NETTALI.COM – Après l’adoption de la loi par l’Assemblée nationale, le professeur Abdoul Aziz Kébé estime que cette suppression ne suffit pas. Selon l’agrégé en Droit public, il faut une réforme beaucoup plus profonde pour un fast track accompli. L’invité de l’émission Objection de ce dimanche y trouve même des insuffisances notoires.
« La suppression du poste de premier ministre n’est pas forcément la meilleure solution pour avoir une administration performante, une administration qui répond aux standards démocratiques », remarque d’abord, Abdoul Aziz Kébé.
Pour le professeur agrégé en Droit public à l’UCAD : « Cette réforme obéit à des idées plus politiques que techniques. Vous savez le président est homme politique, tout président l’est, peut-être qu’il a proposé cette loi pour mieux préparer les législatives. En tous cas, ce qui est clair, c’est qu’on va vers un renforcement des pouvoirs du chef de l’Etat. La doctrine sénégalaise et africaine a suffisamment démontré que le régime présidentiel n’a jamais été appliqué avec honneur en Afrique. C’est un régime qui conduit à une concentration des pouvoirs ».
Alors qu’est ce qui explique cela ? « Il y a deux raisons fondamentales : dans le régime présidentiel orthodoxe, ce qui a fait la particularité et le succès du régime américain c’est d’une part un congrès qui est puissant et aussi une juridiction constitutionnelle qui est extrêmement puissante ». Ainsi ce cas comparé à celui du Sénégal, le juriste affirme : « Au Sénégal, nous n’avons pas un Conseil constitutionnel puissant. Donc, dans le centre des recherches, on a considéré que la réforme est insuffisante ».
A la question de savoir qu’est ce qui est à l’origine de cette insuffisante ? L’invité de l’émission Objection répond : « Parce qu’il n’y a pas de contre-pouvoir réel au Sénégal. Alors que dans un régime parlementaire on dit que la Reine elle règne mais elle ne gouverne pas. Par contre, dans nos régimes présidentiels, le président incarne l’Exécutif, l’Assemblée nationale, dans la pratique, la mise en œuvre de ses pouvoirs est faible. Finalement, il y a que l’institution présidentielle qui incarne ses pouvoirs ».
Sur un autre registre, le professeur Abdoul Aziz Kébé soutient : « La limitation des mandats permet d’éviter au sommet de l’Etat les démons d’un régime présidentiel ».