NETTALI.COM – En soutenant que Paris ne siège pas au Conseil d’administration de la BCEAO, le Pr. Felwine Sarr est-il passé à côté de la plaque ? Non seulement la France est bel et bien représentée dans ledit conseil, mais dans le comité de politique monétaire, le président de la Commission de l’UEMOA n’a qu’une voix consultative, alors que le représentant du Trésor français a une voix délibérative.

Sur les ondes de I-Radio ce dimanche, le Pr. Felwine Sarr a laissé entendre que la France n’est pas représentée dans le Conseil d’administration de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). « J’entends certains dire qu’elle (la France) a quelqu’un au Conseil d’administration de la Beceao. C’est absolument faux ! J’entends des activistes le dire. Il n’y a pas un Français au Conseil d’administration », a-t-il déclaré, avant de révéler qu’il y a par contre « une Française au Comité de politique monétaire ».
Ces allégations relacent sur la polémique autour du Cfa, d’autant plus qu’elles sont portées au moment où un puissant mouvement panafricain appelle à la réforme de cette monnaie.

Il se trouve que dans le rapport 2018 de la Bceao, disponible sur la Toile,  il est clairement mentionné que Paris est bien représenté dans le conseil d’administration de l’institution sous-régionale, par Yves Charpentier, conseiller financier pour l'Afrique de l'Ouest à la Direction générale du Trésor.

Mieux, dans un ouvrage intitulé « Déconstruire le discours néo-libéral « dans le cadre des « Samedis de l’économie », il est écrit ceci, à la page 23 : « Depuis la dévaluation de 1994, on a continué à ôter aux pays africains la petite illusion de « souveraineté » monétaire qui leur restait encore. En effet, après la réforme de 2010, la BCEAO, suivant en cela la mode dans les pays occidentaux, est devenue « indépendante » par rapport aux Etats membres et supprimé son concours à ces derniers. Et elle a mis sur pied un Comité de politique monétaire (CPM), chargé de la définition et de la conduite de la politique monétaire, dans lequel siège un représentant du Trésor français avec une voix délibérative, alors que le président de la Commission de l’UEMOA n’a qu’une voix consultative».

L’auteur de qui précède cherche à établir que ce comité de politique monétaire est plus stratégique que le conseil d’administration, en démontrant en quoi les accords signés avec la France assurent à celle-ci la tutelle sur les politiques monétaires des pays de l’UEMOA.
Le livre rappelé plus haut a été rédigé sous la direction de Demba Moussa Dembélé, Ndongo Samba Sylla et Henriette Faye. Le Pr. Felwine Sarr lui-même, de la P. 60 à la P. 71 y signe une contribution intitulée « Développement économique : penser le concept ».