NETTALI.COM – De l’avis du Pr. Moussa Diaw , au sujet de la limitation des mandats, Macky Sall fait dans le clair-obscur. “C’est une réponse politicienne à une question constitutionnelle”, analyse-t-il le discours tenu par le chef de l’Etat le 31 décembre 2019.

‘‘Si ça laisse dubitatif, c’est que c’est la personne qui a des problèmes elle-même. Je remplis le mandat dont je suis le dépositaire. Si je dis que je ne serai pas candidat, vous savez que personne, dans mon gouvernement, n’aura le cœur à travailler. Personne ! Qu’on le dise ou pas. Ils ne travailleront plus les cinq années pour lesquelles j’ai été réélu. Quel est l’intérêt d’une telle déclaration, dans ce cas ? A contrario, si je déclare ma candidature, la polémique enflera, les marches de protestation aussi. Il n’est pas encore l’heure pour ce débat’’. Ces propos de  Macky Sall, tenus lors du "Grand Entretien"  sur la RTS1 le 31 décembre 2019, ne rassurent pas le professeur Moussa Diaw, enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis. Ce dernier pense que cette sortie va ajouter à la confusion entretenue autour de la volonté prêtée au chef de l’Etat de candidater encore.

‘‘Ça va renforcer la suspicion. Il a même dit que ça allait être la pagaille, des tiraillements, des gens qui ne travailleront plus dans son parti, s’il s’exprimait clairement sur ce sujet. Ce n’est pas un argument solide, ce n’est pas une bonne excuse. On est en démocratie, il doit y avoir une transparence et on doit se soumettre au texte constitutionnel. S’il avait dit qu’il respecterait la Constitution, il n’y aurait pas de problèmes. Ça laisse place à différentes interprétations sur sa détermination, sa volonté et son véritable état d’esprit’’, interprète l’universitaire spécialisé en sciences politiques, dans les colonnes de EnQuête, ce jeudi.

Moussa Diaw, selon le journal, s’inquiète d’autant plus que les homologues ivoirien et guinéen de Macky Sall sont dans une logique qui, si elle réussit, pourrait faire tache d’huile au Sénégal. ‘‘Nous sommes également dans un environnement régional marqué par cette velléité de troisième mandat, que ce soit en Guinée ou en Côte d’Ivoire. Du moment que le leader politique ne veut pas se prononcer, le Sénégal n’en est pas exempt’’, précise-t-il.

Le Pr. Diaw d’expliquer que ‘‘justement, ça n’a jamais été clair’’. ‘‘Pourquoi les gens sentent le besoin de revenir là-dessus ? S’il s’était exprimé clairement, ce doute n’aurait pas persisté si longtemps’’, relève l’enseignant.