NETTALI.COM - Face à la presse, le jeudi 18 décembre, le Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR) a livré un réquisitoire sévère contre la gouvernance du régime Pastef. Économie sans cap, cherté persistante de la vie, instrumentalisation de la justice et tensions au sommet de l’État : la coalition appelle à une mobilisation nationale pour éviter, selon elle, un basculement aux conséquences graves pour le pays.

Le Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR) a dressé, le jeudi 18 décembre, un tableau particulièrement sombre de la situation du Sénégal. Face à la presse, la coalition politique a estimé que le pays traverse une crise multidimensionnelle marquée par des difficultés économiques persistantes, un climat social dégradé et une instabilité institutionnelle préoccupante.

Pour le FDR, après bientôt deux années de gouvernance du régime Pastef, “aucune avancée notable” ne justifie les promesses faites aux Sénégalais. Dans son texte liminaire, le FDR s’est interrogé sur les principaux engagements pris par les nouvelles autorités à l’issue de la dernière présidentielle : amélioration des conditions de vie, respect des libertés publiques, création d’emplois, réduction du coût de la vie, rationalisation de l’État et restauration de la crédibilité internationale du pays. À toutes ces questions, la réponse est sans appel, selon le Front : “un non clair, un non massif, un non indigné”. Estimant que la situation actuelle menace la stabilité du pays, le FDR appelle l’ensemble des forces vives de la Nation à une mobilisation “la plus large possible” afin d’éviter une aggravation de la crise.

Sur le plan économique, le Front dénonce l’”incapacité manifeste” du gouvernement à définir une orientation claire, notamment après ce qu’il qualifie d’échec de la “fable de la dette cachée”. La récente session budgétaire n’aurait, selon lui, apporté aucune mesure de nature à restaurer la confiance des acteurs économiques. Le FDR pointe également le silence du gouvernement autour de la note de l’ANSD relative au changement de l’année de base des comptes nationaux (Rebasing Base 2021), y voyant un signe supplémentaire d’un manque de vision face à une conjoncture jugée “catastrophique”. À cela s’ajoutent, selon la coalition, des manquements graves dans le respect des obligations de l’État, notamment le retard dans le paiement des bourses des étudiants et des factures dues aux entreprises de BTP.

Campagne arachidière chaotique selon le FDR

Le Front s’est longuement attardé sur la campagne arachidière, qu’il qualifie de chaotique. L’État, confronté à des caisses “désespérément vides”, serait incapable d’honorer ses dettes envers les opérateurs privés stockeurs. Le décret 2025-1756 instaurant un droit de sortie sur les exportations d’arachide est jugé aggravant, dans un contexte de déficit de financement aussi bien pour la Sonacos que pour les OPS. Conséquence directe, selon le FDR : les producteurs sont contraints de brader leurs récoltes. Plus largement, le Sénégal s’éloignerait de son objectif de souveraineté alimentaire. À l’appui, des chiffres de l’ANSD montrent une hausse continue des importations de céréales depuis 2023.

Sur le terrain institutionnel, le Front accuse le pouvoir de poursuivre une “manipulation insidieuse” de la justice. Malgré certaines décisions judiciaires, le Parquet serait, selon lui, instrumentalisé pour retarder des libérations et imposer des contraintes jugées injustifiées à des voix critiques. Le FDR s’est également alarmé des tensions ouvertes entre la Présidence et la Primature, qu’il attribue à des divergences liées à la candidature du Pastef à la présidentielle de 2029. Une situation qui aurait, selon lui, conduit à une “instrumentalisation” de l’Assemblée nationale, récemment mobilisée lors d’une séance de questions au gouvernement qualifiée de “tragi-comique”.

Concernant le pouvoir d’achat, le FDR estime que la récente réduction des prix annoncée par le gouvernement relève davantage de la communication que d’une véritable politique sociale. La coalition souligne que la baisse des cours du pétrole depuis 2024 n’a pas été répercutée de manière significative sur les prix du carburant, de l’énergie, de l’eau et des transports. À titre de comparaison, le Front s’étonne que le litre de super soit vendu à 920 F CFA au Sénégal contre 820 F CFA en Côte d’Ivoire. Il exige une baisse réelle et substantielle des prix de l’énergie, susceptible de soulager durablement les populations.

Le FDR dénonce également ce qu’il considère comme une impunité manifeste, notamment dans des affaires impliquant des membres du gouvernement. Il fustige par ailleurs la suspension du paiement des bourses de sécurité familiale, l’introduction de nouvelles taxes sur le mobile money et la gestion jugée défaillante des inondations lors du dernier hivernage. Pour le Front, l’accumulation de ces difficultés nourrit un sentiment généralisé d’inquiétude et renforce l’idée d’un pays “sous observation”, fragilisé par une confusion persistante au sommet de l’État.

Né du constat de “l’incurie” des gouvernants, le FDR affirme vouloir “remettre le Sénégal à l’endroit”. À cet effet, la coalition annonce une vaste tournée nationale, des rencontres avec les partis d’opposition, les syndicats, le patronat ainsi que les autorités religieuses et coutumières. Après une assemblée générale tenue à Keur Massar, le Front prévoit des déplacements dans la région de Thiès, puis de grandes rencontres à Dakar, Mbacké et Diourbel. Des commissions jeunes et femmes seront également mises en place en 2026, année pré-électorale, en prélude aux élections municipales et départementales. Le FDR annonce enfin qu’il appellera, dès février prochain, à une inscription massive sur les listes électorales.

Le Front pour la Défense de la Démocratie et de la République appelle à un sursaut collectif pour “arrêter la machine infernale” actuelle, restaurer le crédit du Sénégal et extirper la haine et la violence de la vie politique. Son voeu : que 2026 marque le retour de la paix, de la justice, du progrès social et la fin des poursuites à caractère politique, avec la libération sans condition des prisonniers politiques.