NETTALI.COM – Publiciste, l’ex-magistrat Ibrahima Hamidou Dème, se prononçant sur la question de la limitation des mandats, explique la polémique émergente par la suppression des dispositions transitoires avant le référendum de 2016. Il dévoile la responsabilité du Conseil constitutionnel et demande à Macky Sall de respecter sa parole, conformément à l’esprit des lois.

Invité à l’émission hebdomadaire Faram Facce, l’ex-magistrat Ibrahima Hamidou Dème explique toute cette polémique autour de la limitation des mandats du chef de l’Etat par la suppression expresse des dispositions transitoires.

« Avant la tenue du referendum de 2016, on avait annoncé que les dispositions transitoires étaient dans le projet de texte. Ceux qui ont lu avec beaucoup d’attention la décision du Conseil constitutionnel en 2016 peuvent en témoigner. Il était clairement écrit que le mandat qui allait de 2012 à 2019 faisait partie du décompte (des deux mandats). C’est le Conseil constitutionnel qui a demandé à ce qu’on enlève les dispositions transitoires », dira l’invité de Pape Ngagne Ndiaye.

« Pour moi, c’est une ruse de la part de l’exécutif », déduit-il. A la question de savoir si les 7 Sages sont des « complices » de la majorité, il répond : «  Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il il y a complicité du Conseil constitutionnel, mais dans une contribution intitulée « La Constitution piégée pour un 3e mandat » et publiée le 26 mars 2016, j’ai exposé la genèse de cette affaire. En réalité, on ne croyait pas qu’il (Macky Sall) aurait un 2e mandat puisqu’il n’avait pas assez travaillé pour le pays lors du 1er  mandat. Maintenant, c’est quand il a eu ce second mandat que le problème s’est posé. C’est en moment-là que l’on s’est  aperçu qu’il y a de nombreux traquenards glissés dans la Constitution.  Quand on préparait la Constitution de 2016, l’opinion se focalisa sur la question afférente à la  réduction du mandat de 7 à 5ans avec le fameux revirement présidentiel. C’est comme cela qu’ils ont détourné l’attention des Sénégalais ».

« Le Conseil constitutionnel, en préconisant la suppression des dispositions transitoires, expliquait que la Constitution de 2001 ne pouvait prévoir cette clause de limitation pour le mandat alors en cours. Demain si l’on saisit le Conseil constitutionnel, il peut faire appliquer sa propre jurisprudence et accorder au président la possibilité d’obtenir un 3e mandat », se laisse-t-il convaincre.

Toutefois, rassure-t-il, « le piège ne peut pas passer ». « Le plus important ce n’est pas la lettre de la Constitution. Comment le président Macky Sall peut-il revenir  regarder les Sénégalais les yeux dans les yeux et leur demander de lui accorder un 3e mandat ? », s’interroge-t-il.

Pour ce membre du Congrès de la renaissance démocratique (Crd), qui met l’accent sur la « déontologie » attachée  à la fonction présidentielle, c’est moins un problème juridique que moral.