CONTRIBUTION - Un climat socio-politique délétère, une morosité économique ambiante et une césure nette entre les autorités et les administrés ont fini de parasiter de manière regrettable le quotidien des Sénégalais.

Les nerfs des protagonistes se tendent et leurs positions se distendent. Et le pire dans cette situation, le pays semble avoir perdu les ressorts qui lui offraient des possibilités internes de médiation et de résolution des conflits.
De toute l’histoire de notre jeune nation, nous n’avons jamais été aussi clivants ni marqués par des antagonismes aussi flagrants.
La tension sociale semble devenue la règle et la sérénité l’exception. L’autorité morale garante de notre commun vouloir de vie commune peine à être audible car payant pour des actes marqués du sceau partisan et le disqualifiant d’un rôle incontestable de libre arbitre.

Les citoyens perdent progressivement confiance en leurs institutions à cause d’une justice qui n’est pas rendue en leur nom, un exécutif piétinant l’intérêt général, un parlement aux ordres et des forces de sécurité perçues souvent comme des sources de désordre.
A côté de ce cocktail explosif, une nouvelle société de l’information a fini de changer les paradigmes avec des réseaux sociaux utiles mais excessifs dans leur manière d’appréhender les problématiques. La vindicte populaire virtuelle est plus guidée par le caractère sensationnel des postures en se bornant à des analyses superficielles qui ne permettent nullement d’analyser de manière réfléchie et approfondie les faits et les phénomènes.

Les sentences rendues sont plus des véhicules de défiance et de contestation d’un ordre établi ou d’une stratégie de défense de privilèges acquis ou espérés d’où cette mise à rude épreuve de l’objectivité.
Et plus grave, dans ce pays face au brouhaha indescriptible, les savants ont préféré la sagesse du silence pendant que les ignorants refusent de se taire et s’égosillent à longueur de journées. Un homme de science formé à bonne école et culminant techniquement dans son domaine peut être contredit de manière véhémente par un quidam dont l’incurie saute aux yeux.

La situation est alarmante et beaucoup de choses ont besoin d’être remises à l’endroit si nous ne voulons pas emprunter la voie qui mène au chaos.
Pour cela, la voie la mieux indiquée serait la mise en œuvre de l’Etat de droit dans toute sa plénitude et que notre rapport à l’intérêt général soit corrigé pour devenir le leitmotiv de toutes les actions des gouvernants et gouvernés. Ceci passera inéluctablement par une pédagogie de l’exemplarité enseignée à travers les comportements et attitudes de nos élites de tous bords et un ‘’clean up challenge’’ de nos mentalités.
Sans un rapport de confiance sain entre les Sénégalais, la paranoïa et la psychose s’installeront de manière durable. Seulement la confiance doit se mériter et il faut donner des gages pour créer les conditions de son existence.
Réconcilier le peuple autour d’un même but avec une foi inébranlable est plus que vital.
Notre nation embryonnaire est en train d’emprunter une impasse qui pourrait être préjudiciable à tous.
De notre sens des responsabilités et de notre conscience citoyenne viendra seulement la solution.
L’heure est grave.

Sarakhe NDIAYE