NETTALI.COM - Mauvaise nouvelle pour les migrants sénégalais établis en Italie. Le gouvernement italien a annoncé ce vendredi, la signature d’un décret interministériel qui ramène le délai pour établir si un migrant peut rester en Italie ou être rapatrié, de deux ans, à au maximum quatre mois.

La nouvelle a eu l’effet d’une bombe sur la communauté sénégalaise installée en Italie. Sur les sans-papiers surtout. Ces milliers de jeunes Sénégalais qui ont pris les chemins de l’aventure à la recherche d’un avenir meilleur, pourront dire bientôt adieu à leur rêve d’Europe, si la volonté de l’Italie se concrétise. En conférence de presse, hier vendredi, le ministre des Affaires étrangères du Président Mattarella (Sergio) n’a pas porté de gants pour annoncer au monde, plus particulièrement aux 13 pays d’origine de la grande partie des migrants qui accostent sur les côtes italiennes, la nouvelle mesure du gouvernement italien : un décret interministériel (Affaires étrangères, Justice, Intérieur) qui réduit fortement les chances des demandeurs d’asile, de travail et autres sans-papiers, de rester dans la Botte. Désormais pour les Sénégalais, le délai de traitement des dossiers d’immigration en Italie, qui pouvait atteindre deux ans, est réduit de deux à quatre mois. «Pour établir si un migrant peut rester en Italie ou être rapatrié, il nous faut, avec ce décret, deux à quatre mois», confirme Di Maio.

«La redistribution des migrants ne peut être la solution définitive»*

Une décision fortement saluée par le Premier ministre, Giuseppe Conté. «Le ministre Di Maio a anticipé cette initiative, à laquelle le gouvernement travaillait depuis longtemps, car cela nous permettra d’intervenir sur un sujet dont nous avons toujours débattu en profondeur en Italie. Ce sera un grand tournant pour l’accélération des rapatriements», s’est réjoui le chef du gouvernement italien. «La redistribution des migrants ne peut être la solution définitive. Ce décret ne porte atteinte à aucun droit de l'Homme», a précisé M. Di Maio. Soutenant que la décision a été prise grâce à des accords passés avec différents pays de provenance, dont le Sénégal. Il signale que la liste pourrait être mise à jour avec d'autres pays. «Le rôle de la coopération au développement sera fondamental, ajoute Luigi Di Maio. Dans les semaines à venir, je ferai divers voyages dans certains de ces pays.» Il souligne qu’un fonds de rapatriement spécifique de 50 millions d’euros (32 milliards Cfa environ) est prévu pour stimuler les accords internationaux dans le cadre de la coopération et du développement. «Le fonds de rapatriement, qui est de 50 millions d'euros, va être mis en place. Mais ces chiffres sont négligeables. Nous n’avons pas besoin de fonds pour payer les frais de rapatriement, mais d’un fonds qui nous permet de mettre en œuvre les accords dans le cadre de projets de coopération au développement.»

«Je ne vois pas le Sénégal engager pareille discussion avec l’Italie»

De leur côté, les autorités sénégalaises semblent avoir été prises au dépourvu par la décision italienne, même si ces derniers affirment en avoir discuté avec elles. Sous le couvert de l’anonymat, un responsable du ministère des Affaires étrangères parle de «populisme». «De prime abord, c’est une démarche populiste, mais je ne vois pas le Sénégal engager pareille discussion avec l’Italie sans que la source en soit informée.» Suivant notre interlocuteur, «il s’agit plus d’amateurisme et de déclarations pour faire sensation, car la diplomatie est plus sérieuse que cela». Il rassure toutefois les compatriotes sénégalais vivant en Italie. «Le Sénégal défendra, soutiendra et accompagnera l’ensemble de ses compatriotes à l’étranger, s’ils ont des problèmes internes, ils n’ont qu’à les régler, mais pas en agissant de manière irresponsable envers les compatriotes africains, on ne l’acceptera pas !»