NETTALI.COM - Le combattant de la justice, de la paix et de l’équité sociale, bref l’apôtre d’un Sénégal meilleur bâti sur un socle de démocratie, s’est retiré. Le « DANSOKHO », symbole des causes nobles, est passé de vie à trépas, ce 23 Aout 2019, à l’âge de quatre – vingt – deux ans.

Un homme de conviction, franc, sincère, téméraire et courageux, vient de tourner la page d’une vie herculéenne. Une vie bien remplie, menée par un homme au franc – parler détonnant, ayant vécu aux antipodes de l’hypocrisie, de la malhonnêteté, de la compromission, prend fin.

Le DANSOKHO  - oui, je voudrais me permettre de le caricaturer ainsi du fait de son statut de symbole, voire de légende -, était une figure emblématique de la scène politique sénégalaise. On pouvait l’aimer ou ne pas l’aimer, mais force est de reconnaitre si peu que l’on détienne en soi une once de franchise ou d’honnêteté, qu’il était une icône utile au landerneau politique et à l’équilibre du pays. Cet ancien secrétaire général du PIT, un des précurseurs de la lutte pour l’indépendance de notre pays, adepte du marxisme – léninisme, avait sacrifié sa vie pour l’avènement d’un meilleur devenir de notre communauté, dans tous ses secteurs. Il aura été syndicaliste, député - maire, vice – président de l’Assemblée nationale, ministre et ministre d’État.

Le DANSOKHO avait la justice dans le sang. Le sang pur du «  soninké » qui coulait dans ses veines, prompt à produire de l’adrénaline devant n’importe quelle injustice. Il avait le sens de l’arbitrage. Il fut un arbitre vif, alerte, sans calcul, sifflant aux moindres fautes, dérapages ou anti – jeux de l’acteur politique qui exerce le pouvoir, de quelque bord qu’il soit et quel que soit son temps de jeu. Sa position équidistante vis-à-vis de tous les acteurs sur le terrain, commandait méa culpa, ressaisissements, prises de conscience pour peu qu’ils veuillent aller de l’avant, dans la quête du But, c'est-à-dire, de l’atteinte de l’objectif, je parle du bien – être de tous.

Le DANSOKHO s’est illustré dans le combat tel un justicier, dès l’aube de sa vie d’élève, au lycée Faidherbe d’abord, comme attesté par ses condisciples, où, les prémices de ses qualités de leader bourgeonnèrent en lui tant il n’hésitait pas à prendre les devants devant ses camarades pour peu que s’imposait la nécessité de faire face, en vue du triomphe de la bonne cause. Quelques-uns de ses promotionnaires dont feu Gatta BA et feu Djim BA, des oncles et amis, résidant respectivement à la SICAP Liberté 3 et la cité C.S.E. aimaient à me raconter d’amusantes anecdotes le concernant lors des mouvements de grève.

Le DANSOKHO, homme de tête et de cœur, armé de courage du lion, n’a jamais su faire le distingo afférent à la coloration politique du Chef de l’Exécutif, pour asséner ses vérités, fût – ii son allié dans l’attelage gouvernemental ou pas. Car, c’est un truisme d’alléguer que les dividendes politiques ou les lambris dorés du pouvoir le laissaient zen. Que ce soit sous le régime du président DIOUF ou de celui de WADE, appuyer la sirène de la dénonciation inhérente à des forfaitures afférentes à la gestion des affaires publiques, était sa tasse de thé. Sa défenestration du gouvernement le laissait de marbre tant il était insensible aux attributs et avantages du pouvoir. Il se comportait, dans le pouvoir comme un contre – pouvoir dès lors que l’intérêt du peuple était en jeu. Pour preuve, combien de fois a t – il été déboulonné de son poste de ministre.

Le DANSOKHO était toujours présent sur le théâtre des manifestations à  caractères socio – politiques, en dépit d’une santé chancelante. Toujours arcbouté sur sa canne, se déplaçant lentement, au pas de tortue, le visage truffé de rides, le regard franc et courageux, l’homme avançait subséquemment au discours de feu qu’il entonnait, en phase avec la défense des intérêts matériels et moraux de la communauté. Durant les jours de braise du mois de Juin 2011, je me rappelle au souvenir de son incursion en plein centre – ville, précisément au carrefour de la rue Vincent angle Avenue Georges Pompidou, descendant, non sans difficultés, d’un taxi anonyme, alors que Dakar était tout en noir du fait de la fumée de grenades lacrymogènes. Des jeunes surexcités, surpris et égayés par son arrivée, crièrent à tue – tête : Mandéla ! Mandéla ! Mais moi, je dis le DANSOKHO !!!

