parler uniquement des supporters, le journaliste espagnol Kike Mateu, atteint du coronavirus, était présent au stade et a côtoyé ses confrères et consœurs dans les coursives du stade et en salle de presse. Chez les joueurs, aussi. Si Ezequiel Garay (premier joueur infecté en Liga) n’était pas du voyage en Italie, près de 35% de l’effectif de Valence est infecté aujourd'hui. Cela fait déjà quelques coïncidences.

Prier pour Bergame

Depuis l’hôpital Umberto I de Rome, le médecin Francesco Le Foche n’écarte pas non plus l’hypothèse. " Il y a probablement eu plusieurs déclencheurs et catalyseurs pour expliquer la diffusion du virus, explique-t-il au Corriere dello Sport. Le match Atalanta-Valencia aurait très bien pu être l'un d'entre eux. Il a été le point culminant de l'euphorie collective dans une saison de football unique pour ce club. Un mois s'est écoulé depuis ce match, le timing est donc pertinent. Le regroupement de milliers de personnes, à quelques centimètres les unes des autres, se livrant à des manifestations d'euphorie comme des étreintes ou des cris, tout cela a pu favoriser la propagation du virus".

Si la Serie A doit reprendre ses droits le 2 mai prochain, et que le Napoli compte reprendre le chemin de l'entraînement la semaine prochaine, pas sûr que l’on rejouera de sitôt en Lombardie et à Bergame. Du moins, pas avec du public. En attendant, du côté de l’Atalanta, aucun membre de l’effectif n’a (à ce jour) été recensé comme étant atteint du Covid-19. Federica Percassi, la fille du président de l’Atalanta, a appelé sur Instagram " à prier pour Bergame " ce lundi à 12h. Malheureusement, il n’y a plus que cela à faire, car il est trop tard, et surtout inutile, d'avoir des remords concernant une rencontre qui devait être une fête comme une autre.

Un timing qui concorde avec la situation en Italie

Samedi 21 mars, au cours d'un point presse sur la situation de l'épidémie en Italie, Silvio Brusaferro, le président de l'Istituto Superiore de Sanità a déclaré: "Ce match est une des hypothèses envisageables (pour expliquer l'épidémie en Italie, ndlr), même s'il est actuellement difficile de les analyser", comme le rapporte le journal L'Équipe.

Comme le rappellent plusieurs médias italiens, c'est effectivement dans les tous premiers jours du mois de mars que les premiers cas de covid-19 ont été annoncés au sein des supporters ultras de l'Atalanta. Soit exactement au terme des quatorze jours du délai d'incubation du virus.

Avec plus de 59.000 cas confirmés et 5.476 morts, l'Italie est devenu le pays le plus touché au monde par la pandémie.

Avec Soofoot