NETTALI.COM- La mort du célèbre Kamal Salémé, surnommé le “Lébu blanc’’, est troublante. Sa famille a saisi l’Ordre des médecins du Sénégal d’une plainte pour faire la lumière sur cette affaire, informe EnQuête dans son édition de ce mercredi 10 juillet 2019.

Qu’est-ce qui a bien pu emporter de façon foudroyante le célèbre Kamal Salémé, surnommé le « Lébu blanc » ? Cette question, beaucoup se la posent dans le milieu lébu, une communauté qui le considère comme un de ses fils, pour avoir été allaité par la maman d’un grand dignitaire lébu. Interné, en effet, dans une célèbre clinique de la place pour une « hernie douloureuse », il décède 48 heures plus tard, alors qu’il s’est lui-même rendu sur les lieux, au centre-ville, où il devait être pris en charge. Et les langues commencent à se délier sur cette affaire qui a atterri sur la table de l’Ordre des médecins du Sénégal. La rapidité avec laquelle Kamal a quitté ce bas monde intrigue au point que l’affaire ne risque pas de s’en arrêter là.

Le lundi 1er avril dernier, il quitte, en effet, son lieu de travail, se plaignant de quelques douleurs au bas-ventre. Il joint son médecin, chirurgien de son état, qui lui demande de se rendre dans une clinique de la place. Il s’y rend lui-même. Moins de 48 heures, dans la nuit du 2 au 3 avril, Kamal Salémé n’est plus de ce monde.

Entre-temps, plusieurs actes ont été posés au sein de cette clinique très courue, comme l’examen au scanner du patient. Mais les résultats n’auraient pas été interprétés à temps et le patient « pas convenablement » pris en charge, selon ce que les médecins appellent le « protocole des experts ». Nos sources avancent que, si on avait très rapidement procédé à une intervention chirurgicale, c’est-à-dire dans les 6 heures qui ont suivi son arrivée, sur la base des résultats du scanner, le patient aurait été sauvé, puisque dans ce genre de situation, les complications (perforation) arrivent dans les instants qui suivent, si on ne passe pas au bloc opératoire. Mais au lieu de cela, c’est dans une chambre qu’il a été installé, avec un calmant pour supporter les douleurs, pendant que la maladie continuait à creuser son sillon mortel.

Le choc septique 

Pire, des témoins avec lesquels nous nous sommes entretenus indiquent que, non seulement le chirurgien qui a orienté Kamal vers une clinique de la place était injoignable toute la nuit où les premières complications ont commencé à se signaler, mais jusqu’au lendemain aux environs de 14h. Où était-il pendant tout ce temps, lui qui a orienté le malade vers la clinique ? A l’hôpital, nous dit-on. Tout le problème du « xar mat » (travail au noir) ? Allez savoir !

L’attitude du radiologue aussi est incriminée, du fait qu’après avoir vu les résultats de la première analyse au scanner, il a choisi de faire un autre scanner le lendemain, « pour confirmer des choses déjà connues ». Et là, mauvaise surprise, le second scanner montre une perforation avec une tension de 6 du patient. Ce qui veut dire que la situation est déjà très critique, « le choc septique », selon une terminologie médicale qui consacre en vérité l’état désespéré du malade est consacré. La mort est constatée dans la nuit du 2 au 3 avril et c’est le monde qui s’effondre dans la communauté lébu et la famille de la victime.

L’on évoque aussi une possible responsabilité du médecin de garde qui aurait fait preuve de négligences coupables ainsi que la non-disponibilité de noradrénaline, une hormone et neurotransmetteur très adapté dans la prise en charge chirurgicale de la maladie.

 

Plainte introduite à l’Ordre des médecins du Sénégal

Un de ses frères que nous avons pu joindre par téléphone confirme avoir saisi l’Ordre des médecins du Sénégal d’une plainte, mais se refuse à tout commentaire. « J’espère que l’affaire sera tirée au clair par l’Ordre des médecins ».

Nous avons essayé de recueillir l’avis de l’Ordre des médecins sur cette affaire, mais le docteur Joseph Mendy, Vice-Président de l’ordre, peu loquace, nous renseigne qu’ « une instruction est en cours. » Et qu’après cela « la commission de discipline va statuer. »

Il faut juste rappeler que celle-ci est dirigée par un magistrat. Et qu’une bonne palette de sanctions, allant de l’avertissement à la radiation définitive sont prévues. Toutes choses qui seront clairement définies par la loi, précisément le décret 147 et la loi 66 – 069 du 04 juillet 1966 relative à l’exercice de la médecine ainsi que le décret n°67-147 du 10 février 1967 instituant le Code de déontologie médicale.

Fondateur de l'écurie Mermoz et formateur de grands champions tels que Khadim Ndiaye, Boy Kaïré, Mor Fadam, etc., Kamal Salémé était très apprécié à Dakar pour ses qualités de cœur. Ancien président de l’Us Gorée, très proche de l’ancien ministre et président du Conseil constitutionnel et du Grand Serigne de Dakar Abdoulaye Diop Makhtar, Kamal Salémé est aussi connu dans le milieu du handball. Autant dire que cette affaire risque de mener loin.