Le DANSOKHO,  avait, aussi, un statut de sentinelle de la vie politico – sociale dans notre pays. Peu soucieux de son accoutrement, toujours vêtu de son costume de couleur kaki, une cravate nouée à  la va – vite et une chemise au col aux antipodes de la mode, l’homme, sans gants, à l’affût du combat, avait, par ses sorties au vitriol dont raffolaient la presse nationale, la manie de dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas.

Le DANSOKHO, homme entier et loyal, ignorait la haine et la rancune, dès lors que sitôt que l’intérêt de la communauté fût menacé, il était prompt à rencontrer le Président de la République malgré les critiques si acerbes qu’il aurait, auparavant, déversées sur son autorité. Car, conformément à sa démarche de patriote ardent, l’intérêt communautaire prime sur les égos de tous et que les fondamentaux de l’État et de la Nation sont plus que sacrés.  Et  les défendre relève d’un nationalisme pur au sens étymologique du terme.

Le DANSOKHO, homme de valeurs et d’éthique, nourrissait une Foi inébranlable à l’amitié. Celle d’avec ses condisciples du lycée Faidherbe, Moustapha NIASSE, Madior DIOUF, Massamba THIAM, docteur KANDJI, Madieyna DIOUF et j’en passe, n’a souffert de quelconques dysfonctionnements jusqu’à cet âge d’or de la sagesse. Ayant partagé avec leader de l’AFP un bon chemin de leur parcours politique, notamment dans le cadre des coalitions « CPC », « Espoir 2000 », « Alternative 2007 », « Bénnoo Siggil Sénégal », « Bénnoo Bokk Yaakaar », il a jalousement entretenu son sens de l’amitié et de la fidélité. Tel a aussi été le cas au sujet de ses camarades marxistes avec qui il a combattu côte à côte du seuil des indépendances à son dernier souffle.

Le DANSOKHO a vécu dans une simplicité remarquable à tout point de vue. Son domicile de la Résidence « IMMOFRONT » a, pendant de longues années, servi de siège aux coalitions politiques dont il était membre du fait de ses qualités citées supra. Son engagement, celui de toute une vie, doit servir de référence à tout jeune qui est décidé à embrasser la sinueuse carrière politique. Dans cette optique, il a vaillamment participé aux deux alternances politiques de notre pays, en 2000 et en 2002.

Le DANSOKHO avait débarqué chez feu imam Tamsir NDIOUR de Thiès, par une surprenante visite, le jour de la fête de korité de l’année 2003, si je ne m’abuse, alors que j’avais été invité par ce dernier. Habillé d’un grand boubou basin tout blanc et accompagné par un ami, il dit au chef religieux qui me le présenta aussitôt qu’il prît place, que sa venue était motivée par son sermon si bien relayé par les chaines de radio de la place, et dans lequel, il citait sa modeste personne comme un homme politique, modèle de constance, d’honnêteté et de courage. Il affirma qu’il était venu le remercier pour cette marque de sympathie et d’affection. Tout en lui demandant, avant de prendre congé de l’assistance, de prier pour lui afin qu’il ne puisse le décevoir à l’avenir et de rester le même DANSOKHO.

Le DANSOKHO, à l’image des grands hommes, était débordant de sincérité, de conviction, d’altruisme. Généreux et sensible, il avait, comme il l’a dit, marié sa vie à la ville de Saint Louis qui l’a accueilli à bas âge. Il fit de sa ville d’adoption celle de son repos eternel suscitant l’émoi chez nombre de ses proches, qui pensaient  à son éventuel enterrement à Kédougou, sa ville de naissance. Quelle marque de reconnaissance !

Voilà le DANSOKHO, vu sous une de ses facettes par un citoyen. L’histoire répétera le symbole DANSOKHO, j’allais dire la légende DANDOKHO que le futur surnommera, à coup sûr, les vaillants combattants qui se seront sublimés par leurs hauts faits. En d’autres termes dira t –on qu’il y’ a du DANSOKHO chez eux.
Mes condoléances à sa famille, au Président de la République, au peuple sénégalais, à ses amis dont je ne saurais ne pas citer Moustapha NIASSE et Maguette THIAM, au PIT et à toute la famille politique du Sénégal.
Mission accomplie !
Adieu Le DANSOKHO !
Que le paradis lui soit ouvert !

Mame Abdoulaye TOUNKARA
Ex premier adjoint au maire de la
commune de Dieuppeul - Derklé