NETTALI.COM - Le déclenchement de la procédure de révision du procès en diffamation opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang ravive la controverse politique et judiciaire. Dans une déclaration sévère, le Collectif des cadres du PLD And Suqali estime que le Premier ministre se trouve désormais dans une situation de conflit d’intérêts incompatible avec ses fonctions et l’invite à quitter la Primature afin de « mettre la Justice à l’aise ».

Le débat autour de la révision du procès de diffamation ayant opposé, en 2023, Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang prend une nouvelle tournure. À la suite de l’annonce par les avocats du Premier ministre de l’engagement d’une procédure de révision, sur initiative du ministère de la Justice, le Collectif des cadres du PLD And Suqali est monté au créneau pour dénoncer ce qu’il considère comme une atteinte grave à l’indépendance de l’institution judiciaire.

Dans sa déclaration, le collectif rappelle que la révision d’une décision pénale est strictement encadrée par la loi organique n°2017-09 du 17 janvier 2017. Selon l’article 92 de ce texte, une telle procédure ne peut être engagée que lorsqu’un fait nouveau ou des pièces inconnues lors des débats sont de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné. Si ce droit est reconnu à tout justiciable, le collectif souligne toutefois que l’acceptation de la demande relève exclusivement du ministre de la Justice, après avis d’une commission comprenant de hauts responsables du ministère et de la Cour suprême.

Pour le PLD And Suqali, le contexte dans lequel cette décision intervient pose problème. Le collectif rappelle que le Premier ministre Ousmane Sonko a, à plusieurs reprises, interpellé publiquement le président de la République et la Justice pour obtenir une issue favorable à ses dossiers judiciaires. Dans cette perspective, la nomination de Yacine Fall au poste de ministre de la Justice avait, selon eux, été perçue comme un moyen de soumettre l’appareil judiciaire aux « desiderata » du chef du gouvernement.

Les cadres du PLD And Suqali estiment également que la célérité accordée à la demande de révision de M. Sonko contraste avec le sort réservé à d’autres requêtes similaires, citant notamment celle de Karim Wade, restée sans suite. Une situation qui, à leurs yeux, renforce le sentiment d’un traitement sélectif et politique de la justice.

Tout en réaffirmant leur attachement au principe de la présomption d’innocence, les signataires de la déclaration considèrent que le déclenchement de cette procédure place le Premier ministre dans un « conflit d’intérêts structurel ». Ils soutiennent qu’Ousmane Sonko ne peut, dans le même temps, diriger l’action gouvernementale et être partie prenante d’une procédure judiciaire initiée sous l’autorité d’un ministère relevant de son gouvernement.

En conclusion, le collectif appelle à un sursaut d’« éthique et de morale républicaine », estimant que la seule attitude compatible avec le respect de l’indépendance de la Justice serait la démission du Premier ministre. Selon eux, cette décision permettrait à Ousmane Sonko de se mettre pleinement à la disposition de la Justice « qu’il a lui-même actionnée », tout en préservant la crédibilité des institutions judiciaires et des décisions à venir.