NETTALI – En direction du second tour de la présidentielle bissau-guinéenne, un vent d’Embalomania s’empare du pays. Le leader générationnel a su capitaliser sur son bilan à la primature, pour incarner l’espoir devant la déchéance de crédibilité qui frappe l’establishment. A cet égard, le tentaculaire candidat du MADEM travaille à décrocher le soutien des recalés du 1er tour,  aux fins d’endiguer la concurrence de l’ogre Paigc.

La très historique percée de Umaro Sissoco Embala, au premier tour de la présidentielle guinéenne, charrie toutes les théories du complot, portées par les conservateurs, qui affabulent sur ses supposés réseaux.  Il est vrai que l’homme a déjoué les pronostics des Augures, en imposant son étoile en un temps-record. Cela a surpris de pseudo-chroniqueurs politiques qui ne s’attendaient pas à une tropicalisation du vent de changement qui balaie bien des régimes à travers le monde. Mais par-delà la partie visible de l’Iceberg, une seconde lecture de la situation laisse admettre que le leader du Mouvement pour l’alternance démocratique (MADEM G-15) s’est servi de son bilan à la tête du gouvernent comme une rampe de lancement.

Pour preuve : des gorges profondes révèlent qu’en marge d’un sommet France-Afrique, le président Alassane Ouattara, étonné devant les prouesses de ce jeune Premier ministre, né le 23 septembre 1972, n’a pu s’empêcher de lui demander comment il fait pour payer les salaires avant le 30 du mois, alors que la Guinée Bissau, contrairement à la Côte d’Ivoire, poumon de l’UEMOA, ne dispose pas de produits stratégiques comme le cacao. Sous sa primature, le kilogramme de noix d’acajou coûta 1000 F Cfa, au grand bonheur des producteurs locaux. Dire que la dette, faite d’arriérés de salaire à hauteur de 600 millions F Cfa, a été contractée par ses prédécesseurs. Toujours à son actif, l’ardoise que traînait Bissau auprès des organisations internationales comme l’ONU et l’Union Africaine a été épongée. Umaro Sissoco Embalo a renoncé à son salaire pendant tout ce temps qu’il a été à la primature, entre le 18 novembre 2016 et le 12 janvier 2018.

Déjà conseiller du guide de la Jamahiriya, Kadhafi, qu’il a servi pendant une quinzaine d’années, ce spécialiste des questions de défense avait réussi à doter la Guinée Bissau d’une bonne quantité de carburant, équivalent à la consommation mensuelle sur toute l’étendue du territoire national. C’était à l’époque où, sur ressources propres, il octroyait des bourses d’études à des étudiants, dans un pays éprouvé par une rude crise sur des décennies. Ces états de service plaideront en faveur de son entrée au gouvernement. C’est ainsi qu’il devint ministre d’Etat en charge des Affaires africaines, du Moyen-Orient et de la Coopération. De ce poste stratégique, il a aidé les forces armées bissau-guinéennes à avoir de commodes moyens de transport.

Toutes choses qui font qu’Embalo, qui est en passe de décrocher le soutien de grands noms de la classe politique bissau-guinéenne, recalés au 1er tour, part avec une longueur d’avance pour combler le gap qui le sépare du candidat du Paigc.